Cher – Abeilles chouchoutées à la Borne


Améliorer le gîte et le couvert de 80 000 abeilles, voilà le projet d’une équipe de La Borne qui s’est penchée sérieusement sur le sujet, en fabricant des ruches en châtaignier. Pourquoi du châtaignier ? Vous allez répondre comme quand vous visitez les charpentes d’un château, c’est parce que le bois de châtaignier fait fuir les araignées. En effet, de multiples causes sont à l’origine de la mort des abeilles dont des acariens qui infestent les ruches et principalement le varroa. Ses ravages sont presqu’aussi importants que ceux causés par les pesticides. Il faut rappeler que nos chères abeilles butinent le nectar des fleurs pour nous offrir leur miel ; sans pollinisation des fleurs pas de fruits ! Oui, il faut le marteler. C’est grâce à la pollinisation des fleurs par les abeilles que la Terre nous offre ses fruits ! Selon les scientifiques, plus de vingt mille espèces d’abeilles permettent la survie et l’évolution de 80% des espèces végétales dans le monde. Et chez l’abeille, dès qu’un œuf vient d’éclore, la larve est nourrie par une bouillie de gelée royale afin qu’elle assume son développement en tant que larve, puis passe au stade de lymphe pour ensuite subir une métamorphose pour aboutir au stade abeille. Peu de temps avant l’operculation de la cellule, c’est à ce moment-là que la femelle varroa (acarien parasite) en profite pour s’introduire et se planquer au fond pour ne pas être délogée par les abeilles ouvrières (nurses). Bien sûr, le bois de châtaignier ne permet pas sa disparition totale dans les ruches, mais il contribue à l’en dissuader. Malheureusement d’autres facteurs ont fait que la gravité de la crise qui frappe de plein fouet les apiculteurs du monde entier depuis 2007, a déclenché un signal d’alerte. Les causes de ce désastre ? L’usage intensif des produits phytosanitaires qui les intoxiquent bien sûr, mais on vient de se rendre compte que traitements chimiques ou pas, les abeilles quittent de plus en plus les hommes et leurs besoins de rentabilité, notamment les ruches Dadant, un modèle de ruches à cadres parmi les plus répandus dans le monde. De ce fait, les pouvoirs publics ont essayé de prendre la mesure de la catastrophe de la disparition massive des insectes pollinisateurs. Aujourd’hui en 2017, chacun espère de part et d’autre que les années noires sont dernière nous, mais hélas, rien n’est gagné, au contraire. Voilà pourquoi les travaux de cette équipe de la Borne nichée dans la patrie des potiers qui fabrique des ruches Warré, méritent toute notre attention.  Ça et là dans un décor champêtre, ce ne sont pas des pots à salé que l’on découvre mais des ruches d’une belle couleur rouge orangée.  Elles paraissent plus hautes que celles que l’on voit habituellement cachées dans un recoin des champs et sont composées de plusieurs étages. Communément appelées ruches écologiques, elles offrent un meilleur confort aux abeilles et leurs dimensions correspondent à la taille naturelle d’un essaim, ce qui permet au couvain de maintenir une température de 37° à laquelle ne résiste pas le varroa. Surtout, elles ne sont pas comme des boites de Pandore qui déclenchent de grands malheurs, au contraire, celles-ci peuvent décliner des tas de fonction : on peut tantôt très rapidement fermer une fenêtre pour admirer les abeilles derrière la vitre, tantôt ouvrir un clapet à l’aide d’un tasseau qui pivote, pour les laisser entrer avec leurs pattes chargées de pollen. Tout est calculé au millimètre près et tout est conçu pour le bien-être total de ces dames devenues toutes reines de cet habitacle. Parce que, rappelons-le, les chères abeilles aiment la compagnie de l’homme ; et les vignerons l’ont bien compris, puisque ce n’est pas pour faire de la production de miel qu’ils disposent des ruchers au milieu de leurs rangées de ceps mais pour encourager les abeilles à venir prendre soin de leurs vignes car elles les pulvérisent de leur venin, ce qui empêche les maladies de se développer. Aux dires de ces fabricants de ruches pas ordinaires qui sont aux petits soins pour leurs hôtesses et retrouvent un savoir-faire millénaire, les relations vignerons-apiculteurs se développent et même s’intensifient. En effet, ils doivent mener ensemble un combat, celui d’accroître la biodiversité, notre capital de survie. Pour terminer, citons ce vieux dicton : Quand la vigne est en fleurs, elle ne veut voir ni manant ni seigneur… J’ajoute : « elle veut bien voir une reine entourée de ses divines mouches à miel souvent corsetées de noir. »

Marie du Berry