Chaumont-sur-Loire – La nature et la beauté sont aux petits soins…


Depuis un quart de siècle, les fleurs ont pris le pouvoir à Chaumont-sur-Loire. Plus encore cette année puisque le 26e Festival des jardins a pour thème « Flower Power, le pouvoir des fleurs ». Vingt-cinq artistes invités ont rivalisé d’inventivité pour offrir aux quatre cent mille visiteurs attendus, des œuvres « d’art vivant » portant un message d’espoir sur la suprématie de la nature face aux catastrophes.

Laissant le temps aux plantes d’atteindre leur pleine floraison, l’inauguration du 26e Festival des jardins a eu lieu mi-mai, soit quelques semaines après l’ouverture au public. Jusqu’au 5 novembre 2017, Chaumont présente trente créations paysagères sous le thème très seventies « Power Flower/pouvoir des fleurs ».
« Je suis fascinée depuis toujours par le pouvoir esthétique, symbolique, thérapeutique, voire maléfique, des fleurs. Mais je trouvais aussi très intéressant, en ces temps agités, de faire référence aux années 1970, des années formidables de liberté où les fleurs étaient omniprésentes. » C’est par ces mots que la directrice de Chaumont, Chantal Colleu-Dumond, a ouvert la cérémonie officielle présidée par Coline Serreau.
La cinéaste française (Trois hommes et un couffin) préside le jury du Festival cette année. La réalisatrice est très engagée dans la lutte pour une agriculture durable est une adepte depuis toujours du Festival de Chaumont qu’elle visite régulièrement en voisine.
« Le jardin est avant tout un lieu de beauté. Mais la nature, c’est aussi un élément de notre santé. En général, l’être humain trouve toujours beau ce qui lui est utile. La laideur tue. La nature, la beauté soignent ! », a-t-elle indiqué, rappelant le caractère social de ses luttes à l’époque hippie avant de se déclarer plus écologiste aujourd’hui que dans les années 70.

L’inventivité au service des fleurs

En tant que présidente du jury, Mme Serreau a « pesé » sur la sélection des vingt-cinq créations de jardins parmi les trois cents reçues du monde entier. Des créateurs britanniques, chinois, allemands, luxembourgeois, coréen, belge, italien et français rivalisent d’inventivité au service des fleurs. Parmi eux, les régionaux de l’étape, Nicolas Orgelet, paysagiste, Pierre Boissenin, architecte, et Richard Stobiena, sculpteur.

« Phoenix » leur jardin, s’inscrit dans la tendance du festival, les fleurs qui redonnent vie à des paysages dévastés illustrant le cercle de la mort et de la vie, floraison après floraison.
« La nature possède un don extraordinaire de résilience qui lui donne la capacité de retrouver un état d’équilibre après avoir subi les pires agressions extérieures », explique Richard Stobiena. « Après un feu, les graines sont toujours là. Elles attendent patiemment le moment favorable à leur éclosion. Un beau jour, le printemps revient, et le pouvoir des fleurs fait renaître la vie de ses cendres. Peu à peu, liseron, molène, coquelicot, vipérine, cirse et moutarde des champs écrivent sur la page noire d’un paysage de bois brûlé. Le temps passe, les fleurs recouvrent délicatement les catastrophes de leurs couleurs et la nature reprend forme. »
L’œuvre est donc une évocation épurée de ce cycle, un micro paysage de bois et de terre, sculptée, architecturés, que la germination des fleurs va remplir naturellement. « Elle véhicule un message de paix et d’espoir face aux agressions et aux agresseurs », conclut Richard.

De Lewis Carroll à « Game of trhones »

Mais le festival se veut le reflet de toutes les tendances et se livre à multitude de variations sur le thème du pouvoir des fleurs. Ainsi « La Fleur du mal » et ses cabanes noires ont pour sujet l’usage de la prise de drogue, de l’abandon de soi. Une invitation à s’allonger et à contempler les étranges dessins des plafonds se transformer au gré du vent.
« L’Agora » est quant à lui, une manifestation contre la guerre du Vietnam. Une lutte, pacifiste et libertaire contre la privation de liberté arborant l’étendard « Flower Power » et des fleurs comme seule arme.
Avec son papillon mécanique et ses porte-voix d’osier, « À la recherche du lupin blanc » s’inspire des contes de Lewis Carroll. Ludique à souhait, le jardin s’appréhende à la manière d’un théâtre. Dans le hall, une atmosphère magique laisse place à un tunnel, qui comme pour Alice, rapetisse le visiteur et le met à la hauteur des fleurs qui l’entourent.
Et puis, il y a « Le trône des fleurs ». Passé le cheminement en bois coloré, ce jardin offre une expérience fantasque, réinterprétant l’univers de la série « Game of thrones ». Il met en scène le « Flower Power » en proposant une scénographie ludique où chacun peut devenir roi ou reine. Confortablement assis sur le Trône, le monarque d’un instant n’a plus qu’à admirer et apprécier, pour son bien-être, l’harmonieuse élégance du jardin.

ARP

Festival international des jardins Chaumont-sur-Loire
Tous les jours, jusqu’au 5 novembre 2017. Entrée de 6 € à 18 €