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Enfants dormant dans la rue : la Ville de Blois tend la main, qui suivra ?

Le collectif « Pas d’enfants à la rue 41 », né il y a un peu plus de quinze jours, dénonce le sort inhumain réservé à une trentaine d’enfants selon son estimation sur le département de Loir-et-Cher, dont les familles d’origine étrangère auraient selon les cas été déboutées du droit d’asile. Ces jeunes passeraient actuellement la nuit dehors, bien que scolarisés dans des écoles à Blois. Devant cette détresse, le maire de Blois a décidé d’en héberger une petite partie.

Marc Gricourt, hors-la-loi ? Il a préféré en rire le 13 novembre lors d’un point presse, invitant les journalistes à venir le prendre en photo, menotté, le cas échéant. «Je suis prêt à assumer, » commente-il plus sérieusement. Les sourires restent en effet graves. «Un courrier a été envoyé à la préfecture fin septembre. Je m’étais ensuite exprimé sur le sujet lors de l’ouverture en octobre des Rendez-vous de l’Histoire de Blois sur la thématique cette année « des morts et des vivants ». Nous avons à Blois des vivants, des familles à la rue, et c’est insupportable. Ce n’est pas une question d’immigration; nous répondons à un besoin vital humain. Des enfants sans toit, c’est inacceptable,» a ajouté l’élu, accompagné du maire adjoint Benjamin Vételé, par ailleurs conseiller départemental, qui a interpellé à nouveau de son côté le Département lors d’une énième commission permanente. « Nous allons donc accueillir dans un logement décent de la ville deux familles. Pour quelle durée ? Aucune idée. » Ce type de situation, difficile, n’est pas réservée qu’au seul Loir-et-Cher; elle se rencontre ici et là, en France. Au moment où le projet de loi immigration est sur la table d’examen nationale et nourrit déjà fortement les discussions des parlementaires, c’est souvent la même histoire : des familles arrivent sur le sol français, les enfants sont scolarisés, mais sans adresse fixe ni logement, car leurs états administratifs demeurent irréguliers pour diverses raisons. Souvent bien compliqué. Dans un département voisin proche, en Indre-et-Loire, à Tours, le député écologiste Charles Fournier a ainsi choisi de transformer une fois le soleil couché, sa permanence politique en dortoir d’urgence ou hôtel de fortune, pour cinq enfants et leurs familles. À Blois, la municipalité socialiste, qui aimerait « faire plus » sans pour autant « vouloir créer d’appel d’air »,  va héberger pour sa part deux mamans et neuf enfants dans les murs de l’espace jeunesse La Fabrique, dans le cadre d’un partenariat conventionnel avec le collectif «Pas d’enfants à la rue 41» et le FSU (Fédération syndicale unitaire). 

Deux dates de manifestation, plus un rendez-vous au Département, en attendant 

En parallèle, deux familles avaient, quelques journées plus tôt, été hébergées en urgence dans deux écoles de Blois, Victor-Hugo et Jules-Ferry, puis une autre encore deux jours plus tard à l’école Molière. Etc. Mieux que rien, mais pas suffisant, à entendre le collectif «Pas d’enfants à la rue 41 », qui a réussi à mobiliser en trois semaines et réunir parents d’élèves, enseignants et citoyens (au moins 100 personnes et près de 2 000 contacts sur Facebook) autour de ces problématiques d’accueil. Mais comment faire quand ce n’est toujours pas possible pour les collectivités et élus locaux justement dans l’impuissance de faire, malgré les tentatives de solutions provisoires, le triste constat et l’empathie ? Tous les acteurs s’affirment conscients que ces vagues d’arrivées risquent de ne pas diminuer du fait de facteurs favorisant (économiques, climatiques, sans oublier les conflits et guerres…).  Ce collectif blésois a recensé une trentaine d’enfants sans adresse fixe sur le département qui dormiraient à la belle étoile; il a en sus déposé des demandes de permis de séjour, épaule les familles juridiquement, et par conséquent, réitère, son appel, à créer une chaîne de solidarité, auprès de l’État et du préfet Xavier Pelletier (qui a reçu le groupe le 10 novembre, ndrl); du président du Conseil départemental, Philippe Gouet, de l’inspectrice d’académie, mais aussi à l’attention des communes environnantes de Blois. «C’est indigne ! Il n’y a pas d’autre mot. Ces gens veulent travailler, nous avons par exemple une femme aide-soignante. Nous sommes notamment choqués du débat au Sénat sur la suppression possible de l’AME (Aide médicale d’urgence). Impossible de rentrer dormir tranquillement chez nous alors que les copains de nos enfants n’ont pas de lit. Il faut un vrai sursaut humaniste dans notre pays, le pays des droits de L’Homme. Ces enfants n’ont rien demandé », martèlent, Julien Colin, professeur des écoles au sein de l’établissement scolaire élémentaire blésois Mirabeau; Sébastien Ricordeau, ancien délégué départemental de la FSU; et Didier Richefeux, membre du collectif de soutien aux sans-papiers, reçus par le maire Gricourt en début de semaine (Cf. notre photo). «Si chacun fait une petite part, le nombre de familles dans la difficulté de trouver un toit baissera drastiquement. »  Le collectif annonce deux dates pour « montrer sa détermination » :  lundi 20 novembre, à 17h30, devant la préfecture de Loir-et-Cher à Blois, place de la République, ainsi que mercredi 29 novembre, à 18h, avenue de l’Europe, à Blois, à la Bourse du travail. Et aussi, une délégation sera reçue ce vendredi 17 novembre par le Conseil départemental. À suivre. 

É. Rencien

Contact : Pasdenfantsalarue41@gmail.com

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