Esclavagisme au XXIe siècle, une honte pour l’humanité


Fin novembre à Vierzon, Yacouba Mané et son association  « Asso 2 Bouts » avaient invité les vierzonnais à se rassembler esplanade de La Française pour crier haut et fort : « Non à l’esclavagisme ».

Yacouba, depuis des années, lutte  contre toute forme d’injustice, de racisme en plus des actions menées par son association pour des missions humanitaires envers des populations sénégalaises, en particulier des enfants, afin de leur apporter du matériel éducatif, des vêtements et une aide pour améliorer leur vie quotidienne. Aujourd’hui, le cri qui s’élevait de l’esplanade de La Française était en ligne directe avec les évènements récents révélés par la télévision américaine CNN au cours d’un reportage à faire frémir en ce XXIe siècle : des migrants africains étaient vendus comme esclaves en Lybie. « Ce sont nos frères qui vendent nos frères… » Yacouba s’indigne : «  c’est insupportable, il faut dénoncer, informer, c’est d’une gravité extrême et nos politiques, qu’ils soient européens ou africains doivent non seulement se mobiliser mais agir car cette violence est  une honte. Nous devons nous aussi faire entendre nos cris pour défendre la cause humaine et ses valeurs de fraternité qui sont mises à mal par toutes les violences perpétrées par une minorité qui veut asservir le monde. Ce qui vient de se passer m’empêche de dormir mais je ne veux absolument pas me considérer comme une victime, nous avons notre destin entre nos mains et peut importe notre couleur de peau, notre religion, nos origines, nous pouvons faire quelque chose et à force de crier et faire du bruit, j’ai l’espoir qu’un jour, le bien vaincra le mal. Pour cela, il nous faut être solidaires, accepter cette richesse de la différence qui nous fait tous grandir. C’est par cette solidarité que nous serons des forces vives car plus nous communiquerons, plus nous échangerons plus nous respecterons et plus nous serons forts… ». Retentissant message de paix et de fraternité pour Yacouba, pour que le peuple africain prenne en main son destin et il le peut. Au Sénégal en particulier et dans d’autres pays, la voix de l’Afrique se fait entendre mais il y a encore bien du chemin comme le dénonce la romancière Hemley Boum dans  une tribune publiée dans Le Monde* : «  Personne ne protège les Africains, alors chacun peut faire son marché » et d’ajouter : «  l’hypocrisie de l’Europe qui trie ses immigrés et des dirigeants africains qui les poussent au désespoir et au départ… ». Pour reprendre une réaction d’indignation, nous citerons le footballeur de Liverpool, international sénégalais Sadio Mané : « Non à l’esclavage en Lybie. L’Homme noir n’est pas une valeur marchande… ». Nous faisons nôtre cette citation et accompagnons Yacouba dans sa quête d’humanisme et de respect de l’être humain et honte à ceux qui bafouent ces principes.

Jacques Feuillet

* Le Monde du 29 novembre 2017