Si les premiers mois de la vie ont une quelconque influence sur l’être humain, le confort vestimentaire entre peut-être aussi en ligne de compte…
Pas étonnant que l’adulte du 21e siècle n’ait plus grand-chose à voir avec celui du début du 20ème…. Voyons la description de la toilette de bébé 1898 :
Elle comporte trois brassières superposées. La première appelée chemise est une brassière de toile fine ou de batiste, garnie d’une encolure et d’un bas de manche en dentelle, ou simplement entourée d’un très mignon feston dont les dents ont à peine un millimètre de largeur.
Par-dessus cette brassière, on met une seconde brassière en flanelle : celle-ci est le plus généralement, bordée d’un feston miniature. Ces deux premières brassières, pour être bien faites, doivent se croiser par derrière sans cordons et sans boutons. La troisième brassière est en piqué blanc, elle se ferme par un petit bouton plat placé dans le haut ; elle se croise également par derrière.
Les brassières en piqué peuvent être très élégantes : les plus riches sont garnies, dans le haut, d’un empiècement fait d’entre-deux en vraie valenciennes et de biais de mousseline avec broderie de points riches ; mais on a généralement renoncé à des guimpes si ouvragées qui n’avaient leur raison d’être qu’avec le cache-maillot décolleté et sans manches, actuellement abandonné.
Les manches des brassières des riches layettes sont coupées en forme, c’est-à-dire en tenant compte du coude, et non droites comme on le fait pour les layettes à bon marché où l’on ménage l’étoffe. Les emmanchures doivent être larges et aisées. C’est un point très important dans la confection des brassières.
Les brassières doivent être faites sur trois tailles comprenant le premier, le deuxième et le troisième âge.
La layette anglaise laisse à l’enfant le haut du cou et les bras à l’air. Cette méthode n’est guère applicable en France où nos moyens de confort sont très limités et où les maisons sont beaucoup moins régulièrement chauffées qu’en Angleterre. La nursery de Bébé est un petit royaume où tout est prévu, combiné en vue de son confort et de son bien-être. En France, ce n’est guère que dans les classes très élevées que Bébé a sa nursery, son service à part. Aussi, les grandes maisons de layettes de Paris ne font guère de layettes anglaises que dans une proportion de deux pour cent. En Russie, en Allemagne, en Italie, en Espagne, les enfants sont élevés à la française ; les Etats-Unis imitent naturellement la méthode anglaise.
La layette anglaise se compose d’une chemise décolletée avec petit rabat, manches courtes ; d’une brassière de flanelle et d’une guimpe en batiste avec manches longues. La ceinture de flanelle qui protège le bébé peut être une bande droite, ou mieux, une ceinture en forme. Cette dernière prend bien les reins et ne risque pas de s’enrouler en plis qui blesseraient l’enfant. Une sangle est indispensable pour soutenir les reins de l’enfant, maintenant qu’on n’emploi plus le maillot.
Quelques personnes adoptent tout de suite le corset ; il est préférable d’attendre quelques mois.
La couche-culotte en flanelle se met ensuite, il faut qu’elle se boutonne, pour être bien faite, en haut, devant, à la taille, de façon que les jambes ne soient pas trop écartées et se placent naturellement. Le fond doit être assez large pour contenir les deux carrés : l’un en duvet ou en tissu éponge, l’autre en toile fine. Ce dernier est appliqué directement sur la peau de l’enfant ; il sont fixés tous les deux à la culotte par une épingle anglaise.
Dans la méthode française, on enveloppe l’enfant de trois langes superposés : lange de toile ou d’œil fin, lange de duvet, lange de flanelle. On assujettit le lange par des épingles de sûreté placées au-dessus des jambes, de façon que ces dernières restent libres. Autrefois, on pliait l’extrémité des langes pour emprisonner les pieds de l’enfant.
Au-dessus de la couche-culotte et des trois brassières, on met le jackson en flanelle, en brillanté, en finette, celui-ci est retenu aux épaules par de petites bretelles boutonnées.
Le jackson est uni ou festonné.
Au-dessus du jackson, se place la robe montante, avec manches longues.
Après avoir examiné la garde-robe de bébé, jetons un œil sur celle de sa nourrice :
On doit, dit-on, tout d’abord lui choisir un costume en mérinos de couleur.
Ce costume se compose d’une jupe montée à fronces sur un corsage uni, avec petit col blanc plat. Une ample pèlerine, monté à fronces sur un empiècement rond, l’enveloppe de la tête aux pieds et lui permet, au moindre soupçon de vent, de froid ou de pluie, d’entourer l’enfant qu’elle porte dans les bras.
Le bonnet est classique. Il se compose d’un fond en tulle ou en mousseline brodé, avec, tout autour, une énorme guirlande formée de coques de ruban et s’achevant par derrière en deux longs pans tombant jusqu’aux talons.
Deux épingles à tête d’or de perles retiennent le lourd bonnet.
Le tablier est en coton blanc, garni de broderies, festonné et entouré de dentelle Craponne.
Lorsque le bébé grandit et que les soins de la nourrice ne sont plus immédiatement nécessaires, le costume varie un peu.
On supprime les longs pans du bonnet et de le pelisse remplacée par une jaquette droite très ample de même étoffe que la jupe. Autour de cette jaquette on pose, à deux doigts du bord, un large velours noir ou de couleur. Le tablier est en soie, entouré de guipure et de petits velours.
Les gages de la nourrice variaient entre 50 et 90 francs par mois. Il était coutume d’ajouter de nombreux cadeaux à chaque date marquant dans la vie de Bébé (première dent, premiers pas etc.)
Michèle Dassas
