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Foëcy, dans la grande cour territoriale

Ça bouge dans la cité porcelainière proche de Vierzon qui a rejoint depuis ce début d’année la Communauté de Communes Vierzon Sologne Berry devenant ainsi, la deuxième ville en nombre d’habitants de cette CDC. Rencontre avec le maire Patrick Tournant

Entrée mûrement réfléchie depuis quelques années et pas évidente du tout côté maire : « Je l’avoue, je n’étais pas très chaud pour cette entrée dans la CDC Vierzon Sologne Berry. Je voulais rester dans l’esprit du canton (Mehun, Allouis, Foëcy,) puis la fusion avec la communauté de communes Les Vals de Cher et d’Arnon. Marier la Paysannerie, Viticulture, Porcelaine avec l’urbain de la grande ville ne m’apparaissait pas judicieux. La loi NOTRe est arrivée avec ses obligations et ce que je voulais, c’est que les maires puisse garder un certain nombre de pouvoirs non pas pour asseoir une autorité mais pour être libres de prendre des décisions qui engageraient leur commune en concertation avec les habitants. A Foëcy, nous avons réussi à gérer au mieux notre commune tout en restant stable au niveau de la démographie (2200 habitants). Nous avons effectué des travaux de rénovation importants (Bibliothèque, Centre de Loisirs, Stade etc), réussi à conserver nos entreprises et les commerces de proximité, notre marché du vendredi toujours bien fréquenté, ce qui rend notre cité accueillante et surtout, nous avons évité d’en faire une ville dortoir en conservant une réelle dynamique d’attractivité et de vie sociale. Trente années de vie communale m’ont forgé un mental d’élu au service de ses concitoyens avec le seul souci de faire progresser sa commune. Aujourd’hui, je suis dans la peau d’un maire pas heureux de vivre ce qui se passe avec toutes ces contraintes qui nous assaillent, qui seront de plus en plus difficiles à maîtriser. Il était donc opportun de faire le grand saut et rejoindre Vierzon pour permettre à notre commune une gestion moins onéreuse car l’administration devient de plus en plus complexe et demande des moyens financiers et humains d’une autre dimension ; ce que nous n’avons pas les moyens de nous offrir. Nous devenons la deuxième ville de la CDC et de ce fait, allons avoir une vice présidence en la personne de Laure Grenier Rignoux qui sera accompagnée de cinq conseillers communautaires : Didier Hemeret, Jean Luc Nadler, Alain Louis, Yvette Jacquelin et Marylene Borderioux.

ZOOM ▶ 220 ans d’histoire de la porcelaine à Foëcy

En parallèle à l’entretien avec le Maire Patrick Tournant ce dernier nous présentait Stéphane Fontainhas, Foecéen passionné par sa ville, qui vient de réaliser un formidable document qui retrace l’histoire de Foëcy à travers la porcelaine.
Une richesse patrimoniale que va apporter la petite cité Foecéenne dans la panière de la communauté de Communes Vierzon Sologne Berry. Travail de fourmi pour Stéphane Fontainhas qui a repris les documents depuis 1799 ; point de départ de la porcelaine du Berry à Foëcy. C’est en 1795 que Benjamin Klein achète le château et en 1799, avec son associé Monsieur Deville, il créé la première fabrique de porcelaine du Berry. En 1818 commence la dynastie Pillivuyt mais en 1854, Charles Pillivuyt part avec ses meilleurs ouvriers pour Mehun. En 1887 débute la période Louis Lourioux : « le Dandy Visionnaire » qui se retrouve à 26 ans à la tête de la manufacture qui donnera des pièces de porcelaine, véritables œuvres dont des assiettes estampillées Louis Lourioux furent retrouvées dans l’épave du Titanic. C’est l’époque de créations somptueuses telle cette « femme de pierre » longue de 3m allongée les seins nus sur une dalle funéraire qui est la sculpture culte de Charles Lemanceau, embauché par Louis Lourioux pour décorer sa tombe et qui est visité comme curiosité au cimetière de Foëcy. Pendant la guerre, sa veuve Céline Lourrioux réussira à préserver avec beaucoup d’énergie le travail des femmes et des personnes âgées mais à sa mort en 1949, c’est l’incertitude des héritages. C’est une nièce associée à la faïencerie de Lunéville et son mari Robert Martin (patron très proche de ses ouvriers) qui reprennent l’entreprise. A la mort de ce dernier, elle brade aux brocanteurs les collections de grès de Lourioux. En 1968, à cause d’une terrible grève, la maison sera sauvée in extremis par un jeune homme (26ans), sixième génération d’une famille qui exploite depuis un siècle et demi une importante manufacture à Chauvigny : Philippe Deshoulières. En 1974 Deshoulières rachète l’usine de la Société Française de Porcelaine, site qui abrite aujourd’hui le musée vivant de la porcelaine. Avec Philippe Deshoulières, c’est un nouveau souffle et l’entreprise est la seule manufacture à bénéficier du label « Origine France Garantie », unique certification décernée par l’État Français en fonction des critères qualité, fiabilité et savoir faire. Elle est classée « entreprise du patrimoine vivant ». Les porcelaines Deshoulières ont connu ensuite plus de bas que de hauts et en huit années, c’est 60% du personnel que l’entreprise a du licencier (elle employait 650 salariés sur différents sites). En 2015 c’était le dépôt de bilan et en 2016, un nouveau repreneur se présentait en la personne de M.Kergoat. Les carnets de commandes se remplissaient peu à peu et Deshoulières s’adresse désormais aux marchés de haut de gamme et du luxe tels Cartier, Hermès ou Dior. Le redressement judiciaire et la vente sont désormais bien loin et de nouveau, l’histoire de la porcelaine se poursuit dans cette commune attachante à plus d’un titre et qui, même en entrant dans la grande communauté territoriale ne perdra pas son âme loin s’en faut.

Jacques Feuillet

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