La quarantaine, du talent à revendre et la tête bien sur son cou et ses épaules. Affable avec les spectateurs venus à la projection de son film, il n’a ménagé ni son temps ni les poses pour les photos et n’a, à aucun moment, joué les vedettes. Et pourtant il aurait pu! Alex Lutz, alias Guy Jamet, ou l’inverse, on ne sait plus, a su se «poser», devant La Halle aux Grains et Les Lobis, à la lumière pour qu’on flashe sur ses cheveux blonds à la Cloclo, son sourire aussi enjôleur que carnassier et sa mèche rebelle dont il joue comme une diva avec son éventail…Tout simplement et naturellement. Sans masque. Assis à la terrasse pour un en-cas, puis en tailleur sur la scène de la grande salle du cinéma blésois, il a répondu à toutes les questions sans faux-semblants, sans langue de bois, avouant ses craintes avant le film, ses douleurs qui se réveillent alors qu’il n’est qu’au tiers de son parcours professionnel (Charles Aznavour lui place 50 longueurs d’avance dans la vue), son envie d’aller encore plus loin dans sa folie de créer et d’inventer pour témoigner aussi d’époques qui ne sont plus les mêmes. «Le monde a évolué, évoluons avec lui, sans trop regarder le passé, mais en s’en inspirant toutefois». Alex ou Guy, Lutz ou Jamet ? Fregoli des temps modernes, avec un seul visage tellement bien grimé et travaillé qu’il ne craint aucun gros plan cadré pleine face, sans qu’on ne devine les «soudures» ou les artifices, Alex Jamet et/ou Guy Lutz emmène, avec lui, le spectateur sur les années 60, du temps des 30 glorieuses, au fil des tribulations des saltimbanques des temps modernes qui s’adaptent chaque jour et soir à un nouveau cadre, avec les mêmes fans, groupies…Pas d’images violentes de drogue ou de javas après repas matinal. Quelques affaires de cul qui, aujourd’hui, ne mériteraient même pas un ligne sur Meetoo ou sur MinouToo. Et le retour sur scène des pointures de l’époque…qui, comme Jamet, Guy, Hallyday, Johnny (Guy a 74 ans quand son «fils» présumé, journaliste, né à Tours à la suite d’une seule rencontre entre sa mère et le «crooner» le retrouve pour l’interviewer, l’approcher et se découvrir), nous replonge dans notre jeunesse, expliquée, depuis, à nos enfants et petits-enfants, en apportant tout de même du vif à cette épopée des temps modernes où la majorité était encore fixée à 21 ans… Dani, Nicole Calfan, Julien Clerc sont là. Et même si leurs visages ont changé, on retrouve leurs voix…Intactes. Quand j’étais chanteur… Allez chauffe Alex. Allez Guy allume le feu. Tout naturellement, on ne se sentira «jamet» seul, même si les retrouvailles ne durent que 101 minutes. On a l’impression de se trouver en partance pour la Lune, via la capsule Apollo…
Pour rêver, en gardant les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. Sacré magicien le Guy !
