Du même bois, de Marion Fayolle – par Marieke Aucante


Premier paragraphe d’un texte court, inclassable, sur un monde paysan qui n’existe plus : « La bâtisse est tout en longueur, une habitation d’un côté, une de l’autre et au milieu une étable. Le côté gauche pour les jeunes, ceux qui reprennent la ferme, le droit pour les vieux. On travaille, on s’épuise et un jour on glisse vers l’autre bout. C’est plus pratique. Il y a une chambre au rez-de-chaussée, les escaliers sont moins raides, les pièces semblent disposées pour vieillir…… » Des mots simples pour écrire la beauté et la dureté d’une vie à la campagne où les animaux occupent une place centrale. Les paysans ne parlent pas et pour le plus grand bonheur des lecteurs, l’auteure invente un langage simple, parfois naïf, à la fois instinctif et travaillé, où Il est question d’héritage, de transmission, de tradition, de respect des anciens, de paysage, de tourbières, du temps qui passe…. Et grâce à cette langue inventive, nous sommes conviés à voir mourir le pépé, naître les enfants : « Ici, on fait toute sa vie sous la même toiture, on naît dans le lit de gauche, on meurt dans celui de droite et entre-temps on s’occupe des bêtes à l’étable ».

L’auteure a grandi avec cette ferme et cela se sent à chaque page. Les personnages s’appellent pépé, mémé, l’oncle et la gamine qui se construit en s’ouvrant au monde.
On vit dans cette ferme de l’Ardèche au rythme des bêtes : Ca saute, ça fonce dans les clôtures, ça lève le cul, ça fait des glissages, ça pète. C’est la première fois que les petits veaux sortent de l’étable. ça danse, ça explose, ça sursaute, ça s’entrechoque. »

Ce livre à la fois nostalgique, poétique et cru réjouira les lecteurs qui veulent retrouver ou découvrir une campagne française avec ses valeurs, en souvenir d’un monde qui se meurt ou simplement pour le plaisir de lire un texte qui sort de l’ordinaire.

Marieke Aucante


DU MÊME BOIS
Marion Fayolle
Gallimard, 113 pages
16,50€

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