Depuis le 5 mars, le Domaine régional écrit une nouvelle page de son Histoire, en concordance avec son époque. Les pétales d’une galerie dite digitale viennent de s’ouvrir dans son aile Est.
Les habitué(e)s de Chaumont-sur-Loire savent bien que l’endroit n’est pas qu’inspirations végétales. Son festival des jardins connaît certes un succès indéniable depuis trente ans mais les visiteurs peuvent aussi découvrir d’autres artistes, non pas les mains dans la terre mais dans les nouvelles technologies. C’est le cas de (Davide) Quayola, artiste italien qui est le premier à occuper les quatre grands écrans de la toute nouvelle galerie installée depuis ce mois de mars dans les étages Est du château, aux parquets récemment rénovés. L’installation, permanente, immerge le public dans un cocon d’images et de sons, entre peinture numérique et impressionnisme classique, sous une impressionnante charpente aux poutres boisées apparentes. La nouveauté est double : le lieu n’était pas ouvert à la visite depuis l’après-guerre, et en sus il propose une exposition d’un genre moderne faisant appel à des processus logiciels qui le disent avec des fleurs, combinant visuels et ambiance sonore. Sur ces tableaux computationnels, plantes et fleurs s’épanouissent en mouvement par petites touches colorées, à l’instar d’un pinceau sur une toile figée, comme à l’époque des impressionnistes. «L’informatique n’est pas qu’un outil. C’est le produit d’un dialogue entre moi-même et la machine, elle est pour moi un collaborateur. Et avec ma technologie qui analyse et décompose les aspects de la nature, les possibilités sont infinies pour créer une nouvelle esthétique,» explique Quayola, reconnu pour ses mises en place vidéo énigmatiques. Ladite machine par exemple dessine des branches bleues en interprétant le ciel d’une forêt des Alpes. « Il y avait un souci de stabilité des planchers. Le chantier de rénovation , lancé il y a 3 ou 4 ans, a offert l’opportunité de créer un nouvel espace de plus de 200 m2. Il a mobilisé plus de 3 millions d’euros, ainsi qu’un soutien significatif alloué à cet artiste (dont le montant a été tu, ndrl) auquel la Région a passé commande. Comme l’imprimerie jadis, la création numérique est l’art du 21e siècle aux mains de vrais et grands artistes, » complètent Chantal Colleu-Dumond, directrice du site historico-touristique, et François Bonneau, président du Conseil régional du Centre-Val de Loire. « Ici, le patrimoine dialogue avec le numérique; c’est ça l’ADN de Chaumont qui sait faire rimer passé, présent et futur. » Un premier chapitre culturel à découvrir, avant les suivants, c’est-à-dire le début de la saison d’art (la 15e édition) à partir du 2 avril, puis celle des jardins (la 30e donc) dès le 21 avril. Sans omettre l’ouverture tant attendue du premier hôtel du Domaine régional escomptée début mai.
É.R.