L’Histoire, la grande, celle de la France et d’ailleurs a démontré le rôle souvent essentiel des femmes dans la politique internationale. Passant outre de célèbres courtisanes qui, auprès des rois, ont eu une certaine influence dans les choses de l’État, il suffit de citer Cléopâtre, Catherine de Médicis, Anne d’Autriche, Marie Stuart et beaucoup d’autres pour s’en convaincre. À ces époques, on ne parlait pas de nécessaire égalité entre les hommes et les femmes, tant ces dernières usaient de pouvoirs absolus. De telles situations – et c’est un constat- n’ont existé (à quelques exceptions près) qu’au temps où le monde était dominé par les empires et les monarchies et ce, pour des raisons complexes que seuls les historiographes ont pu et peuvent expliquer. La question de la place tenue par les femmes dans les sociétés occidentales, avec son lot d’inégalités par rapport aux hommes, semble se poser dès 1780, année admise par les historiens et sociologues pour situer le début de ce qu’il est convenu d’appeler la première révolution industrielle. Dès lors, la lutte en faveur de l’amélioration de la condition féminine n’aura de cesse de s’imposer, et de se développer avec bonheur. Ainsi, depuis 1977, officialisée par les Nations Unies, la « Journée Internationale des femmes » (elle a été célébrée la dernière fois le 8 mars dernier) issue – justement – des luttes ouvrières et des suffragettes, rappelle que le chemin est encore long avant que la condition féminine sur le plan social, philosophique et politique soit équivalente à celle masculine. Certes, dans ce qu’il convient peut-être de nommer – bien que ce sujet soit l’objet de débats passionnés – la volonté d’équité plutôt que d’égalité entre les hommes et les femmes, celle-ci a évolué. Elle n’est pas loin l’époque où le droit de vote a été accordé par une ordonnance signée par le général De Gaulle le 21 avril 1944, aux femmes. C’était presque hier (le 1er juillet 1965) que les femmes ont obtenu le droit de signer des chèques sans l’autorisation de leur mari. Et, pour l’anecdote, rappelons qu’il était interdit aux dames (surtout les parisiennes), de porter un pantalon. Une interdiction qui a pris fin… en 2013. En effet, une ordonnance du préfet de Paris datant de 1800 interdisait « le travestissement des femmes (port du pantalon) » dans la capitale. Un texte qui n’est d’ailleurs toujours pas abrogé mais que le conseil de Paris a déclaré, par un vote simple, de « désuet ». Ouf ! Mais les revendications des femmes pour l’égalité restent nombreuses. Parmi elles, une demande essentielle qui tarde à être appliquée. À travail égal, salaire égal. Qui oserait nier une telle injustice ? Personne. Or, aujourd’hui encore, une femme qui effectue la même tâche, avec les mêmes compétences, touche un salaire inférieur de près de 20 % en moyenne ? En moyenne ? Cela signifie que certaines fiches de paye de salariées occupant des postes identiques à ceux des hommes peuvent atteindre jusqu’à moins 40 %… Il y a pourtant des revendications féministes, certes symboliques, mais qui sont (pourquoi ne le dirait-on pas ?) très secondaires. Parlons ici de la féminisation des noms de métiers. Le sujet est néanmoins sérieux puisque nos « Immortels » ont déclaré, il y a quelques jours, s’y intéresser car « il n’y a aucun obstacle de principe » à y réfléchir même si, prudente, l’Académie française évoque « le souhait exprimé par certaines femmes de conserver les appellations masculines pour désigner la profession qu’elles exercent ». Les mouvements féministes les plus radicaux sont favorables à cette réforme faisant fi de l’esthétisme sonore que serait la prononciation de nouveaux termes. Ainsi, amusé, le journaliste Bernard Pivot fait remarquer que la formulation « Colette est l’un de nos grands écrivains » est plus flatteuse que « Colette est l’une de nos grandes écrivaines ». L’ancien présentateur d’Apostrophe, membre de l’académie Goncourt, ironise aussi sur cette volonté de féminiser certains mots. Il en va, par exemple, pour « tribun » qui deviendrait « tribune », « gourmet » qui deviendrait « gourmette », « carabin » qui deviendrait « carabine » et « jardinier » qui deviendrait « jardinière ». Franchement, la féminisation de certains mots a-t-elle un vrai sens ? Bien sûr, notre oreille n’est pas choquée d’entendre « madame la ministre » mais que dire d’une dame qui pratique le noble métier de « sapeuse-pompière » ? Le masculin et le féminin peuvent s’entendre pourtant. Pour preuve : celles et ceux qui font le beau métier de donner la vie, les « sages-femmes », hommes ou femmes, garderont le féminin pour le définir même si l’Académie Française nous propose « maïeuticien » pour masculiniser cette profession. Horrible et socratique vocable que celui-ci ! Égalité homme-femme ? Oui bien sûr. Alors, continuons à nous occuper de revendications sérieuses.