Découpage cantonal dans le Berry


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En 2015, les berrichons désigneront leurs «conseillers départementaux» qui remplaceront les conseillers généraux. Ils ne voteront plus pour un homme ou une femme mais parité oblige pour un tandem homme et femme sur des cantons redécoupés. En conséquence, presque la moitié des conseillers sortants vont disparaître puisque nos assemblées sont surtout composées d’hommes. Sur la moitié des hommes sortants qui arriveront à se représenter, certains pourraient bien aussi disparaître puisque la réforme implique un drastique redécoupage de la carte électorale, décrié par la droite et pas toujours soutenu par la gauche. Cela fait longtemps que l’on parle de supprimer les conseils généraux. Cette suppression se heurtait aux notabilités des élus locaux… Cette réforme va tellement renouveler les assemblées que l’on peut se demander si l’objectif ne serait pas à terme de supprimer le conseil général.

Les cantonales dans le Cher : Découpage ou charcutage ?
La session de l’Assemblée départementale fixée initialement au vendredi 10 janvier est reportée à une date qui devra être précisée. En effet, le Ministère de l’Intérieur a corrigé par courrier du 8 janvier le projet de décret transmis au Président du Conseil général le 24 décembre dernier en raison des «inexactitudes matérielles sur la désignation des axes et voies retenues pour la délimitation des cantons urbains». Or, le Code général des collectivités territoriales impose au Président du Conseil général un délai de douze jours minimum pour adresser aux conseillers généraux un rapport et une invitation avant une réunion du conseil général.
Avec ce texte officiel, le futur découpage des cantons du département du cher soumis à l’avis des élus du conseil général ne prendra effet que fin janvier certainement. Ce projet de délimitation des circonscriptions d’élection des conseillers généraux est relatif à la loi du 17 mai 2013 modifiant ainsi le calendrier électoral. Il convient de rappeler le contexte d’élaboration de ce texte et les objectifs qu’il poursuit. La loi du 26 juillet 2011 fixant le nombre de conseillers généraux constituait le point de départ du processus de redéfinition des limites cantonales. Le mode de scrutin retenu uninominal majoritaire à deux tours renonçait explicitement à l’objectif de parité hommes femmes. Au second semestre 2012, le gouvernement souhaitant redonner son autonomie démocratique au conseil général et désireux de moderniser les conditions d’élection des élus départementaux a saisi le parlement du mode électif prévu par les lois du 16  décembre 2010 et du 26 juillet 2011. Quatre aspects principaux méritent d’être rappelés pour comprendre ce projet .
1.Les électeurs de chaque canton élisent au conseil départemental deux membres différents qui se présentent en binôme de candidats
2. Le nombre de cantons est égal à la moitié du nombre de cantons existants au 1er janvier 2013 arrondi à l’unité impaire supérieure si ce nombre n’est pas un entier impair
3. Les conseillers départementaux sont élus pour 6 ans et se renouvellent intégralement.
4. Le binôme de candidats est élu au scrutin majoritaire à deux tours
Le nombre de cantons sera porté à 19 pour le département du cher (au lieu de 35)
C’est donc un changement radical que s’apprête à vivre le département et les élus devraient se prononcer cette fois fin janvier. A ce titre, le Petit Berrichon a souhaité connaître le positionnement de deux élus au conseil général et aussi candidats à la mairie de Bourges.

Irene Félix se positionne
La vice présidente du Conseil Général et candidate au fauteuil de maire donne au Petit Berrichon ses arguments et sa position. Concernant les cantonales et c’est surprenant, la candidate ne montre aucun sentiment de remise en cause du projet de redécoupage alors que son canton sur Bourges est sérieusement amputé : « A dire vrai je n’ai plus de canton. Sur ce projet de redécoupage il y a un  paramètre qu’il faut mettre en exergue : La parité. Enfin devrai je dire et c’est un bon dépoussiérage d’une institution menacée de ringardise. Il faut garder le lien entre les élus et les territoires gage de la vie démocratique. Nous verrons bien et je fais confiance aux électeurs qui savent ce que font leurs élus et qui sont souvent dans une démarche citoyenne. Je crois à cette réforme car elle va engager les élus sur une nouvelle dimension de la parité qui était un progrès dérisoire en 2011 et qui va donner du sens à l’engagement des binômes dans cette nouvelle configuration.

