La saison culturelle de Neuvy sur Barangeon vient de s’achever et une programmation cette année encore plus audacieuse mais dans le ton de celui qui, depuis quatre années est au gouvernail de ce renouveau de la culture en milieu rural : Gilles Magréau. Personnage haut en couleurs, souriant, attrayant, qui porte ce théâtre comme art naturel.
Dresser un portrait de l’homme aux mille facettes de talent, de créateur, de celui qui, jeune lycéen à Bourges en 1961 était déjà dans le milieu puisque participant à l’assemblée constitutive de la Maison de la Culture et relais en milieu scolaire durant quatre ans au Lycée Alain Fournier. Etudiant ensuite, il se souvient de cette anecdote où un jour, en travaux pratiques, le professeur très impliqué dans la culture est entré dans la salle de cours en jetant son sac sur la table et s’écriant : « je pensais depuis longtemps que les étudiants étaient des cons et maintenant j’en suis certain … » fustigeant ainsi ces étudiants qui se passionnaient peu pour le théâtre.
En 1968, il est engagé par la troupe de la Comédie de la Loire à Tours où il est l’élève de Katharina Renn et Guy Suares. Il fonde, en 1971 à Tours, le Théâtre du Pratos dont il sera le directeur durant treize années. En tant que comédien, il donne plus de 1000 représentations et met en scène cinq pièces dont trois créations. Puis commence l’aventure des « grandes maisons ». En 1983, il devient coordonnateur auprès d’Alain Meilland du Centre Régional de la Chanson de Bourges. Il fonde avec Peter BU à Tours, le festival « dehors dedans » qui connaitra cinq éditions et plus de 37O représentations.
En 1987, c’est l’arrivée au Printemps de Bourges aux côtés de Daniel Colling. Il devient directeur artistique des « ballades à Bourges » en 1986 et 1987. Il revient à Tours pour prendre la direction artistique de « l’espace Malraux de Joué-les-Tours de 1988 à 1991 où il se targue avec fierté d’avoir porter le taux de fréquentation à 82%.
Il crée une agence de conseil en ingénierie artistique « côté cour » en 1992 puis vint l’expérience enseignante à Dreux en 1995 où il enseigne le latin et le français au collège Paul Fort titulaire d’une maîtrise en lettres classiques : « mon expérience de comédien rend ma tâche plus facile notamment dans la gestion des conflits et des classes. Je passe et repasse le CAPES et là je me dis : la culture c’est fini… » Puis, sous l’impulsion d’Alain Meilland qui lui envoie un message « vers 22h un soir de septembre 1996 » pour lui dire : « tu vas prendre la direction du théâtre de Vierzon… ».
Le lieu va devenir un rendez vous artistique et culturel passant de 980m2 à 2300M2 et en quatre ans, la fréquentation est multipliée par quatre (4500 en 1996 à 18000 en 2004). Il écrit pendant ce temps de 1999 à avril 2000 « une Force qui Va » chronique dramatique versifiée contant la vie de Victor Hugo. 2010 sonnera la fin de l’aventure vierzonnaise ; il créé son agence de conseil en programme « côté jardin ».
Il va, à partir de 2011, devenir le programmateur de Neuvy en Scène avec le succès que l’on connaît et qui fait de ce petit bourg solognot un havre de bonheur culturel tant les programmations enchantent le public et cette année encore, ce fut un audacieux délice. Il rédige « Léo de Hurlevent » récit de la rencontre entre Alain Meilland et Léo Ferré.
En 2012, c’est le 1er tome de « Charly Matricule 7099. Il y en aurait tant à dire sur le personnage, qui met l’art au service de toute action sociale, ces spectacles qui promettent l’éternité aux spectacles vivants. C’est toutes ces rencontres avec des personnages de qualité : Paco Ibanez, Ferré, Yupanski, Villeret et tant d’autres tel Jérôme Savary, acteur metteur en scène « parti » le jour le l’anniversaire de Gilles ; celui qui lui remettait en octobre 2003, l’insigne de Chevalier des arts et des lettres juste avant d’entrer en scène à Vierzon avec sa fille Nina.
Pionnier à la route magique, amoureux du spectacle, des gens, des acteurs, des créateurs …c’est ce que disait Gilles Magréau de Jérome Savary : on pourrait aisément et avec grand respect lui retourner le même compliment. Un grand serviteur de l’art au naturel : une Force qui Va…
J.F.
Gilles Magréau
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