Il ne s’agit pas ici d’une resucée de mention du compagnon canin de telle personnalité aux responsabilités; bien que, non pas un chien, mais un chat se sera invité au premier rang au Congrès des maires de Loir-et-Cher au château de Troussay à Cheverny le 7 juillet aux pieds du ministre Marc Fesneau et du nouveau président du Conseil départemental de Loir-et-Cher, Philippe Gouet, le sujet mignon à force deviendrait rengaine éculée, même pour un bachelier. Il ne s’agit pas là non plus de commenter les pinailles de coqs de nos élus en Loir-et-Cher spécieux à leurs heures, habillant de manière monomane, cette journaliste dont vous lisez le billet à l’instant, de “Pravda Modem” à Romorantin et de “future liste municipale des LR” à Blois. Allez démêler leurs turpitudes cyclothymiques ! Cela demeure parfois aussi inextricable qu’une connexion internet et un réseau mobile qui, en 2021, dysfonctionnent sans cesse en Sologne, et imposent une gymnastique de singe digne d’un autre âge pour envoyer un seul sms. Non, le chapitre en l’espèce n’est pas un caméléon, ni une tempête sous un crâne. Par contre, il émet une pincée de douceur dans ce monde de brutes sans cœur. Oui, le dossier, connecté avec son époque venue, concerne nos amis les animaux, à une période de l’année où beaucoup (près de 100 000 abandons annuels) sont férocement oubliés avant ou sur la route des vacances d’été. Toutefois, la politique, omniprésente partout, n’étant “pas seulement l’art du possible” mais surtout “l’art de rendre possible ce qui est nécessaire” (Jacques Chirac), notre exposé flirte inévitablement avec. Pendant la campagne départementale et régionale, un Observatoire « Politique et animaux » est d’ailleurs né en ligne, animé par L214, recensant les attentes citoyennes et l’action des politiques en matière de condition animale. En concomitance, Hélène Thouy, coprésidente du Parti animaliste, a confirmé le 1er juillet sa candidature à l’élection présidentielle. Cette avocate au barreau de Bordeaux, spécialiste dans la défense des animaux, entend, à lire ses tweets, « imposer cette question dans le débat national.» Les psychorigides feront gré de ne pas rugir tels des lions et de cataloguer trop aisément ce parti du côté des extrêmistes, car d’autres bords hissent en parallèle l’interrogation sur le haut du panier politisé.
Ainsi, Barbara Pompili, ministre LREM de la transition écologique, s’est félicitée de “la décision de suspendre la chasse à la glu confirmée par le Conseil d’État. Contraire au droit européen, elle ne pourra plus être autorisée en France. Une avancée pour la biodiversité.” Citons encore le député LREM de la deuxième circonscription des Alpes-Maritimes, Loïc Dombreval. Ce vétérinaire, président du groupe d’études “condition animale“ à l’Assemblée Nationale, veut instituer en France, via une proposition de loi qu’il vient de déposer, un «Défenseur des droits des animaux”, une sorte de médiateur en cas de litige liés à des maltraitances. L’élu de droite assure son raisonnement, en prenant appui sur l’exemple de Robert Badinter, ex-Garde des sceaux, qui avait en 2019 ouvert une brèche d’ébauche. « Une autorité qu’il pensait non pas comme un moyen d’étendre le droit des animaux ou de leur accorder une personnalité juridique équivalente à celle des Hommes, mais comme une autorité permettant de garantir l’application des droits existants, » explicite le parlementaire Dombreval. « Je soutiens pleinement cette idée, et souhaite qu’elle soit mise en œuvre. Nous le constatons quasiment quotidiennement : le droit des animaux est encore trop peu ou mal appliqué de nos jours en France. Maltraitances, sévices, et autres actes de cruauté envers les animaux restent parfois impunis car nos juridictions manquent de moyens humains ou de connaissances sur le sujet.»
Rappelons que les foyers français dans leur totalité abritent actuellement 15,1 millions de chats et 7,5 millions de chiens, considérés comme des membres à part entière de la famille. Rappelons de surcroît que la loi du 16 février 2015, relative à la modernisation et à la simplification du droit et des procédures dans les domaines de la justice et des affaires intérieures, qualifie l’animal “d’être vivant doué de sensibilité” dans le Code civil, loin de l’objet et du “bien meuble”. Au IVe siècle avant J.-C., la divergence de points de vue sur ce dossier animait déjà le philosophe Aristote et son élève naturaliste, Théophraste.
N’omettons pas non plus le «Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité entre les hommes» signé Jean-Jacques Rousseau, s’intéressant en 1755 à l’instinct animal. Chez nos voisins britanniques, le Martin’s Act interdisait dès 1822 la cruauté contre le bétail et en 2012, l’américain Jonathan Safran Foer menait un fabuleux travail d’enquête dans un prodigieux ouvrage, « Faut-il manger les animaux ? ». Et caetera. En résumé, le tri du bon grain de l’ivraie est lancinant. Que la discussion soit climatique ou bestiale, mieux vaut une entente comme chien et chat, et crier haro sur le baudet ! Plutôt que le silence assourdissant des oiseaux qui se cachent pour mourir. Tout est histoire d’échelle de valeurs et d’égos qui veulent se tailler la part du roi. Dans un soubresaut, entre deux variables de coronavirus, le cri de notre animalité nous évitera peut-être de terminer à notre tour en dinosaures et funestes souvenirs fossilisés. Entre chien et loup, le cabot n’est pas forcément le présupposé …
Émilie Rencien