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Énergies vertes : François Pesneau répond

“La vallée de la Cisse menacée par des éoliennes!” Après des panneaux photovoltaïques en Sologne, à Gièvres qui dérangent, c’est dans le Blaisois, sur la commune de Valencisse qu’une étude inquiétait, mobilisant un collectif citoyen. Le préfet de Loir-et-Cher a réagi sur ce point à l’occasion de l’une de nos interrogations lors d’un petit-déjeuner à Blois le 16 mai.
Le projet aurait figuré depuis un an dans les tuyaux, en catimini, selon quelques habitants de la vallée de la Cisse, près d’Herbault, qui avaient choisi d’alerter la presse par mail. Une réunion, non publique, s’était tenue pour les élus le 13 mai. Ces résidents, s’affirmant “choqués et désemparés » selon leur propre vocabulaire, avaient créé une page Facebook, “Protégeons Valencisse”(www.facebook.com/Protégeons-Valencisse-102485435803262/). Ils expliquaient mi-mai : “nous apprenons officieusement qu’un projet d’implantation de parc éolien est à l’étude en mairie de Valencisse. À aucun moment, la population n’a été avisée de ce projet gigantesque : sept hélices de 160 à 180 mètres de hauteur, implantées sur 4 zones pour une puissance de 24 Mégawatts, visibles à plus de 30 km à la ronde. Les préjudices sur les paysages, la nature et le patrimoine historique sont incontestables et nuiraient gravement à l’esthétique et à la notoriété de la vallée de la Cisse. Les risques et les nuisances dépassent de loin les avantages que la commune de Valencisse pourrait en retirer. En effet le conseil municipal devra donner sa décision définitive avant la fin du mois de juin 2022 pour un engrenage irréversible qui touche à l’âme et la beauté de nos territoires au nom d’une écologie destructrice et dantesque !” La neutralité carbone est souhaitée par la France d’ici 2050 et pourtant, ce même pays semble à la traîne en termes d’énergies de production verte (actuellement, 26% de l’électricité française proviendrait de cette source renouvelable, contre 45 % en Allemagne). Moralité, il faudrait accélérer selon toute vraisemblance mais la population hexagonale ne semble pas encline à l’entendre de cette oreille. Le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, a souligné en mai : « Le dialogue est primordial. Nous ne pouvons faire si les gens n’en veulent pas. »

Un département plutôt défavorable à l’éolien
Concernant le mix énergétique du Loir-et-Cher (photovoltaïque, éolien), n’oublions d’y ajouter la méthanisation avec un dossier à Fossé qui déplaît également visiblement. Le préfet de ce département, François Pesneau a désamorcé la bombe. “La politique énergétique entend profiter à notre système collectif. Certains ne veulent pas de plateformes logistiques mais achètent sur Internet, d’autres veulent une énergie propre mais pas chez eux… Tout devient source de polémique. À un moment, ill faut pourtant l’accepter !” argumente le représentant de l’État. Il poursuit. “Pour Fossé, le projet, excellent, est porté par 14 agriculteurs, l’avis rendu par la la commission de préservation des espaces naturels, agricoles et forestiers (CDPENAF) a été favorable. Pour le photovoltaïque, nous implantons cette technologie sur des terrains qui s ‘y prêtent, des friches, des ex-carrières.” Le préfet cite l’exemple de l’ancien Giat (Groupement industriel des armements terrestres) à Salbris qui a été cédé par le Conseil départemental fin 2021 via la société d’économie mixte, 3 Vals aménagements, à Baytree, filiale immobilière du groupe Axa qui développe des plateformes logistiques en Europe, tandis que des accords ont été engagés avec Photosol, entreprise spécialisée dans la production d’énergie photovoltaïque. Existe ainsi, toujours à Salbris,un potentiel de photovoltaïque supplémentaire sur l’EPMU (établissement principal de munitions), l’idée est en cours de cheminement en lien avec le ministère des armées. Quant aux éoliennes de Valencisse ? “Un travail est opéré avec la DRÉAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement), mais aucun projet n’a pour l’instant été déposé, il s’agit juste d’une étude, » a détaillé François Pesneau, en rappelant. « Les visées énergétiques sont rigoureuses, réparties par département, en cohérence avec les objectifs en dur du SRADDET (Schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires). L’équation peut être toutefois complexe, chaque projet est regardé scrupuleusement, beaucoup de sociétés dans le domaine de l’énergie prospectent. L’Eure-et-Loir est plus en avance sur l’éolien (255 comptabilisées sur ce seul département à l’hiver 2022, ndrl), on pourrait presque s’en échanger ! Plus sérieusement, en Loir-et-Cher, le Conseil départemental est fermé à l’éolien, aimerait accélérer sur le photovoltaïque. Pour ma part, même si le SRADDET ne prévoit pas ça comme ça, et qu’il faudrait le réviser pour changer la donne, j’essaie plutôt de défendre le photovoltaïque car pour moi, l’acceptation de l’éolien est davantage compliquée sur notre département qui est riche en termes de patrimoines, avec la Loire et des classements à l’UNESCO. Je ne prévois pas par contre de produire une carte d’implantation départementale pour éviter les appels d’air. » Des propos qui rassureront peut-être les anxiétés mécontentes. D’autant plus que le dossier dans le vent précité semble tué dans l’oeuf d’emblée : le 20 mai 2022, le conseil municipal de Valencisse a finalement émis un avis défavorable pour les fameuses éoliennes. Les citoyens mobilisés ont confirmé que “le projet proposé par la société Solvéo a été rejeté à 15 voix contre 7. Notre collectif est heureux de cette décision réaliste et n’a plus de raison de s’activer. Cependant nous restons vigilants.”
É. Rencien