Comme tous les monuments ouverts au public, le château de Cheverny, demeure privée qui fêtera en 2022 son centième anniversaire d’ouverture aux visites, a fermé ses portes pendant le confinement. Retour sur une saison par comme les autres par le maître des lieux, le marquis Charles-Antoine de Vibraye.
« Nous avons fermé pendant 76 jours, reconnaît le marquis de Vibraye et annulé un certain nombre d’événements comme la Fête des Plantes, le marathon, le festival du chapeau, Jazz in Cheverny et le festival d’automne. Avoir vu seul le ruban de tulipes, sans visiteurs, m’a fait prendre conscience que les visiteurs font partie de l’ADN de Cheverny qui appartient aux touristes. Avoir ce lien seulement pour nous n’a pour moi aucun sens. Sans l’activité touristique, nous ne pouvons ni entretenir, ni embellir les lieux. À cause du confinement, nous enregistrons une perte de 45 à 50 % du chiffre d’affaires annuel avec 180 000 visiteurs au lieu des 400 000 habituels. Nous fondons beaucoup d’espoir sur les vacances de la Toussaint qui attirent généralement beaucoup de visiteurs. Depuis la réouverture du château, la fréquentation individuelle est bien revenue mais nous avons constaté une baisse significative de la venue des groupes. Avec l’abolition de la règle des 100 km en juin, la fréquentation est bien revenue et l’été s’est très bien passé avec une fréquentation de 110 à 120 % de visiteurs individuels. Parmi les châteaux de la Loire, nous avons la chance d’accueillir une grande majorité de clientèle francophone attirée par l’expo Tintin. Malgré la baisse du recrutement des saisonniers, nous avons fait en sorte que tout reste ouvert pendant l’été en mettant en place un protocole sanitaire strict. Je remercie mon équipe qui a joué le jeu. Il nous appartient de revisiter un autre tourisme de masse en accueillant le maximum de personnes dans les meilleurs conditions de confort et en tenant compte du réchauffement climatique en prévoyant par exemple des brumisateurs. “ À noter que la restauration de la façade Nord, chantier qui a duré 4 ans et demi, s’est terminée le 20 mars. Ces travaux dont le montant s’est élevé à 475 000 euros dont 30 % provenaient de subventions de l’État ont permis de redonner au château l’apparence qu’elle avait avait à la fin du XVIIe siècle et le coloris qui a inspiré Hergé pour le château de Moulinsart. L’année prochaine, un potager sera implanté entre le labyrinthe et la vigne ; la première vendange en perspective d’une vinification aura lieu en 2021.
Les bonnes manières au château
Une nouvelle animation a été proposée aux visiteurs, un atelier sur les bonnes manières où l’experte Sophie de la Bigne expliquait autour d’une table dressée dans la salle des Trophées l’art de recevoir pour un dîner en indiquant après un rappel historique de l’art de vivre à la française, quels sont les impairs à éviter lorsqu’on reçoit ou quand on est invité à un dîner, comme placer les fourchettes pique vers le haut ou arriver à l’avance sur l’heure précisée dans l’invitation… »Ce fut une expérience passionnante, reconnaît Sophie de la Bigne. Au début, les gens s’interrogeaient et finalement ont trouvé leur place, étant intéressés par l’aspect culturel et historique de nos traditions de savoir-vivre. Comme je dédramatise le sujet en le présentant de façon compassée, les participants aux ateliers ont apprécié ce moment ludique, l’apprentissage se faisant au moyen de jeux de rôle. »
F. M.