Fête des voisins


Le voisin est un thème de philo peu usité de nos jours Pourtant, c’est un personnage récurrent de la vie de tous les jours. Le voisin est intrusif. Il l’est par volonté manifeste ou plus généralement par égoïsme pur. Le voisin est un être hybride. Il possède, en général, deux jambes, deux bras, une seule tête. Il est composé, à l’intérieur, d’un ensemble d’éléments plus ou moins indispensables à son bon fonctionnement de voisin. L’intelligence est optionnelle et n’est mesurée qu’à l’aulne de ses propres voisins eux-mêmes. Par définition, et obligation, de la même façon que tout à chacun est le con de quelqu’un d’autre, nous sommes tous le voisin de quelqu’un d’autre. Le voisin est plus ou moins poli. Il vous dit, parfois, bonjour, le matin, ou bonsoir, le soir. Le voisin c’est quelqu’un que vous appréciez à sa juste valeur, entre les bons services et la loi de l’emmerdement maximum. C’est selon. Sa fête, c’était le week-end dernier… Si vous avez fait la fête avec votre voisin, c’est bien. Si vous n’avez pas fait fait la fête avec votre voisin, c’est bien aussi ! Cependant, certains d’entre vous ont profité des orages pour éviter de fêter trop fort. Vous ne pouviez pas dire que vous étiez bloqué par la pénurie d’essence … par définition votre voisin, c’est le gazier qui habite juste à côté de chez vous. A moins de séjourner, comme Florent Pagny, en Patagonie, bien évidemment. Là, le à côté de chez vous se chiffre en centaines de kilomètres! Vous n’avez pas fait la fête avec votre voisin tout simplement parce que c’est aussi lui qui s’est empressé d’aller remplir d’essence des bidons de 10l, juste parce qu’un imbécile a envisagé que, peut-être, on allait manquer de carburant. De fait, il a fallu mettre en place des directives départementales pour que tout le monde puisse en avoir un peu. On a déjà fait des économies avec les briquets, vu qu’il y aurait moins de fumeurs désormais, mais cela s’est avéré insuffisant pour éradiquer le problème du rationnement. Comme prévu dans les journaux – certains confrères possèdent sur des sujets chauds des dons divinatoires confondants – et grâce à une panique collective associée une stupidité panurgienne savamment orchestrée, la pénurie s’est parfaitement auto-générée. Une dizaine de centimes au litre en plus, on va pas se gêner, non. De fait, cela donne une semaine à la Mad Max, avec la Clio, et sans roadster. Pas vraiment une habitude pour nous. Par contre, pour Mel Gibson cela fait quarante ans ou presque qu’il les cherche les stations encore ouvertes. En plus, lui il avait les Aigles de la route pour lui barrer le chemin. C’est pas des manifestants de la CGT devant les raffineries, que nenni ! Les vilains, c’est Bernard Cazeneuve qui se les fadent. Les casseurs des manifs, on dit bien les casseurs pas les manifestants, n’ont cure du pétrole en plus. Bon, à chacun ses délinquants. Au ciné, c’est Mel qui gagne à la fin. On va attendre un peu pour voir si Bernard fait aussi bien.
Tout ça pour vous dire que faire la fête avec votre voisin qui a fait le plein de la bagnole, de deux ou trois jerrycans, et de son briquet, en douce, entre midi et deux, ça le fait pas toujours. Les stations service vides en raison d’un trop plein de tondeurs de gazon du week-end, c’est pas un peu couillon ??? Prendre sa voiture pour aller chercher le pain est-ce vraiment indispensable itou ? Et après ça il faudrait partager la bouteille de rosé et les cacahuètes. En plus, votre voisin, lui, il fournit à peine la nappe et les verres. On est loin du partage solidaire. Un partage à la Nuit debout, jusqu’à 22 heures, pas plus !
Notre bon François de l’Élysée, jusqu’à l’année prochaine normalement si tout va bien, lui, il a aimé participer à la fête des voisins. Le protocole, tout ça, c’était pourtant pas facile. Avec l’anniversaire de la bataille de Verdun, il a trouvé la bonne excuse. Le costard noir pour rappeler que le concert de Black M a été annulé. Bras dessus, bras dessous avec Angela Merkel coiffée plus teutonne que Davis ( pas la coupe Davis mais Angela Davis), il a célébré avec sa voisine, son titre honorifique, mais véritable, d’homme politique de l’année 2016. Le petit Nicolas l’avait eu en 2008, c’est dire si c’est sérieux. C’est l’Appeal of Conscience Foundation («Fondation faisant appel à la conscience»), une institution américaine décrit comme «une fondation interconfessionnelle faite d’hommes d’affaires et de chefs religieux promouvant la paix, la tolérance et la fin des conflits ethniques». Depuis que Manu Valls et Pierrot Gattaz vont de concert, il a tout bon François. Pour le code du travail, revisité à la manière d’un Michalak, pas le rugbyman mais le pâtissier, derrière l’église, celui qui redonne une nouvelle jeunesse à la recette du Paris-Brest, il paraît qu’il a vu avec Manu, Pierrot, la CFDT, l’organisation syndicale spécialisée dans la négociation du diamètre des chaînes, et quelques groupuscules syndicaux anonymes. Un récent sondage annonçait que pour 60 % des personnes interrogées, le gouvernement allait lâcher l’affaire. Et Pépère qui dit que ça le fait pas pour le moment.
En attendant de voir le résultat, je reprendrais bien un petit verre de rosé bien frais, avec modération et une poignée de cacahuètes. Peut-être que je vais inviter mon voisin finalement ….
Fabrice Simoes