Depuis quelques années, Blois et le Loir-et-Cher semblent devenir le fer de lance de la promotion, des échanges et de l’ouverture de la franc-maçonnerie vers les autres, les profanes. Les rencontres biannuelles de la Halle aux grains, rendez-vous maçonniques de la région Centre-Val de Loire, sont relayées par diverses autres manifestations de plus en plus destinées au public. Et ça marche…
La dernière réunion, salle Jorge-Semprun à Blois, à l’initiative de La Loge Denis-Papin et La Fraternité écossaise, a été soutenue par Alain Graesel, passé Grand Maître de la Grande loge de France (GLF), sur le thème « Être franc-maçon à la GLF au XXIe siècle ». Vaste sujet qui aurait mérité bien plus que le temps imparti, mais qui a permis, sous le contrôle de Jean-Claude Derré, chargé de la coordination de cette conférence et Alain-Georges Émonet, animateur, de constater que, au fil des siècles, la franc-maçonnerie a su s’adapter au monde dans lequel elle évoluait, et ce, depuis 1728, pour la GLF. Si les guerres ont décimé les rangs de la franc-maçonnerie presque autant que le régime de Vichy, la franc-maçonnerie a reçu le soutien du général De Gaulle qui avait déclaré qu’elle n’avait jamais cessé d’exister.
La liberté, ADN fort de la franc-maçonnerie, reste le fer de lance de cette association type 1901, qui se veut universelle et fraternelle, en privilégiant les échanges. « Il faut mettre dans l’autre son propre regard tout en évitant de cloner… ». Alain Graesel a rappelé qu’il était assez difficile d’y entrer, mais qu’un départ pouvait se conclure en 30 secondes sans autre explication qu’une simple lettre de démission, en application des critères de liberté. La population des francs-maçons vieillit certes, mais il semble que de nouvelles générations assurent la relève, tout en sachant qu’on n’entre en maçonnerie qu’après 30 ans (majorité professionnelle) environ (il faut être majeur juridique pour candidater), une fois passées les études et la recherche d’une premier emploi où il est, parfois, délicat de se découvrir… et de faire connaître un parcours initiatique où l’on retrouve le mot Vie avec le trio basique Volonté, Intelligence et Énergie, piliers mêmes de l’histoire de la franc-maçonnerie et de la GLF, en particulier. La Métropole compte 840 loges tandis que les territoires ultra-marins en dénombrent près d’une centaine, avec un total de 34 000 « frangins », le tout enregistrant une progression de 4 % par an, en moyenne. Alain Graesel s’est attaché à souligner qu’il convenait d’être et de rester vertueux et exemplaire tout au long de sa vie d’homme certes, mais surtout de maçon, en évitant toute dérive sectaire, financière ou personnelle… Vaste programme qui perdure et qui demeure plus que jamais d’actualité… au XXIe siècle, mais aussi pour des siècles et des siècles à venir…
Jules Zérizer
École à penser
Si la franc-maçonnerie est « une école à penser » et non pas « une école de pensée », Alain Graesel insiste sur le fait qu’entrer en maçonnerie comporte un très long apprentissage d’écoute, de formation et de patience, cela pour mettre en garde les candidats qui pourraient être séduits par les moyens modernes de communication qui proposent des stages de formation à distance, via Internet ou les réseaux sociaux, ce qui est purement fantaisiste. « On ne peut apprendre et se former qu’au contact des autres, sur le terrain, dans la vie de tous les jours, en échangeant, en se perfectionnant petit à petit ». Prudence donc… ce qui est mère de sûreté.