Tendance
L’îlot Laplace, sur l’avenue de Châteaudun, prend forme. La salle du Jeu de Paume y ouvrira ce printemps ses portes, mais pas seulement. Des logements dans l’ère du temps devraient aussi pousser sur ce futur quartier éco-exemplaire et un collectif se bat pour faire aboutir cette opération immobilière d’un nouveau genre.
Qui a dit que le domaine de la construction était une affaire de gros bras ? Elles s’appellent Annie, Annick et Dominique ; elles habitent dans le Blaisois, le Val de Cher-Controis ou le Grand-Chambord, et depuis l’an dernier, elles sont actives et surtout actrices de leur propre destin résidentiel. « Nous sommes actuellement cinq femmes. En fait, l’habitat, c’est une histoire de bonnes femmes !,» plaisantent-elles. « Mais nous ne sommes pas fermées, les hommes sont les bienvenus évidemment dans notre groupe. » Pour situer le projet porté par les intéressées, la ville de Blois a réservé un terrain de 4.000 m² juste en face de la future salle du Jeu de Paume. « Sur cet emplacement idéalement situé et proche du centre-ville, notre collectif œuvre pour installer de l’habitat participatif, » explique le trio féminin qui présente son « bébé » sur le point de naître. Kézako ? Pour celles et ceux qui ne seraient pas à l’aise avec la notion précitée, il s’agit de particuliers qui s’unissent pour concevoir, financer, réaliser puis gérer ensemble un projet immobilier. Sur une même zone, des logements, en accession ou en locatif, sont regroupés et bâtis simultanément. «Dans l’habitat participatif, chaque individu, couple ou famille possède son propre logement,» précisent encore les trois femmes. «Et aussi, des espaces communs sont partagés. Ce peut être un jardin, une salle de jeux, un garage, une buanderie, une chambre d’amis, un atelier de bricolage, etc. On trouve beaucoup d’habitats de ce type en Allemagne ainsi que dans les pays nordiques. » Avec la loi Duflot-Alur (pour l’Accès au Logement et à un Urbanisme Rénové), la France plonge à son tour dans cette innovation sociale et 350 projets dans cette veine, réalisés et/ou en cours, sont actuellement recensés sur l’Hexagone. « Dans le Loir-et-Cher, à Blois, nous sommes mobilisés et nous possédons un projet. La municipalité de Molineuf réfléchit également de son côté au sujet pour sa commune. Il y a sinon des cas en Indre-et-Loire et dans le Loiret en région, et ailleurs… Nous avons visité pour notre part un exemple d’habitat participatif à Montreuil, en région parisienne.» Vous l’aurez compris, le collectif blésois n’en est encore qu’aux prémices de ses réflexions mais se montre particulièrement motivé pour aller jusqu’au bout d’un dossier qui créé des émules sur d’autres territoires. «Tous et toutes ensemble, nous allons imaginer notre futur lieu de vie et de résidence ! Nous organisons une réunion toutes les semaines et nous sommes en train de choisir notre statut juridique, peut-être une SCOP (société coopérative). Quant au nombre de logements, nous disposons de 4.000 m² sur l’avenue de Châteaudun, donc disons entre 10 et 12 habitations sans doute.»
Copropriété nouvelle génération
Une question nous taraude alors : pourquoi un tel choix quand on réside déjà quelque part ? «Oui, nous vivons dans une maison. Seulement, les années passent et nous avons envie de nous rapprocher de la ville, d’être moins isolées et de profiter de services, de faire des activités. Plus généralement, l’époque nous pousse les uns et les autres, peu importe l’âge, à nous interroger sur des façons de vivre autrement, » justifient Annie, Annick et Dominique. « Avec le concept d’habitat participatif, chacun vit individuellement, gère son propre espace qu’il aménagera selon ses attentes et en même temps, ce qui nous plaît, c’est cette notion de vie et de partage grâce aux espaces communs. Sans parler du budget. C’est enfin motivant car nous serons, encore une fois, acteurs sur ce projet. De A à Z ! Choix de l’immeuble, des matériaux, etc. Nous sommes maîtres de notre avenir. C’est un projet humain et une force collective qui se met en place. Notre objectif est de présenter notre idée structurée d’ici la fin de cette année, avant d’engager le chantier. Nous invitons donc toutes les personnes qui le souhaitent à venir nous rejoindre !»
Pour nouer contact, un courriel est à retenir: habitat.participatif.blois41@gmail.com.
É. Rencien