EXCLU WEB* Docteur Nicolas et Mister Perruchot


POINT D’ÉTAPE POLITIQUE Deux ans plus tard, avec le président du Conseil départemental. Nicolas Perruchot dresse un bilan depuis son arrivée à la tête de ladite collectivité territoriale et effectue un tour d’horizon des dossiers d’actualité sur son bureau. Parmi ceux-là, une Oie à la Patte plus que claudiquante.

Emilie RENCIEN

En dépit de la sempiternelle chanson rabat-joie de l’Etat et de l’épée de Damoclès persistante sur les finances des collectivités,  Docteur Nicolas est confiant. Maintien de l’investissement, exercice comptablement équilibré, bonne entente des groupes dans l’assemblée départementale, troisième pont sur la Loire et stratégie touristique en mouvement… Mister Perruchot, lui, fustige politiquement. Et l’Oie de la discorde ne semble pour le moment pas prête à s’envoler. Stand-by pour le moment concernant le rond-point de la Patte-d’Oie à Saint-Gervais-la-Forêt qui doit faire l’objet d’un carrefour giratoire repensé au regard des circulations denses, à savoir au sud de la rocade blésoise, 35 000 véhicules quotidiens. Le plan d’aménagement envisagé a été présenté en réunion publique début juillet. Projet suranné ? Bitumer à tout-va, la forêt de Russy ici, distille en effet sur le papier un air d’un autre temps à l’heure du réchauffement climatique et du développement durable, en sus d’une première COP lancée en région Centre-Val de Loire. La déviation de Contres, par exemple, à laquelle une extension va être prochainement adjointe, aura démontré que finalement, le flux de poids-lourds notamment n’aura pas été aussi fluidifié qu’escompté. Goudronner les espaces naturels est bien loin de la baguette magique. Ca pédale actuellement dans la semoule et, puis, en l’état, avec la campagne des municipales qui va s’ouvrir et la poignée d’élus qui sortiront des urnes en mars 2020, prudence est mère de sûreté.

Plus de cohérence demandée à l’agglomération

Le vrai souci réside dans un trafic routier exponentiel, avec des salariés ne vivant pas sur la commune de leur lieu de travail et des bahuts lancés à l’envi sur les routes départementales du fait d’un e-commerce florissant. Alors, des moyens de déplacement doux pour une empreinte carbone moindre ? Tram ? Vélo ?  « J’aimerai plus de mobilités douces mais la réalité veut que beaucoup de gens, y compris les touristes, se déplacent en voiture dans le Loir-et-Cher, » corrobore Nicolas Perruchot. «Nous ne sommes pas en grande ville; on ne peut pas imaginer circuler en trottinette ou en gyropode. La voiture demeure la solution la plus économique et attractive pour le citoyen loir-et-chérien. » La trottinette électrique, à Paris, a déjà fait un mort en juin; la cohabitation est loin d’être aisée et ennuie »souvent » les quatre-roues polluantes circulant à l’énergie fossile. Ceci étant énoncé, néanmoins, hormis crier au loup, quelles alternatives proposées par le camp en face contre ce projet en l’état, Agglopolys en l’occurrence  ? Toutes ces questions méritent d’être énumérées, en évitant la posture de l’autruche. Nicolas Perruchot l’affirme en tout cas fermement. «Je déplore le volte-face du président d’Agglopolys (NDRL. Ce que nie l’intéressé, Christophe Degruelle), je lui demande de sortir de l’ambiguité et j’exige plus de cohérence. On attend aussi toujours les parkings de covoiturage… Dans le pire des cas, la Patte d’Oie étant une route départementale, nous pouvons nous passer de l’avis de l’agglomération et donc de son financement, mais nous prendrons nos responsabilités.» Avant toute chose, de toute façon, une concertation publique est lancée sur ce dossier, courant jusqu’au 27 septembre 2019. Même combat pour la deuxième sortie de l’A10 à Blois  en pourparlers depuis des années. Cofiroute a rendu ses conclusions de faisabilité et de potentialité ce mois-ci. Pour faire court, sont préconisés un échangeur sur l’avenue de Vendôme et une évolution du rond-point des Châteaux. L’agglo suivra-t-elle ou non, là également ? Et qu’en pensera de surcroît la nouvelle ministre de la transition écologique, Elisabeth Borne ? «Il y a urgence. Si on ne fait rien, il y a risque de congestion,» insiste l’élu Perruchot. Oui, mais aussi le danger de franchir le rubicon de pollution, en sus ? En février dernier, en session à Blois à l’Hôtel du Département, on se souviendra des déclarations de Nicolas Perruchot, espérant que ce deuxième sujet soit réglé avant les municipales 2020. Pour, selon ses propres termes, ne pas donner « un chiffon rouge » aux futurs candidats. Seulement voilà, Christophe Degruelle ne partageait déjà pas ce point de vue, rejetant ce pas forcé… Peu de chances qu’il y ait revirement, mais qui sait. « Il faut s’attendre à tout en politique, où tout est permis, sauf de se laisser surprendre » (Charles Maurras) …

Triple anniversaire

Si par endroits, les embouteillages sont bien présents, d’autres voies semblent plus fluides. Les 90 km/h vont ainsi d’ici le mois d’octobre poindre à nouveau  le bout de leur vitesse sur 563 km sur l’axe Nord-Sud du Loir-et-Cher, en attendant la promulgation de la loi. Pendant que Dr Nicolas a fêté ses 53 ans en juillet, Mr Perruchot célèbre cette année 2019 ses vingt-quatre mois à la tête du Département. En parlant de bougies sur le cake, dans le cadre des 500 ans historiques de Renaissance(s) en Val de Loire, le président envisage de mettre en place au château de Chambord une réunion de 500 élus européens afin de réaliser un manifeste pour une autre renaissance, celle des territoires. Une vente aux enchères d’objets d’arts signés d’artistes régionaux aura aussi lieu le 15 septembre 15h, menée par le commissaire-priseur Rouillac, en présence de Stéphane Bern, en faveur de la cathédrale Notre-Dame de Paris; l’orfèvre Goudji concoctera ensuite par ce biais pécuniaire une pièce unique qui sera installée dans l’édifice parisien, avec une copie déposée dans la cathédrale de Blois. Un dernier soubresaut est ardemment escompté, politiquement parlant, du côté du parti Les Républicains (LR). «On ne peut nier la situation difficile dans laquelle nous sommes après les élections européennes de mai, nous ne sommes jamais descendus sous deux chiffres à un scrutin.Cet échec, il faut le surmonter le plus intelligemment possible. Il faut accepter les grands changements de société, nous vivons une nouvelle époque et il convient de s’adapter. Sinon, nous deviendrons un parti supplétif,» commente Nicolas Perruchot qui félicite au passage le candidat identifié pour Blois en 2020, le chef d’entreprise Malik Benakcha, pendant que le député Guillaume Peltier a renoncé à la présidence nationale des LR au profit de Christian Jacob. «Plus qu’une étiquette, à l’échelon local, c’est le projet et le débat d’idées qui comptent le plus. » A bon entendeur.

*Cette version paraît en ligne in extenso, contrairement à l’article dans notre édition papier du mardi 23 juillet. Crédit photo : (c) Emilie RENCIEN.