De foi solognote, il se murmure par nos aïeux que ce sont dans les vieux pots que se cuisinent les meilleures soupes. Cette année 2021, la vérité est amoindrie, en particulier en politique. Ce mois de juin, deux élections étaient lancées; l’une départementale, l’autre régionale. Et il y avait pléthore de candidats. Un arc-en-ciel doublé de l’opportunité de consommer 5 fruits et légumes journaliers. Rose, rouge, jaune, noir… Pommes, poires, pêches, bananes… Un peu de farine aussi… Sans oublier des pastèques ! “Rouge à l’intérieur et vert à l’extérieur”, selon la dénomination inoubliable assénée par Constance de Pélichy, maire de la Ferté-Saint-Aubin et conseillère régionale, à la fête de la Violette en septembre 2020, en pleine Sologne, envers EELV, parti associé au PS qui aura pourtant donné la pêche suffisante à François Bonneau pour sa réélection à la tête du Centre-Val de Loire. Dans ce cocktail survitaminé, il ne fallait jamais vendre la peau du chien avant de l’avoir tuée. Celle du député parigot-solognot LR ex-FN, Guillaume Peltier, qui, avec talent concédons-le, et sans états d’âme, sous des vagues de romontades et simagrées, a su très bien naviguer sans mal de mer au milieu du panier de crabes pour obtenir son fauteuil de conseiller départemental sur le canton de Chambord.
Au passage, une confession : réellement, nous adorons les animaux, que nous ne mangeons pas. Y compris le chien du député, Milo Peltier. D’autant plus que nous sommes habitués à la table de la ménagerie du Loir-et-Cher à des espèces rares, offrant par moments une image à vomir de notre territoire, à force de tracts montrant une patte blanche d’une noirceur moins sympathique que le pelage des pandas du zoo de Beauval. Donc, oui, comme une lectrice nerveuse le suggérait, pourquoi pas dans nos colonnes parler aussi d’autres chiens, incluant ceux de Julien Doré ! Lequel a chanté sur TF1, à Chambord début juin, immortalisant d’un selfie la commune de Mer. Mais ce n’est pas tout à fait le sujet local entonné ici. Bien que les 20 et 27 juin, résonnait presque le refrain d’une chanson adolescente : l’abstention, pas nouvelle, aura cette fois frappé fort d’une massue atone de près de 70%, faisant vaciller la bougie Macronie et chanceler la flamme RN. Et d’un coup, elle a fait “Bim Bam… Boum!” Contrairement à la mélodie pop de Clara, il ne s’agit aucunement d’une déclaration d’amour à la démocratie.
“Malaise”, “signal d’urgence”, “lassitude”. Les qualificatifs ont plu face à la mauvaise soupe obtenue. Subrepticement, de nouveaux ingrédients ont été avancés : et si le vote était possible par internet, aussi aisément qu’une commande e-commerce ? et si le vote blanc était enfin comptabilisé pour éviter de râler sur son canapé ? Après le cafouillage des professions de foi non reçues, la préfecture de Loir-et-Cher a informé d’un service en ligne pour se renseigner sur les candidats, tandis que LaRem a appelé l’adaptation des outils démocratiques (déploiement de la signature électronique et de la carte d’identité numérique, vote anticipé, etc.). Le jeune énarque romorantinais Jean-Baptiste Baudat, battu sur le canton de Saint-Aignan, a en sus tenté de convaincre les abstentionnistes à “faire entendre la colère dans l’urne,” en rappelant que “si vous ne vous occupez pas de la politique, la politique s’occupera de vous.” Un autre adage affirme que “qui ne dit mot consent”. Or, un troisième apophtegme confirme que “la parole est d’argent, le silence d’or”. L’abstention, mutique, est en soi une communication. Violemment expressive. En même temps, quand les noms d’oiseaux fusent dans certains conseils municipaux, et que les partis, plutôt que d’insister sur des sujets pragmatiques, se chicanent indéfiniment s’accusant de la patate chaude réciproquement…
Finalement, a posteriori, l’ex président du Département, Perruchot n’avait peut-être pas tort de pointer “80% de c***s”. Certes, ce n’est pas bienséant d’être franc du collier. Ne faisons néanmoins pas longuement l’autruche : ce chiffre est possiblement minimisé ! Chut, il n’est guère seyant pour une femme de… Justement, notons également le manque persistant d’engagement féminin politiquement. Certes, grâce à la parité, la gent féminine est conviée; parfois, sans doute, les coqs sélectionnent les cailles les moins enquiquineuses, et ainsi, tout le monde est content. Enfin, quand les poules auront des dents ! Dans un documentaire intitulé #SalePute, relatif au cyberharcèlement et au déversement d’une haine virtuelle bien réelle, diffusé le 23 juin sur Arte, la linguiste Laurence Rosier corrobore. “À partir du moment où elles l’ouvrent, elles se mettent en danger car elles vont tenir une parole qui n’est pas nécessairement attendue. Une femme au départ doit respecter les convenances. Elle fait l’éducation à la politesse des enfants. Elle doit être polie, mesurée, en retenue, non violente. Dès qu’elle adopte un ton qui n’est pas celui-là, qui est agressif, véhément, trivial, sexuel, on va lui faire sentir que justement, elle sort des codes établis et à ce moment-là, elle va en effet être punie.” Par conséquent, à défaut de canines féminines rayant le parquet, ne baissons pas d’un ton le bruit marqué de nos talons sur le parquet de sessions politisées, sans nous abstenir. A voté ! Le mutisme d’une femme est similaire à celui des urnes ce mois de juin 2021; un signe de mauvaise augure… De potentielle rupture, vers la force obscure en 2022 ?
Émilie RENCIEN