Le Muséum d’Histoire Naturelle de Bourges propose l’exposition « Les animaux et la Grande Guerre » du 13 mars au 28 septembre 2014. Des extraits littéraires, animaux naturalisés, photographies originales sorties de revues d’époque, fonds des archives de l’armée, des audio-visuels, documents historiques permettent aux visiteurs de se plonger dans notre grande et passionnante histoire.
Cette exposition fait entrer un long cortège d’animaux qui cheminent ensemble au Muséum, la Grande Guerre est le premier conflit réellement mécanisé, mais sur tous les théâtres d’opérations, jamais la force animale, de monte, de trait ou de bât n’aura été autant mise à contribution. 14 millions d’animaux seront réquisitionnés sous les drapeaux entre 1914 et 1918. Nous trouvons engagés dans la guerre et sous les drapeaux :
– Les chiens de guerre, donnés par des particuliers, des sociétés canines, transférés des fourrières ou capturés errants, 15 000 chiens seront enrôlés du côté français avec chacun un matricule. Entassés dans de médiocres conditions ces chiens sont victimes des épidémies. Se déplaçant sur un terrain couvert de barbelés, jonché d’éclats métalliques, ils souffrent de blessures aux pattes. Certains se terrent ou deviennent agressifs. Ces chiens servent comme auxiliaires médicaux, ils recherchent les blessés, tirent les brancards, et ravitaillent en pansements. Ils servent également comme estafettes, furtifs et véloces, ils se faufilent dans les tranchées. Les plus robustes et résistants servent en tant que chiens de trait, ils tirent des charges de 300 kg sur les routes ou sur la neige.
– Les camélidés : Anglais, Français et Allemands utiliseront les dromadaires en zone désertique comme monture ou animal de trait. Le fameux Impérial Camel Corps anglais comptera 1200 dromadaires dont plus de 15 % mourront au service de l’armée anglaise. Les chameaux quand à eux seront utilisés pour les convois, ces animaux étant capable de couvrir d’une traite 40 kilomètres avec 200 kg de charge.
– Les mulets et les mules, l’armée française mobilisera 150 000 mulets. Appréciés pour leur pied sûr, ils peuvent supporter une charge de 170 kg. Ils portent l’artillerie dans les montagnes et montent aux tranchées, chargés des rouleaux de barbelés, du pinard, des munitions, ou seront équipés du cacolet pour transporter les blessés. Ils payeront un très lourd tribut au conflit.
– Les ânes, on ignore le nombre d’ânes importés qui travailleront durant les batailles. Les ânes sont au service de l’infanterie, de l’artillerie, du génie. En 1916, à Verdun, ils sont utilisés à titre expérimental munis de bâts indigène car ils vont là où aucun véhicule ne peut aller. C’est le dernier maillon de la chaîne de transport jusque dans les tranchées. Les ânes français proviennent essentiellement d’Algérie.
– Les chevaux, pièce maîtresse de l’échiquier militaire, on les trouvait sur tous les théâtres d’opérations. Le travail harassant, la peur, des écuries sommaires voire aucun abri fragilisent les chevaux. Ils sont blessés, parasités, ils se mutilent. L’armée française mobilisera 1 880 000 chevaux et en importera 525 000, la plupart viennent des Etats-Unis et d’Argentine. En 1914, l’armée réquisitionne 1/5 des chevaux français, même les 400 chevaux de course de Paris monteront au front malgré leur inadaptation.
– Le troupeau nourricier, pour fournir des protéines aux armées, un immense troupeau est réquisitionné et des millions de bœufs, de porcs, de moutons et volailles vont être acheminés vers les fronts. Les bêtes sont tuées sur place, c’est l’autre boucherie du front.
– Les pigeons, quand les communications téléphoniques sont détruites, que fumées et poussières voilent les transmissions optiques, quand les barrages d’artillerie interdisent le terrain aux estafettes, les pigeons restent le plus fiable moyen de transmission à distance. 300 000 pigeons serviront sous les drapeaux.
Pendant le premier conflit mondial, de nombreuses espèces seront enrôlées, on y trouve même des canaris qui préviennent des attaques au gaz ou des éléphants utilisés par l’armée britannique en Extrême Orient, les pachydermes sont aussi présent en Europe, ils sont réquisitionnés dans les zoos ou cirques pour remplacer les animaux de trait.
Dans un tout autre registre, il y a ravage sur les bêtes domestiques ou sauvages, que de dégâts collatéraux ! le bétail est pris dans les mitraillages, les incendies, les bombardements ou condamné par la mort ou l’abandon de leurs maîtres. Les espèces sauvages des terriers, renards, blaireaux ou les vertébrés et invertébrés proches du sol payent le plus fort tribut aux gaz plus lourd que l’air.
Les soldats ont aussi leurs ennemis intimes : les espèces les plus petites ne sont pas les moins redoutées, puces et poux sont des ennemis communs à tous les belligérants sans oublier les moustiques et punaises. Les rongeurs, surtout les rats noirs, se multiplient dès l’été 1914 dans les tranchées transformées en égouts et en dépotoirs. Véritable nettoyeurs, ils se nourrissent de détritus, se gavent de chair humaine ou animale non ensevelie. Pour le soldat, le rat est un cauchemar en miniature et une bête réellement détestée. Les mouches, déjà nombreuses dans les campagnes autour des tas de fumier, elles vont vite se concentrer sur les champs de bataille. Elles s’agglutinent, s’insinuent partout de jour comme de nuit. Dans les abris, elles empêchent le sommeil et assaillent les blessés. Un soldat au front disait : « la France a trois ennemis, les Boches, les rats et les mouches ».
Cette exposition permet de mieux mesurer, mieux comprendre l’impact de la première guerre moderne sur les animaux et la nature. L’exposition est une réalisation du Muséum de Bourges avec une co-participation du Muséum de Blois.
Renseignements : Muséum d’Histoire Naturelle, Les Rives d’Auron,18000 Bourges Téléphone : 02 48 65 37 34 Ouvert tous les jours de 14h à 18h En période de vacances de 10h à 12h et de 14h à 18h Exposition accessible aux personnes handicapées et à mobilité réduite Tarifs : Plein tarif : 4,10 €/pers. Tarif réduit : 2,30 € Entrée gratuite pour les moins de 6 ans et les groupes scolaires