Gentils et beaux coquelicots


Après plus de deux mois de confinement, par prudence, la première sortie, effectuée, en automobile, bolide fendant l’air sur les chemins de Beauce vers la capitale de Blois, a frappé mon regard plus du tout habitué à de tels horizons. Il y avait du rouge presque partout en bordures des routes et, donc, au bord des champs où la nature encourageait les semailles à sortir, comme les humains, le bout de leurs nez, en l’occurrence des épis ou autres protubérances contenant les fruits des productions de demain, nourritures des hommes et/ou des animaux.
Véritable signalisation visuelle de confort sécuritaire, pour circuler après tant de jours sans avoir pris le volant, on se laissait guider par cette mer ondulante de têtes rouges, rendues, même, encore plus lumineuses, de nuit, comme phosphorescentes.
Mais, ne rêvons plus, car tout doit rentrer dans l’ordre, en ce bas monde, pandémie ou non, et la faucheuse départementale a opéré une coupe de printemps après ce confinement, emportant avec elle des gerbes et des gerbes de petits et gros coquelicots rouges tombés au champ d’honneur comme les quelque 30 000 de nos concitoyens frappés par la Covid-19. Covid, mot bien féminin, au même titre que La Mort, La Faucheuse, comme l’a précisé la très noble et docte Académie française, information reprise par tous les journaux de France qui, dans la même page, mais aussi dans les autres, proposaient de gros titres avec LE Covid !
Comme les victimes du virus Corona, comme les coquelicots fauchés le long des routes, l’orthographe subissait un dernier affront irrespectueux. On prédisait que rien ne serait plus, dorénavant, comme avant. Ce sera encore pire ! Gentil coquelicot, une grosse tache rouge à la place du cœur, comme le chantait si bien Mouloudji, il y a près de 60 ans, en évoquant un soldat tombé à la guerre…Que le le temps passe vite… Au fait, si les coquelicots sont, enfin, revenus, toujours bien rouges, qui se souvient, encore, de Mouloudji ?