Conseil départemental 41 : Un climat politique apaisé, mais des balles de golf


Une session plénière, ouverte à la presse, s’est tenue le 24 octobre à l’Hôtel du Département à Blois. Après les affaires, le calme semble revenu sur ces bancs. Au milieu de ce long fleuve chiffré où les mots, difficultés et finances, ont été moult fois répétés, un vœu du fait de l’opposition aura attiré l’attention, s’agissant d’un projet de green qui ne fait pas voir la vie en vert à l’ensemble des élus départementaux.
Les orientations budgétaires auront bien occupé l’assemblée d’élus départementaux fin octobre, dans une atmosphère nationale après-Covid qui appelle toujours à la prudence, plombée par l’inflation, des conflits, ainsi que des crises à la fois énergétiques et climatiques mais le Département de Loir-et-Cher a opté pour le maintien d’un budget, en l’augmentant (437 M€ contre 416 M€ en 2022). « C’est la volonté d’une politique dynamique. Nous devons poursuivre notre stratégie d’investissements malgré les incertitudes, notre gestion financière est saine, » a assuré le président de cette collectivité, Philippe Gouet (UDi). Ce choix politique s’est exercé dans un climat d’inquiétudes multiples, mais dans une ambiance de travail local, sereine pour une fois. L’opposition n’a pas par exemple remis le sujet de l’audit Perruchot sur la table et s’est montrée plutôt en accord avec l’exécutif. L’heure est à la construction. Pour preuve. « Des orientations budgétaires qui ne soulèvent pas de réprobation de notre part, » a indiqué Michel Contour, président du groupe Loir-et-Cher autrement (DVG). Stéphane Baudu (groupe CentreS 41) a apprécié la forme et le fond, en précisant : « nous nous y retrouvons. Nous avons tous bien conscience que c’est difficile, mais notre situation financière est saine, passe les épreuves.» L’élu a toutefois demandé
« d’aller plus haut, plus vite, plus fort, sur la réflexion de l’adaptation de l’échangeur autoroutier de Blois et la desserte de la zone d’activités, » ou encore « sur la transition énergétique et la sobriété». Pascal Bioulac (groupe La droite républicaine) a rappelé qu’
« en 2015 déjà, le débat d’orientations budgétaires présentait inquiétudes et incertitudes », tout selon ses termes en proposant de « secouer le préfet sur la question des réserves d’eau ». N’oublions pas Benjamin Vételé (Génération.s, gauche) qui a remercié « l’état d’esprit de l’assemblée départementale » et « le séminaire budgétaire que nous avons eu pour la deuxième année, qui témoigne d’un effort de transparence ». S’il lui aussi reconnu qu’il existe « des marges de manœuvres financières pour notre département, dans un contexte de malaise social profond, de colères; qu’il y a de bonnes volontés ici mais un classicisme,» il a à son tour invité le président Gouet à « aller plus vite, plus fort dans l’éducation et le jeunesse, la transition environnementale » notamment. Même le conseiller départemental, désormais non inscrit, Guillaume Peltier (Reconquête), est resté longuement (plus de deux heures) pour suivre les discussions dans cette enceinte, discret, un brin mal installé sur son siège. En résumé, les nuages noirs blésois et solognots très particuliers paraissent avoir disparu, au profit d’autres anxiétés beaucoup plus générales.

Un golf malvenu et un nouvel arrivant dans les rangs
Il aura fallu attendre l’achèvement des échanges et la lecture des dix rapports du jour pour finalement sans doute entrer dans un dossier intéressant ce 24 octobre-là, à savoir un voeu concernant un dossier touristique et golfique d’ampleur, le “Domaine de Pommereaux”, prévu à La Ferté Saint-Cyr. Un souhait est souvent positif; celui-ci se situe plutôt aux antipodes. Émis par le binôme d’union des gauches et des écologistes, Benjamin Vételé et Hanan El Adraoui, il a en effet visé à « interpeller monsieur le préfet sur les conséquences négatives de laisser poursuivre sa réalisation. (…) Ce projet prévoit sur une superficie de 400 hectares dont 240 hectares d’exploitation agricole, 119 hectares de forêts et de zones humides, la construction d’un complexe hôtelier 4 étoiles, des résidences hôtelières, 565 villas et appartements, un golf de 27 trous, une piscine un centre équestre et des terrains de tennis. Et tout cela sur un site Natura 2000, le plus grand d’Europe qui fait l’identité de la Sologne. (…) Aujourd’hui un tel projet apparaît inutile et contraire aux objectifs portés par notre département.» Vous l’aurez compris, le conseil départemental, à 3 ou 4 abstentions près (dont Pascal Bioulac), a marqué de façon unanime son opposition cet automne 2022 face à ce futur green géant. Il s’était déjà en février 2020, lors d’une commission, inquiété de ce vaste complexe privé. « Nous avons 3 golfs en Loir-et-Cher. Les investissements sont très lourds et il n’y pas de nécessité d’un quatrième qui mettrait en difficulté financière les 3 autres existants, » a confirmé Philippe Gouet. Michel Contour a interrogé « la position des élus locaux», ce sur quoi Virginie Verneret, non inscrite, ex-binôme de M. Peltier sur le canton de Chambord, a exprimé son accord « avec Hanan, je suis contre ce golf » précisant « et je suis une élue locale ». Passé ce voeu, tout ce petit monde est allé déjeuner… mais, nous avons failli oublier : un petit nouveau est arrivé au Département. Il est possible de citer maintenant que la balle est dans le trou : après les rumeurs depuis juin sur les noms de Malik Benakcha (conseiller municipal d’opposition à Blois, LR), puis Frédéric Hémery (ex-directeur de cabinet du président du Controis, Jean-Luc Brault), et parfois même Jean-Baptiste Baudat (candidat aux départementales 2021 sur le canton de Saint-Aignan-sur-Cher), c’est finalement Aurélien Bertrand, maire de Pruniers-en-Sologne, un profil de droite, sans doute plus consensuel, qui a décroché le poste de collaborateur de la majorité UPLCI (Union pour le Loir-et-Cher et Indépendants), menée par Catherine Lhéritier.

Émilie Rencien