Sa commune va abriter l’un des premiers parcs photovoltaïques de France. Chantre des énergies renouvelables, le maire de Chaillac est aussi celui du plein emploi.
En 2020 (ou 2021 si le gouvernement décide de faire coïncider élections municipales et départementales) Chaillac va changer de maire. Une petite révolution quand on pense que depuis 1977 le même homme préside aux destinées de cette commune du sud-ouest de l’Indre loin de tout grand centre. « Cet éloignement est peut-être notre chance, estime Gérard Mayaud, ce qui nous permet d’avoir conservé une vraie vie de village, avec tous les commerces et services utiles pour une commune de 1 100 habitants. »
Sa chance, c’est aussi d’avoir des élus qui ont su entretenir la denrée essentielle de la vie sociale : l’emploi. Qu’on en juge avec un EPHAD ultra moderne, un centre d’accueil pour handicapés mentaux et les médecins et infirmières, le secteur médical et para médical offre cent dix emplois sur place. La commune loin de tout abrite également une entreprise haut de gamme dans le domaine des médicaments vétérinaires Wyjolab qui compte soixante-dix salariés, avec des cadres de haut niveau. Le reste des emplois se répartit entre plusieurs PME, des fonctionnaires territoriaux, des commerces et exploitations agricoles.
Grâce à la présence de Wyjolab et son laboratoire Véto-pharma dédié à la santé de l’abeille, Chaillac a construit un espace de valorisation de l’abeille (EVA) qui propose une miellerie collective aux petits apiculteurs et un espace pédagogique pour faire découvrir l’apiculture et susciter des vocations. Des installations ultra modernes permettent l’extraction et l’amélioration de la qualité des miels ainsi que le conditionnement et la transformation.
Energies douces
Ancien enseignant, Gérard Mayaud est un pragmatique. « Je suis né de la terre et mon raisonnement est simple. On est élu pour quoi faire ? Prendre des engagements et être responsable pour aménager un territoire afin que les gens s’y sentent bien. Mais comme on ne peut pas trouver le bien être sans argent, il faut trouver les moyens financiers du développement. Cela passe par la création et le maintien des emplois. »
Gérard Mayaud reconnaît avoir eu la chance lorsqu’il s’est installé dans son fauteuil de maire d’avoir des entreprises pour l’épauler. La suite, il a fallu l’inventer (lire par ailleurs).
Le maire accueille sur sa commune l’un des plus grands parcs photovoltaïques de France, mais il envisage de poursuivre l’investissement dans les énergies douces en accueillant quelques éoliennes, ce qui n’est pas du goût de tout le monde, mais aussi aussi une unité de biomasse.
« Je ne crois pas en la voiture électrique. On va se trouver un jour avec un énorme stock de batteries dont on ne saura que faire. L’avenir, pour moi, c’est la voiture à hydrogène. De l’hydrogène que l’on peut obtenir par biolyse. »
Retenir les habitants
Le tableau que dresse le maire de Chaillac n’est pas idyllique pour autant. « Créer des emplois c’est bien, mais cela n’incite pas toujours les gens qui travaillent dans la commune à habiter sur place. Nous allons bientôt régler le problème du très haut débit, nous proposons un choix de loisirs de plein air et nous créons un lotissement avec de grands terrains dans un espace végétalisé. Cela n’empêchera pas certains cadres d’habiter Limoges et de faire la route tous les jours, mais au moins peut-on espérer en fixer quelques uns. »
Au bout de quarante ans de mandat Garard Mayaud continue de positiver, il prépare d’ailleurs sa succession. Le prochain maire de Chaillac sera, il l’espère, une jeune femme.
Pierre Belsoeur
Vous pouvez être actionnaires du parc
Le premier parc photovoltaïque couvrait quinze hectares des anciennes carrières de barytine, cette fois le nouveau projet s’installe sur quarante hectares, en haut de la colline qui domine Chaillac. « La baryte, explique Gérard Mayaud, qui était un inconvénient pour la qualité du minerai de fer dont l’extraction a été longtemps la richesse de Chaillac, est devenue un atout lorsque la mine a fermé. L’exploitation de la barytine, une pierre gemme réduite en poudre utilisée dans l’industrie pétrolière mais aussi dans les tubes cathodiques des téléviseurs, a débuté en 1976, un an avant mon élection à la mairie de Chaillac. L’exploitation devait durer trente ans. En fait tout aurait pu être balayé en dix ans tant la demande était forte, mais les exploitants de la carrière ont joué le jeu et même si actuellement on n’extrait plus de barytine à Chaillac, l’usine de conditionnement fonctionne toujours offrant quelques emplois à la commune. » Il ne faut pas imaginer une carrière de barityne comme une carrière de pierre. Une fois le précieux produit extrait le terrain est remblayé au fur et à mesure par de la terre mêlée de calcaire utilisé pour traiter la barityne. Sur la terre de la colline impropre à l’agriculture ne pousse plus qu’une maigre végétation de genêts et de ronces.
Gérard Mayaud et Françis Pinier, directeur de l’usine avaient trouvé une activité pour succèder à l’exploitation à l’espérance de vie précaire. Il s’agissait de retraiter les pneus usagés. Le ministère de l’industrie a fait capoter le projet. Opiniâtre Gérard Mayaud a trouvé une nouvelle destination aux terrains de la carrière rachetés par la mairie. « C’est à l’occasion d’une réunion à Paris, à l’ambassade d’Allemagne, consacrée aux énergies nouvelles, que j’ai compris que le solaire pouvait être notre nouvelle richesse. Contrairement au sud de la France, à l’ensoleillement plus important mais à la température plus élevée, le rendement des panneaux installés à Chaillac est supérieur à celui de ses cousins sudistes. L’idée lancée voici dix ans est devenue réalité il y a six ans.
Chaillac 1 couvrait 15 ha, Chaillac 2 en couvrira 16,5 ha mais produira cinq fois plus d’électricité.
C’est une société basée à Nîmes (VSB) qui sera le partenaire de la commune et fera travailler les entreprises locales pour l’aménagement du site. Mais les Berrichons pourront investir dans ce projet par le biais d’une plateforme de financement participatif Enerfip basée à Montpellier. Les habitants de l’Indre et des départements limitrophes peuvent acquérir des obligations au taux fixe de 5 % sur quatre ans. Si VSB ne versait pas les intérêts les porteurs d’obligations auront la faculté de les transformer en actions et de devenir co-propriétaires du terrain. Le chantier débutera cet été et la date de mise en service est fixée à la mi-mars 2019.
P.B.
Pratique : Les investisseurs potentiels peuvent se rendre sur la plateforme enerfip. fr ou contacter les équipes de la société au numéro suivant : 04 11 93 41 11 pour avoir de plus amples renseignement auprès des équipes de la société VSB.