Édouard Philippe se délocalise, Carrier aussi…


Le Premier ministre dans le Cher
Les Carrier au rendez-vous d’Édouard Philippe
Au deuxième jour de séminaire gouvernemental dans le Cher, la venue du premier ministre Édouard Philippe et de plusieurs de ses ministres en bordure de Sologne, à Vierzon, a permis aux salariés de l’entreprise Carrier de Romorantin de faire entendre, un peu, leurs voix.
On peut se demander si commencer un triptyque berrichon par le marché aux bestiaux, celui de Grivelle, à Sancoins, n’est pas un signe avant-coureur d’une potentielle candidature présidentielle… un jour ! Voilà quelques décennies l’un de ses prédécesseurs était spécialiste du cul des vaches et cela lui avait plutôt bien réussi par la suite. Alors, un tour libéral au rayon de la vente des bovins, ça peut être un bon début. Surtout quand, juste derrière, on enchaîne avec une entreprise agricole. Heureusement que la suite du périple de ce mercredi passait par l’Abbaye de Noirlac …

Les Carrier dans la manif de Vierzon
C’est par un petit déjeuner avec les sportifs, au CREPS (Centre d’Éducation Populaire et de Sport) de Bourges, qu’avait débuté la journée. Après une nouvelle visite matinale dans une exploitation agricole, en Pays Fort, ce jeudi, c’est, accompagné de pas moins de trois secrétaires d’état, que le Premier ministre a enchaîné sa deuxième étape berrichonne. Un aréopage qui démontre la haute estime dans laquelle il tient la Silicone Valley du Berry, à Henrichemont. Désormais comment appeler autrement la ville fondée par Sully alors que le gouvernement est venu « soutenir les entreprises innovantes » en visitant les laboratoires GeniAlis, et en « échangeant avec les chercheurs, des startupers et des élèves entrepreneurs. » ? Franchement, on ne savait même pas qu’à quelques pas des artistes-artisans potiers de La Borne, on était à la pointe de la nouvelle économie du pays. Déjeuner avec l’élite du clavier et le cortège est revenu sur terre pour se rendre à Vierzon.
Là, une manif les attendait… Demander à des syndicalistes, cheminots en grève entre autres, de ne pas manifester pour la venue d’un ministre, surtout si c’est le Premier, c’est chercher la petite bête aussi !
Centre ville quadrillé. Deux costards-cravates cintrés, trop cintrés et ça fait des bosses sur le côté à chaque intersection de rue. Une rangée de barrières, des CRS derrière, pour empêcher les possibles manifestants d’aller plus loin, l’état de siège n’est pas loin. Une petite rue oubliée débouche sur l’hôtel de ville. … Six manifestants, quatre drapeaux, quinze CRS. Le tour est bouclé et l’oubli réparé ! Édouard Philippe peut arriver, le panneau d’information municipale lui fête sa fête, celle de tous les Philippe. Les Carrier étaient prêts à le faire aussi ! Pour eux dont la direction du groupe a annoncé la fermeture du site solognot, encore 90 salariés, dès l’été prochain, la manif de Vierzon était un passage obligé. Surtout que la fermeture serait dûe à des raisons économiques alors que les autres sites de production, en République Tchèque et Hongrie ne sont pas touchés… Alors un aller-retour à Vierzon, ce n’était pas si loin !
Heureusement que le vendredi était prévu plus calme, avec un peu de Bourges et un peu de Sancerre avant de rentrer à Paris, sinon ce n’est vraiment pas un boulot de tout repos que celui de Premier ministre délocalisé !
Fabrice Simoes