Comme un trou de mémoire


Quand vous lirez ces quelques lignes, cela fera une petite semaine qu’auront eu lieu les commémorations du D Day. Ce fameux jour le plus long qui a marqué le début de la fin du nazisme, et le début de la libération de l’Europe du joug faschiste. Quand vous lirez ces lignes, Marine Le stylo et ses comparses auront surréagi aux résultats des élections européennes. Cherchez l’erreur. Quand vous lirez ces lignes les loups ne seront pas encore entrés dans Paris mais ils auront trop largement rejoint Strasbourg.
Comme dans les années 20 avec les Ligueurs qui avaient pignon sur rue, le RN est devenu un parti fréquentable. Fréquentable parce que le costume – cravate, l’image du gendre idéal et de la belle-fille qui sait se tenir, ça en jette. Fréquentable parce que le propre sur lui c’est une belle image. Fréquentable parce que l’enfumage est une vertu qui s’apprend dans beaucoup d’écoles, celles où il convient de payer sa part – ici on est entre nous et ça se paye- pas comme dans celles de la République, sa promiscuité et ses gamins qui ne sont pas d’ici. Au cœur des années 1930, le National Socialisme a pris lui aussi peu à peu ses aises avec la démocratie. Il a profité du système pourtant honni pour s’installer et le sculpter à son image. Banalisé aujourd’hui, l’Extrême Droite s’est découverte de nouveaux parangons de vertu dans les rangs LR. Là, la jeune garde est aussi dynamique dans la gesticulation que peu soucieuse d’avoir un pedigree professionnel à proposer dans son curriculum vitae. Les jeunes loups de la politique assurent le service après-vente d’un parti qui n’est pas le leur mais auprès duquel, au fond, ils sont prêts à déclarer leur flamme ou déposer une gerbe à ses pieds. A vomir…
Cette fréquentabilité rendue possible est comme une virginité retrouvée. C’est une opération de chirurgie, comme un hymen refait, mais personne n’y trouve à redire. La faute peut être attribuée , en partie, à la majorité présidentielle qui, durant plusieurs années, s’est évertuée à éreinter les partis à peine plus à gauche que le vieux Parti Communiste. A vouloir choisir à tout prix son adversaire on tente parfois le diable. Croire que le front républicain pouvait constituer un barrage anti-RN était un mirage. Désormais notabilisé, le parti du petit Jordan a fait son lit d’un potentiel appauvrissement des classes moyennes. Sans rien proposer, hormis que la guerre c’est pas bien, les autres sont des méchants qui ne nous aiment pas, les immigrés ils nous lancent des pierres, et une litanie d’idées plus délirantes les unes que les autres mais qui parlent au « petit peuple », ces oubliés de la macronie. Sans rien proposer, on vous dit. Même si les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, les paroles en l’air ça peut faire un mauvais dossier pour plus tard. On ne sait jamais.
Chacun sait comment la crise de 1929 a engendré la peste brune. Ici, ce sont les experts comptables qui ont généré de l’aigreur. Selon diverses versions de la légende, la doctrine de Robin des bois était de « prendre au riches pour donner aux pauvres » ! On ne sait pas quel mot de cette phrase Bruno Le Maire n’a pas compris… On vous le disait la dernière fois, ne pas comprendre ce qu’on lit n’est pas un dommage collatéral. C’est un coup direct comme à la bataille navale.
Au début des années 1940, seulement 2 % de la population de l’hexagone – l’empire dans son ensemble n’étant pas pris en compte – étaient entrés en résistance. La plupart de nos compatriotes avait le bras tendu et chantaient haut et fort pour leur idole étoilée. Quelques décennies plus tard, c’est tout juste si on n’entonne pas encore Maréchal nous voilà. On ne sait pas si c’est la petite ou le gradé qui sont de retour. Sans être visionnaire, de nos jours où tout les repaires changent, le maréchal pourrait passer en phase béatification. L’histoire du monde est ainsi faite qu’elles se répètent (les histoires) très, trop, souvent.
Les pertes de mémoire, voilà bien le propre de l’homme et de sa connerie légendaire. Et là, on ne parle pas d’Aloïs Alzheimer ! Caramba, encore un étranger.

Fabrice Simoes