Incompréhensions et solutions pour Jean Michel Guérineau
Etranglement financier des départements, un découpage contraire à la tradition républicaine tant il est incohérent, l’avenir des départements remis en cause, la parité conçue actuellement comme une usine à gaz, des cantons urbains inférieurs en habitants à certains cantons ruraux, des cantons immenses dont certaines communes n’ont rien à voir entre elles d’où une notion de territoire complètement ignorée…Constats amers et inquiets du vice président du Conseil Général Jean Michel Guerineau qui au nom de son groupe politique votera contre cette  proposition de redécoupage : « un an avant les élections, la règle républicaine fait qu’on ne touche plus à rien. Des cantons ruraux vont être plus peuplés que les urbains avec des zones immenses qui ne ressemblent plus à rien. Certaines communes vont se retrouver dans une cohabitation avec d’autres en n’ayant aucune attache. Certains cantons sont traversés de part en part nécessitant la mise en place de nouveaux bureaux de vote, une aberration. C’est une véritable orientation vers le bi-partisme qui est contraire à la tradition française plus axée sur le pluralisme. La manière un peu cavalière dont tout est fait, ajouté à l’inquiétude sur l’avenir des conseillers départementaux, font que, en cohérence avec nos élus à l’assemblée et au Sénat, nous voterons contre ce projet… » C’est net, précis et cette loi va encore faire beaucoup de vagues dans une situation française déjà bien instable. On se pose beaucoup de questions sur cette volonté qu’ont les politiques à bouleverser les données républicaines en fonction de leur pouvoir, faisant fi des attentes citoyennes. Décidemment, on comprend de mieux en mieux le scepticisme ambiant voir la méfiance du peuple vis à vis des hommes politiques.
Un redécoupage très contestable pour Yves Fromion
«  Quand la gauche est arrivée au pouvoir, elle a annulé la réforme du conseiller territorial du gouvernement précédent et en a proposé une autre, qui confine à l’absurde en imposant que dans chaque canton,  les élections désignent un tandem avec un homme et une femme. C’est-à-dire qu’au lieu de réduire le coût et la complexité de l’administration territoriale, on l’accroit. On passe à trente-huit conseillers départementaux au lieu de trente-cinq: on n’a pas simplifié les choses ! Le système un homme-une femme entraine aussi un risque de division: c’est détruire l’esprit de responsabilité et le lien qui doit unir un homme et un territoire. En effet, les deux élus d’un même canton ne seront pas forcément du même avis sur tout: c’est le meilleur moyen de tuer le département !
Sur cette absurdité de fond, vient se greffer un redécoupage des cantons, très contestable car il vise en fait à favoriser une majorité de gauche dans les conseils généraux, et tout particulièrement dans le Cher. S’agissant de la première circonscription, j’observe que maintenir la ville de Saint-Germain-du-Puy, qui est totalement  incluse dans la zone urbaine de Bourges et l’agglomération, vise tout simplement à maintenir une majorité de gauche sur le nouveau canton constitué par la fusion du canton d’Henrichemont et de celui des Aix d’Angillon. Qu’il y a-t-il de commun entre le village de la Chapelotte et la ville de Saint-Germain-du-Puy ?
Autre grief: le regroupement du canton de Vailly-sur-Sauldre avec ceux de Léré et de Sancerre, qui aboutit à la création du canton le plus peuplé du Cher. Or, il eût été souhaitable de regrouper les cantons de Vailly-sur-Sauldre et d’Henrichemont, qui constituent le Pays Fort, en y rajoutant le canton des Aix-d’Angillon et sans la ville de Saint-Germain-du-Puy, qui devait être rattachée à Bourges. C’est ce que j’avais proposé, de même que le groupe Avenir pour le Cher du conseil général.
Je constate par ailleurs que les regroupements de cantons dans le nord du Cher défavorisent cette zone, qui ne sera plus représentée au conseil général que par quatre cantons. Seul élément positif: le rattachement des communes de Nancay et de Neuvy-sur-Barangeon au canton Solognot du Cher.

Au total, ce redécoupage, qui ne satisfait personne, apparaît bien pour ce qu’il est: une opération politique visant à conforter  la mainmise de la gauche sur le département du Cher. Quand on voit le résultat de sa gestion depuis dix ans, il n’y a pas de quoi se réjouir. »

Propos recueillis par Jacques Feuillet et Benjamin Chausseron