Rassemblement National : présence “Marine” à Mer
Après être venue à Romorantin en 2017, la présidente du Rassemblement National aura à nouveau choisi la terre du Loir-et-Cher pour faire passer ses messages. Et les petites phrases n’ont pas manqué. Florilège.
« On arrive », pouvait-on lire pour slogan sur les affiches du Rassemblement National. En tête ? Plutôt pour le moment, en ville, dans le Loir-et-Cher. En parlant de cela, d’ailleurs : « Mer, c’est une commune de paysans ? » aura questionné un journaliste parisien. De quoi faire sourire les locaux, notamment la poignée de manifestants, habitants de la commune, arborant des pancartes jeux de mots, là aussi parfois non compris. L’une d’elles disait : « voter RN ça sert aryen ». Ce à quoi certains militants auront rétorqué. « Vous ne savez même pas écrire en plus, il y a une faute ! ». Autre sourire. « Nous, on n’est pas racistes, on ne l’est pas, et on travaille aussi ! » auront de leur côté martelé les nombreux Gilets jaunes présents au meeting du RN. Pendant ce temps-là, Marine Le Pen, à Avaray en conférence de presse puis à Mer, donc en meeting, samedi 13 avril, accompagnée de la tête de liste aux européennes, Jordan Bardella, et du député européen Nicolas Bay, aura dégainé « l’Europe des Nations face à l’Europe de Macron, » assénant un « plus on est affreux, plus on gagne !». Bien, bien. À sa façon, chacun aura usé de sa rhétorique. Et sinon, les idées défendues ? Citant Jeanne d’Arc, le RN, se présentant, nous l’avons noté, comme « humaniste, « enraciné et non nomade », souhaite au niveau des idées pour l’avenir européen, nous citons pêle-mêle, du « bon sens », « améliorer la monnaie euro », « un mix énergétique avec nucléaire car les migrants, c’est comme les éoliennes, tout le monde en veut bien mais chez les autres », etc. Mais la vraie question, finalement, est la suivante : comment attirer les électeurs aux urnes, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’Europe ? « Il faudrait mettre en place une proportionnelle, y compris à l’Assemblée nationale pour intéresser les Français, que les lois proviennent du peuple ; c’est un problème de représentativité. Il faut surtout leur expliquer que ce qui se décide à Bruxelles impacte directement leur quotidien, par exemple la retraite à points qui se prépare,» a répondu Marine le Pen, avançant un dernier argument. « Nous, nous menons campagne au cœur de la France, en périphérie, là où d’autres ne viennent plus. Alors, allez voter en masse le 26 mai ! Et pour la France, il faut voter pour battre Macron !» Et voilà les retrouvailles revanchardes : le match retour, après le face-à-face d’entre-deux tours lors de l’élection présidentielle il y a deux ans, est bien lancé. Nous n’aurons pas insisté sur les histoires en cours, comme le départ du Parlement européen de Jean-Marie Le Pen et des 320 000 euros qui lui sont réclamés dans une affaire de soupçons d’emplois d’assistants d’euro-députés Front national présumés fictifs. Sa fille, Marine, aura juste rapidement commenté ainsi. “Cela va plus vite que pour Benalla…”
É. Rencien
À gauche : Raphaël Glucksmann a fait battre le cœur de Blois
Présent au Printemps de Bourges la veille, la tête de liste Place Publique-PS pour le scrutin européen de mai a pris le temps vendredi 19 avril de s’arrêter sur le chemin du retour à Blois et à Azé, saluer le maire Marc Gricourt et le président de l’agglomération, Christophe Degruelle, le premier secrétaire fédéral du PS 41, Frédéric Orain, et l’une de ses colistières, la député européenne Karine Gloanec-Maurin, ainsi qu’une poignée de militants. Morceaux choisis d’une visite tout en charmes.
« Se donner à fond, se plonger en nous, assumer nos principes et nos convictions, parler avec le cœur. » Raphaël Glucksmann ferait facilement battre le cœur de plus d’une femme, mais que vaut-il en politique ? Pour savoir, nous l’aurons “bousculé” en lui demandant (à lui aussi), textuellement, comment il est encore possible d’attirer les citoyens vers les urnes, d’avant plus lorsqu’il s’agit d’Europe, encore davantage quand la gauche ne parvient pas à être unie et que, de surcroît, l’intéressé a flirté avec la droite par le passé. Bam ! Le regard bleu envoûtant de Raphaël Glucksmann aura croisé le nôtre, paraissant un peu pris au dépourvu, échange visuel interrompu par son staff qui aura de suite coupé court. « On ne parle que de la visite de la maison de Bégon ce matin, pas d’autres sujets. » Le candidat aura tempéré en exprimant son souhait de répondre… sans répondre finalement à notre interrogation initiale à tiroirs. Taquinerie à part, comme tous les autres prétendants au titre, l’écrivain-essayiste, compagnon de la journaliste Léa Salamé, qui a connu il y a plus de 10 ans une aventure géorgienne, soutenant à l’époque le président Mikheïl Saakachvili, surnommé le « Sarkozy caucasien », émet en 2019 le vœu de voir naître une autre Europe (lui aussi). Son programme est donc un mix, selon ses propres mots, « de culture, d’écologie et de solidarité sociale. Il faut rompre avec la culture de l’austérité avec le libre-échange car le seul marché ne nous protège pas, il faut redevenir une vraie puissance politique pour que l’Europe soit l’avenir de la jeunesse. Pour lutter contre le réchauffement climatique, et pour la plupart des décisions pour notre quotidien, cela se fera à l’échelle européenne. Il y a toujours ce clivage gauche-droite, on nous dit que cela va se jouer sur le duo-pôle Macron-Le Pen mais il y a une autre alternative. On nous raconte l’Europe mais on ne la voit jamais. Certains disent que la gauche est morte mais on est toujours là. On voit bien les cas en Espagne de Pedro Sanchez et en Belgique de Paul Magnette.». Celui qui vit dans le Xe arrondissement de Paris, visant une “Europe girondine”, ajoutera même. « C’est le combat de ma vie. » Alors, séduit(s) ? Jean-Claude, ancien élu de la commune de Bracieux ainsi que Muriel, laquelle avait réussi à convaincre son mari de l’accompagner, faisaient partie du cocktail déjeunatoire organisé entre élus et militants acquis aux idées de gauche, ont conclu sagement dans la salle Dorgelès à Blois, alors que le candidat s’élançait vers la ferme de Gorgeat à Azé pour parler PAC, entre autres euro-dossiers liés à l’agriculture. « Nous venons écouter les uns et les autres. Surtout, allez voter. Ce n’est pas en restant dans son canapé que les choses bougeront ! » À bon entendeur…
Emilie Rencien