Ils ont marché trois mois et couvert 3 000 km sur les routes de France. Les activistes du « Relais Jeunes » sont arrivés ce week-end à Paris, après être passés à Orléans, portant leur message pour replacer les enjeux de démocratie, de justice sociale et d’environnement au centre du débat national.
Alors que la France vote pour élire ses députés, des jeunes se sont mobilisés pour faire entendre leurs idées, partager leurs convictions et rencontrer ceux qui, à leur façon, se sont déjà engagés dans une réforme de la société. Sasha de Laage est à l’origine du « Relais Jeunes », sorte de fédération d’associations préexistantes. « L’idée a mûri il y a trois ans, informe-t-il, nous voulions aller plus loin et faire valoir le besoin impérieux de changer notre société ». À la lumière du militant écologiste Paul Watson, de Martin Luther King ou de Gandhi, ils militent pacifiquement, rappelant à qui veut bien l’entendre, que le capitalisme mondialisé est à bout de souffle. « Plus que jamais, parlons de notre jeunesse et de notre vie dans les vingt prochaines années. Le temps presse, ajoute Sasha. Au-delà des trois minutes de plateaux télé que se disputent les candidats à la législature, il faut creuser les vraies thématiques, comme la biodiversité, le climat, les énergies, l’extinction de masse ou la pêche raisonnée ».
Des AMAP plutôt que la PAC
Mieux que de trouver des solutions techniques à un problème technique, le relais jeunes milite pour un changement de paradigme. Le modèle social qui nous est proposé, basé sur la croissance, ne fait selon lui, que reporter le problème. Il faut construire de nouvelles alternatives. Alors oui, « des AMAP plutôt que la PAC subventionnée par nos impôts. On paye deux fois notre nourriture » ! Les énergies décarbonées, c’est bien, mais la sobriété énergétique, c’est mieux. Et les Jeunes de rappeler que le rapport du GIEC nous répète une fois encore qu’il nous reste trois ans à peine pour espérer stabiliser la Terre sous le seuil fatidique d’une augmentation de 1,5°C. « Des solutions existent, insiste Sasha de Laage, encore faut-il ne pas adapter les chiffres et s’en arranger ». Mais le rapport a été publié deux jours avant le début de la guerre en Ukraine, relayant l’alerte au second degré des informations de ce monde.
Sasha de Laage le connaît bien ce monde : « À Sciences-Po, j’ai appris le Vieux monde dit-il. Mais j’ai aussi vécu en Amérique du Sud, aux États-Unis, en Indonésie, et passé quelques mois sur le Sea Shepherd, bateau activiste qui m’a conforté dans l’idée qu’il fallait agir, et vite ».
De passage à Orléans
Ils étaient donc des dizaines, puis des centaines parfois sur les routes de France, de Lille à Grenoble, de Marseille à La Rochelle, de Nantes à Paris en passant par Orléans, où ils ont fait halte il y a quelques jours. Tables rondes, débats, rencontres de zadistes et d’associations, le Relais Jeunes fait corps, espérant fédérer plus que jamais, les milliers de jeunes qui tirent constamment la sonnette d’alarme, et sonnent parfois le tocsin. Une mosaïque de gens engagés, conscients que la solution n’est pas dans la politique actuelle. Ils sont d’ailleurs a-partisans, ou plutôt trans-partisans, bien que le message soit politique. « Raison pour laquelle nous ne sommes pas allés à la rencontre des candidats, explique Sasha. On a malgré cela reçu des courriers de certains d’entre eux ». D’autres les ont soutenu comme le député européen Pierre Larrouturou, le député Matthieu Orphelin ou l’activiste Camille Étienne. Et c’est toutefois aux abords de l’Assemblée Nationale que s’est achevé leur périple, avec à la clef prochainement, la réalisation d’un documentaire rappelant l’aventure et l’engagement de jeunes trentenaires qui ne se retrouvent pas dans le modèle sociétal qu’on leur propose. « 60% des jeunes se disent inquiets pour leur avenir, insiste Sasha, on espère voir ce film dans les facs, les écoles et les festivals ».
Le Relais Jeunes espère bientôt transmettre le flambeau à un autre relais, qui sans doute prendra la route à son tour.
www.relaisjeunes.fr
Marc Lagaede
