Christophe Hay ouvre ses jardins aux Restos du cœur…


Avec une simplicité déroutante, Christophe Hay, tout juste sorti de ses cuisines de La Maison d’à Côté, à Montlivault, a guidé ses invités du jour vers ses jardins situés en contrebas, à moins de 300 mètres de son établissement.
Avec précisions, il leur explique le but de cette installation qui lui permet d’avoir sous la main ce qu’il veut et aime pour ses plats. Des herbes aromatiques et quelques espèces rares comme un poivrier de Sichuan qui ne risque pas le gel jusqu’à moins 15°. Il connaît chaque espèce et peut en parler pendant des heures, en compagnie d’Alain, maître-jardinier de la maison, qui règne sur presque 3 000 mètres carrés de terres (une extension est programmée.), actuellement en repos hivernal, sauf quelques espèces propres à cette saison.
Les hôtes de Christophe Hay l’écoutent, posent quelques questions, timides au départ puis plus ouvertes au fil des minutes car la confiance s’est installée. Ils ne semblent pas surpris par les réponses précises de ce chef pas comme les autres qui vit près de sa terre, son fleuve, ses racines familiales développées du côté de Vendôme, puis de Cloyes-sur-Le-Loir. L’homme ne joue pas la comédie pour épater ses invités qui en ont vu d’autres. Dans la rue, dans le besoin. Dans les rigueurs de l’hiver, parfois sans manger. La deuxième équipe de candidats maraîchers de l’association des Restos du Cœur de Blois était là à Montlivault pour voir comment on peut se reconvertir, avec de la volonté, sans acquérir des hectares de terres, en Beauce ou ailleurs. Il suffit de moins d’un quart d’hectare pour réussir une bonne exploitation en petits légumes. Il suffit de courage et de désir de se venger d’une vie cabossée. Christophe Hay, fan de Coluche, sait partager. Les hommes et femmes le suivent dans son savoir car il leur parle métier, en évoquant la grelinette, «un engin fabuleux qui permet de remuer la terre sans tuer ses habitants qui ont un rôle à jouer pour le futur. Nos ruches permettent d’aider la pollinisation et avec deux unités, nous produisons 60 kg de miel/an. Les fleurs des courgettes permettent de confectionner des plats savoureux. On peut tirer le maximum d’un légume et recycler ses épluchures pour les prochains…etc.». Christophe Hay est intarissable. Son public semble séduit par la portée du langage. Daniel Bonheure, vice-président des Restos du Cœur de Blois, et Paul Garcia, encadrant, sont plus que satisfaits. Les accompagnants qu’ils encadrent ont compris le message d’encouragement plus axé sur l’avenir que sur un reproche qui aurait pu porter sur leur passé. Des femmes et des hommes ont rencontré, à Montlivault, un des leurs, un humain, qui les a accueillis avec le sourire et une franche poignée de main. Et si c’était cela le message de Noël. Rien n’est perdu en ce bas monde s’il y a de la volonté de chaque côté de la barrière sociale qui ne demande qu’à être abattue pour mieux se comprendre, sans, surtout, donner de leçons…

Jules Zérizer.