Flaubert et Louise Colet, vus par Joseph Vebret


Il y a deux siècles naissait l’un des plus grands romanciers français, Gustave Flaubert… Un livre lui est consacré sous la plume d’un autre écrivain, Joseph Vebret, aux éditions Écriture.
Venu au monde au sein d’une famille bourgeoise le 12 décembre 1821, sa mémoire et son œuvre sont aujourd’hui honorées avec une solennité qu’impose le génie littéraire. Mais, la personnalité pittoresque et complexe de l’auteur de Madame Bovary, étudié depuis pourtant des lustres, suscite toujours et, semble-il, à jamais, un attrait particulier pour celles et ceux admiratifs voire fascinés – et les nombreuses publications récentes en témoignent – par le maître Rouennais. On croit tout connaître des romans et de l’existence de Flaubert. Balivernes ! En effet, Joseph Vebret, écrivain prolifique (il a déjà publié une soixantaine d’ouvrages) nous le démontre. Il vient de sortir avec une pertinence éclairée ; « Flaubert et Louise Colet ou L’amour en poste restante ». A priori, on pourrait croire qu’un nouveau titre, consacré aux relations épistolaires des deux amants, serait superflu. Il n’en est rien, au contraire ! Le livre est passionnant. Joseph Vebret offre aux lecteurs une approche originale et quasi-inexplorée de l’intime thymie flaubertienne. Il nous dévoile, à travers les lettres, les relations tumultueuses de Louise Collet et Flaubert, et surtout l’intimité de l’âme d’un homme plutôt connu pour sa bonhommie et son goût de la jouissance. Or, Vebret nous fait découvrir -ou nous rappelle – au fil des pages que l’homme a une « détestation de soi » (au point d’écrire à sa maîtresse : « Je ne méprise pas la gloire, on ne méprise pas ce qu’on ne peut atteindre »), que son refus de l’amour est presque obsessionnel et que le « bonheur est un mythe inventé par le diable pour nous désespérer ». Pouvait-on imaginer que le grand prosateur de la littérature universelle était si tourmenté ? Il a aussi confié à l’infidèle Louise Collet (courrier du 8 août 1846) que la « contemplation d’une femme nue me fait rêver à son squelette » ou encore qu’il n’a « jamais vu un enfant sans penser qu’il deviendrait vieillard, un berceau sans songer à une tombe ». « Flaubert et Louise Collet », essai signé par Joseph Vebret – et c’est en cela qu’il est captivant – apporte à tous les amoureux de l’écrivain une vision de l’homme qui, malgré les nombreuses biographies qui lui sont consacrées, reste, et sans doute à jamais, un inconnu.

Éric Yung