Le Centre Charles Péguy à Orléans, relate au travers des unes de journaux, les savoureuses histoires criminelles de la fin du XIXe siècle. Les dessins, aquarelles et gouaches sont impressionnantes de qualité et de vérité. Des œuvres d’art d’une rare intensité.
Le saviez-vous, Charles Péguy lisait les aventures de Chéri Bibi, forçat et caïd, imaginé par l’écrivain Gaston Leroux ? Et c’est pour cela que le Centre Charles Péguy a constitué au fil du temps une formidable collection d’articles de presse et de romans consacrés à la criminalité de la fin du 19ème siècle. Ainsi, et aussi étonnant que cela puisse paraître, Sandrine Sigiscard, bibliothécaire du centre Péguy, a ressorti tout une collection de couvertures de journaux et de romans feuilletons, pour raconter ce qu’était ce genre littéraire à la grande époque (1891 – 1919).
« On est à l’ère de l’industrialisation, dit-elle, de la Tour Effel, de l’automobile, de l’eau et du gaz à tous les étages. Alors que les Français devraient être euphoriques par tant de modernité, c’est l’anxiété qui domine ». Tout va vite, trop vite, sans doute un peu comme aujourd’hui. La presse le comprend bien et pour attirer de nouveaux lecteurs, elle relate les faits divers les plus glauques et sordides. Pourquoi ? « Sans doute parce qu’en regardant le malheur des autres, on se rassure soi-même ».
Associations de malfaiteurs
Et ça marche. La presse à scandale va bien, encore faut-il fidéliser les lecteurs. C’est ainsi que sont nés les romans feuilletons. « Sur la base de faits réels, des écrivains racontent et romancent. Les histoires sont découpées et diffusées chaque jour, semaine ou mois ». Les héros de l’époque s’appellent Tenébras, Fantomas, Zigomar, Chéri Bibi ou Arsène Lupin. Ils sont sanguinaires, gentlemen ou bandits de grands chemins. Leurs aventures se racontent dans les journaux comme Le Matin, Le Journal Illustré ou Le Petit Journal. Les journalistes et les dessinateurs nous racontent les cambriolages, empoisonnements et autres crimes passionnels du quotidien.
L’un de ces criminels est même proche de la ville Johannique ; Marius Jacob, anarchiste libertaire s’est fait pincer à Orléans, y fut jugé et condamné au bagne.
Pour le plaisir des yeux, courrez au centre Charles Péguy, voir cette exposition comme on en voudrait plus souvent. Centre Péguy, 11 rue du Tabour – Orléans – Jusqu’au 17 mai 2020