Le Musée de la Résistance et de la Déportation du Cher présente à Bourges, du 6 avril au 9 septembre, une exposition sur les prisonniers de guerre du Cher (1939-1945). Cette exposition nous semble importante car elle traite des oubliés et des sans grade de l’histoire. Malheureusement, comme chacun le sait, l’histoire ne se souvient souvent que des vainqueurs.
Après cinq semaines de combats, lors de l’offensive éclair du printemps 1940, près de 1,85 million soldats français dont 9 à 10 000 jeunes du Cher se trouvent prisonniers aux mains des Allemands en juin 1940. Ce fait est sans précédent dans l’histoire. Pourtant, le sort de ces prisonniers semble aujourd’hui avoir été effacé de notre mémoire collective. Certains sont morts en captivité, la libération des autres fut au cœur des enjeux entre le gouvernement de Vichy et l’Allemagne nazie. Malgré les efforts de solidarité, leur absence est durement ressentie au sein de très nombreux foyers jusqu’en 1945, il n’est pas difficile d’imaginer les effets de l’absence prolongée de ces hommes, déjà entrés dans la vie active, parfois mariés et père de famille. Ce manque n’était pas inédit pour tous ceux qui avaient connu la Première Guerre mondiale et venaient de vivre la mobilisation générale de septembre 1939. Mais la défaite changeait le statut de ces hommes prisonniers, vaincus, arrachés au sol natal pour être retenus en Allemagne, sans espoirs de permission.
A partir de documents méconnus issus des fonds
des Archives Départementales, cette exposition inédite dans le Cher met en lumière la vie des soldats français dans les camps allemands au cours de la Seconde Guerre mondiale. Elle permet d’évoquer le travail des prisonniers en Allemagne, les rapports avec le régime de Vichy, mais aussi les liens avec la Résistance ou encore l’organisation de la vie culturelle. L’exposition présente également des œuvres d’artistes prisonniers comme celles du dessinateur Maurice Delavier ou du sculpteur Hervé Mhun qui témoignent encore du quotidien de ces milliers de soldats en captivité durant la guerre.
Les dessins de Maurice Delavier présents dans cette exposition sont conservés aux Archives Municipales de Châteauroux et les 38 bustes présentés sont issus des œuvres du sculpteur Hervé Mhun. Ils ont été donnés aux Archives Départementales du Cher en 2017 par sa veuve, Madame Marthe-Aline Vérard. Né dans le Sancerrois, Hervé Mhun est sculpteur quand il est mobilisé en 1939. Capturé et envoyé au Stalag IX A, il réalise au cours de sa captivité des portraits de ses camarades de détention sous forme de petites têtes sculptées en plâtre. Il réussit à en ramener près d’une centaine lors de son rapatriement en France.
Le parcours de la visite de l’exposition est articulé en différents volets : de la défaite à la captivité / Vichy et les prisonniers de Guerre / vivre en captivité / les prisonniers et la résistance / Libération, rapatriements et retour à la vie civile.
Tous ces volets sont riches en affiches explicatives, documents d’époque, objets divers, photos, dessins. Il est également présenté l’intérieur d’un baraquement de prisonniers de guerre avec objets personnels et effets militaires.
Dominique Authier
Informations pratiques :
Entrée libre. Archives Départementales et du Patrimoine, Musée de la Résistance et de la Déportation du Cher, rue Heurtaut de Lamerville, 18000 Bourges.
Horaires d’ouverture :
Du lundi au vendredi :
8h30 à 12h30 et 13h30 à 17h30
Samedi et dimanche : 14h à 18h.
