Éric de Montgolfier se confie au Petit Berrichon


Avant de quitter la scène judiciaire, Éric de Montgolfier se confie au Petit Berrichon
Le procureur le plus célèbre de France, après avoir beaucoup usé de la parole dans ses réquisitoires, prend la place du prévenu et parle de sa retraite.

« J’ai promis un deuxième livre à mon éditeur, je vais m’y atteler. Mon épouse Elisabeth a déjà feuilleté les catalogues de voyages, l’Espagne, le Maroc ou Saint Petersbourg sont des destinations qui me tentent bien. Et puis nous avons décidé de vivre en Provence, et la recherche d’une maison va nous occuper quelques temps. Pour la suite on m’a proposé de passer de l’autre côté de la barre et de devenir avocat, mais je n’y songe pas, ce n’est pas ça la retraite !
Il est vrai que j’ai eu peu de vie privée, mais je n’ai jamais souhaité être protégé, je craignais que cela inquiète ma famille. Malgré l’exemple du travail acharné que j’ai pu donner, j’ai la satisfaction de voir la cadette de mes trois filles embrasser la carrière judiciaire après l’École Nationale de la Magistrature.
Au cours de ma carrière j’ai regretté que la Justice quitte progressivement une approche individuelle au profit d’une approche quantitative, sous la pression des statistiques.
Des regrets ? Peut-être de ne pas avoir dirigé l’École Nationale de la Magistrature, avec plus d’indépendance du magistrat, et pourquoi pas un tronc commun magistrats-avocats.
Ma plus belle satisfaction : après le procès Valenciennes/OM l’article 11 du code de procédures pénales a changé et autorise enfin le procureur à s’exprimer dans les médias, dans le respect de la présomption d’innocence évidemment.
La politique ? Le pouvoir corrompt ceux qui le possèdent, avec ce syndrome des dorures, des grosses berlines, et une étrange relation avec la sexualité.
S’assurer de la moralité des politiques ? Il suffit d’appliquer la loi, inutile d’en créer de nouvelles à chaque événement. Aujourd’hui on fait de la politique à court terme.
Parmi les jeunes procureurs je pense qu’Olivier Caracotch qui a été mon substitut à Nice a un fort potentiel et devrait reprendre le flambeau d’une Justice plus morale et humaine que j’ai toujours défendue. »

Propos recueillis par G.Brown

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