Quand les filles préparaient leur trousseau…
À Courmemin, une noce se prépare : elle aura lieu le jour de Berdigne-Berdogne, le 8 septembre prochain. Pour l’heure, la future mariée, aidée de sa mère et de sa sœur, met la dernière main à son trousseau. Préparer son trousseau ? Cette coutume très ancienne (on la mentionne dès le 17e siècle) a presque totalement disparu à la fin de la Première Guerre mondiale. Elle tenait une place importante dans la vie des jeunes filles : dès le plus jeune âge, dans les temps les plus reculés, elles ont appris à filer, à tisser, à coudre : une nécessité pour celles de condition modeste, les « mieux nées » se contentant souvent de travaux de broderie. Le trousseau traditionnel comportait tous les types de linge : celui de la maison (torchons, nappes et serviettes), celui de la literie (draps et taies), enfin celui de la jeune femme : sa lingerie avec ses initiales (chemises et corsets, jupons, culottes), ses vêtements de tous les jours (jupes, caracos, tabliers, câlines) et ses vêtements du dimanche avec la coiffe finement brodée qui remplace la câline. Nous n’avons pas retrouvé de listes précisant leur nombre, mais ces pièces étaient souvent conservées toute la vie et on les retrouve plutôt dans les inventaires réalisés après décès.
Leur nombre, très réduit parfois, pouvait aussi être impressionnant. Sa présentation, le jour du mariage, permettait de montrer qu’on était un bon parti : un signe social pour l’entourage et surtout pour la famille du futur époux. Il ne faut pas oublier non plus que les lessives étaient peu fréquentes (1 ou 2 par an) et que les commentaires du lavoir pouvaient être féroces ! Peut-être retrouverez-vous dans vos armoires un de ces beaux draps brodés ? Avant le mariage, sur le linge du ménage, seule figure l’initiale de la jeune fille, celle du marié sera brodée plus tard …ou pas ! Ou peut-être découvrirez-vous cette chemise en chanvre, au rude toucher et aux initiales cousues au point de croix de fil rouge ? Plus tard, elles seront plus fines : en lin ou en coton, avec de jolies broderies bordant les lettres. Le costumier de l’UCPS en renferme ainsi quelques exemplaires, avec, parfois, les mémoires de celles qui les ont portées.
Et c’est un peu de ces mémoires que Berdigne-Berdogne vous invite à retrouver à la fête de Courmemin.