Non, l’heure de nos vacances à Cannes, en bikini (et non en burkini), n’a pas encore sonné. Bien que l’édile de cette ville de la Côte d’Azur, David Lisnard, président de l’Association des Maires de France (AMF), viendra fin juin au congrès des maires 41 en Loir-et-Cher, si ! Aparté réjoui refermé, non, c’est plutôt une actualité, moins ensoleillée, gratinée d’un constat en bord de Loire avec un ministre en Marche devenu ministre en Renaissance, qui nous aura remémoré la fameuse héroïne pour enfants, non pas Émilie en vérité mais Martine ! “Martine fait du vélo”, “à la ferme”, fête son anniversaire”… Alors que le monde vit encore sous le joug Covid-19 qui isole, pimenté d’une salade de variole du singe et de grippe de tomate indienne, en attendant peut-être la brandade tigrée du moustique-20 et le tiramisu de la fraise qui se la ramène; alors que des tragédies sanglantes comme le meurtre à Marseille d’un médecin militaire semblent sous une cloche de silence, une autre partie de la planète aux antipodes cherche constamment la lumière. Chacun connaît l’entertainment américain, partageant ce pays entre puritanisme et voyeurisme exacerbés mêlés. Un bel exemple en date ? L’envers du décor, non pas de cinéma, mais d’une réalité intime glauque étalée sans filtre sur la place publique; celle de la relation de couple plus que toxique, nourrie à la coke, entre Johnny Depp et Amber Heard où chaque partie, malgré le jugement pour diffamation rendu, aura, selon nous, à égalité alimenté ce moulin de noirceur et de chaos privés. Une autre illustration parlante du moment ? Les pictures de Britney Spears, “libérée, délivrée” de la tutelle de son père, mais également de ses fringues au regard de ses aventures instagrammées en tenue d’Eve. Les USA, quoi. En France, entre deux tours d’élections législatives ce mois-ci, la sphère politique se surexpose en mode « Martine ». Petit à petit, de plus en plus. Avec l’avènement des réseaux sociaux – lesquels n’ont parfois rien de bien “social” concernant la nature des mises en relation qu’ils génèrent -, il existe des hommes politiques (rares sont les femmes dans cette matière) qui excellent dans cette communication virtuelle. Cette première illustration aura marqué car en Loir-et-Cher, elle continue d’être citée : personne n’a oublié la photo publiée du maire PS de Blois, Marc Gricourt s’adonnant à son jogging en micro-short seyant noir. Une image sexy gravée qui a pu nourrir des votes dans les urnes ! Il suffit d’un détail. Depuis, d’aucuns se sont pris au jeu, des selfies. Des apprentis élus, essayant de se créer un nom, postent à leur tour leur balade en forêt, l’achat d’une BD Picsou à leur progéniture, etc. C’est mignon, drôle, ça rend sympathique et ça ne mange pas de pain. D’ailleurs, dans la catégorie poids lourd sur l’écran, impossible de ne pas citer l’ex-LR et néo-reconquérant Guillaume Peltier, qui se définit “candidat de la vraie vie, qui fait tout” jusqu’au collage d’une affiche de sa campagne, d’après l’une de ses vidéos Facebook-Meta. Certain(e)s, émoustillé(e)s, auront assurément conservé des captures d’écran, toujours sur la plateforme de Mark Zuckerberg, des balades de ce (bientôt) ex-député, s’affichant lui aussi en short, court (mais rayé pyjama), avec son chien Milo lors de ses parties… de pêche en étang, sans oublier sa pose d’Adam torse nu et imberbe sur Instagram (un épisode supprimé en ligne, quoique, à vérifier!). Cela doit être cela la communication d’élus locaux qui se réclament “de proximité”. C’est une dénomination très à la mode en 2022, usitée par divers candidats à la députation pour rapprocher le quidam. Est-ce que cette emphase de “proximité” déclamée en ligne, d’une recette empruntée à la real tv et au shampoing de Nabilla, attire les citoyens dans l’isoloir, à une heure où l’abstention est réellement imposante ? Si l’ensauvagement de la société paraît se banaliser, c’est en sus le cas de la personnalisation de la vie quotidienne de nos responsables politiques. À une époque qui montre beaucoup, seuls François Hollande et Julie Gayet ont su garder le secret jusqu’au bout de leur mariage à Tulle. La clé réside sans doute dans un scooter, ou donc, étant donné la récurrence précitée, un short ! À la plage, à Cannes ou ailleurs, si effectivement, ce vêtement peut servir, en politique… Se faire tailler un short n’est jamais positif. Certains candidats le savent depuis les résultats des urnes du 12 juin : ils et elles maîtrisent formidablement les moyens de diffusion dématérialisée mais toutes ces « Martine » n’ont peut-être jamais autant mal communiqué.