Blois-Vienne
La reconversion programmée de l’ancien hôpital psychiatrique ne séduit pas, plus. Un collectif d’opposants s’est créé.
La vie d’élu n’est décidément pas un long fleuve tranquille et le maire de Blois est en ce moment attaqué de toutes parts. Après l’accusation relative aux travaux entrepris en centre-ville (Cf. notre dossier), l’édile est aujourd’hui mis en cause de l’autre côté de la Loire, sur la rive gauche, dans le quartier Vienne. Le projet immobilier « Clos Saint-Saturnin » va permettre d’ici la rentrée 2019 de faire sortir de terre 43 logements, soit 29 en accession à la propriété et 14 en locatif social. Seulement voilà, certains habitants ne se sentent plus en phase avec ce qui est dessiné sur le papier. « Nous avons été consulté il y a quelques années et c’est autre chose qui nous est tout à coup proposé. Le premier projet n’est plus pris en compte et nous ne sommes plus d’accord, la parole des citoyens est dévalorisée, » s’indigne d’une seule voix les membres, qui souhaitent rester anonymes, du collectif qui s’est constitué. « Notre quartier Vienne possède une âme et nous ne voulons pas de hautes barres d’immeuble. Il y aura des toits en zinc, des volets roulants ! Où sont les parkings et les espaces verts initialement prévus ? Et en cas d’inondations ? Et la sécurisation des enfants ? C’est déjà très compliqué actuellement les jours d’école pour circuler et stationner… Tout est fait dans la précipitation à cause du prochain plan de prévention du risque inondations (PPRI). Nous tombons de notre chaise ! Nous ne souhaitons pas que l’ancien hôpital psychiatrique demeure en friche, bien évidemment ! Nous sommes d’accord pour une nouvelle offre locative en Vienne mais nous ne voulons pas de celle-ci. Nous souhaitons conserver l’esprit village qui règne ici. »
Pot de fer contre pot de terre ?
Face à ce courroux, Marc Gricourt a reçu le groupe en colère à l’hôtel de ville, fin décembre 2016, quelques jours avant Noël. L’échange fut infructueux, chaque camp stagnant sur ses positions. « Nous avons investi 4,8 M€. C’est un site stratégique, il faut ôter cette verrue et je suis convaincu que cet ensemble va redynamiser la ville, » a argumenté le maire. « Les règles de l’urbanisme sont respectés au niveau de la hauteur et de l’existant. Je suis un défenseur de la liberté d’expression architecturale. Le reste, c’est subjectif. Certains aimeront la brique, d’autres seront pour le bois ou le tuffeau, etc. Vous êtes opposés à ce dossier, je peux l’entendre, nous avons peut-être manqué une étape en termes d’informations, je reconnais un ratage. Je respecte votre vision qui n’est pas la mienne. » En gros, c’est ainsi et pas autrement. Les membres du collectif ne l’entendent pas de cette oreille et ne sont disposés à accepter. « Je sais pour qui je vais voter la prochaine fois ! » a lâché un habitant excédé. Les membres du collectif nous ont également confié leur amertume. « Nous ne sommes pas du tout satisfaits des réponses apportées par monsieur le Maire et son équipe, qui opposent en permanence la rentabilité économique du projet à l’esprit du village Blois-Vienne et à l’histoire de ce quartier. L’équipe municipale aurait pu nous expliquer les raisons des changements entre le premier projet et celui abouti en 2016 et pourquoi aucune concertation avec les habitants n’avait vu le jour ! Les inquiétudes exprimées par plus de 200 habitants du quartier sont vives. Il ne reste à ce jour qu’un seul promoteur, les autres ayant jeté l’éponge sans qu’aucune explication ne soit donnée, alors est-ce vraiment réalisable ? Pourtant, le projet est maintenant décidé, validé ; les permis de construire sont déposés. Nous ne baissons pas les bras, nous allons étudier tous les moyens à notre disposition pour nous opposer à ce projet immobilier. » Une actualité brûlante à suivre donc…
Émilie Rencien