Plus besoin d’être grand, costaud et de mettre les mains dans le cambouis. Polytechnicienne, venue du monde de l’industrie, la ministre a vanté les mérites de l’apprentissage pour faire fonctionner les robots.
Si le salon Smile s’installe dans les locaux agréables et bien équipés de l’école d’ingénieurs HEI à l’espace Balsan c’est qu’il est à l’image des emplois industriels qui attendent les collégiens et lycéens d’aujourd’hui. De surcroît les élèves ingénieurs qui y bouclent leur cursus le font sous le régime de l’alternance, propre à l’apprentissage. Et ça tombe bien puisque l’apprentissage est justement le thème du salon.
Tous les visiteurs, du collégien à la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Industrie ont eu droit au même accueil souriant et moderne, celui d’un personnage de BD interpellant personnellement à partir d’un écran ses auditeurs pour leur faire deviner à quoi pouvaient bien servir les capteurs de couleur, posés sur une table devant eux, tous fabriqués à Châteauroux. « On les retrouve dans les formules 1, le TGV, l’Airbus A 500… » expliquait le personnage évoluant à chaque fois dans l’environnement concerné. Seule la ministre et les officiels qui l’accompagnaient ont eu droit de passer derrière l’écran pour découvrir le comédien et le manipulateur auteurs de la mise en scène. Les jeunes, en revanche, ne se sont même pas posé la question, les images virtuelles sont le décor de leur existence !
La présence de Delphine Genty-Stephann, secrétaire d’Etat, mais aussi ingénieur diplômée de Polytechnique, et ancienne directrice au sein du pôle matériaux innovants du groupe Saint-Gobain apportait un plus au salon. Les responsables de grandes entreprises de l’Indre : Kremer, RBH, Beirens, Riolland, KSB, Pyrex y sont venus rencontrer la ministre pour échanger sur leurs attentes par rapport aux initiatives du ministère de l’économie et des finances concernant en particulier l’emploi salarié.
Moins technique, mais plus déstabilisant peut-être, sa rencontre avec les collégiens lui a valu quelques questions people « Avez-vous déjà serré la main d’Emmanuel Macron ? » C’est vrai que cinq mois après sa nomination la jeune femme n’est pas encore corsetée dans sa fonction.
Avec Roger Pradier vous en prenez pour 25 ans
Delphine Genty-Stephann était à l’évidence plus à l’aise l’après-midi à l’occasion de la visite de l’entreprise Roger Pradier. Son lapsus du matin « Je suis ravie d’être à Chateaudun » témoignait de sa méconnaissance du Berry et de ses pépites industrielles. Aux côtés de Tristan de Witte, jeune repreneur d’entreprise venu du monde de la finance, qui boucle sa première année de chef d’entreprise, elle se retrouvait à l’évidence dans un environnement qui lui est familier.
Une entreprise qui a une histoire, un savoir faire et qui construit les nouveaux chapitres de son développement avec des produits haut de gamme, c’est exactement ce qui permet de faire repartir l’emploi industriel en France.
Sous la conduite de Thierry, le directeur technique, la ministre a croisé Stephane, le designer, Philippe derrière sa machine à cintrer les tubes. « Une machine mise au point dans cet atelier » triomphe-t-il après la brillante création d’une crosse de lanterne. Elle a aussi salué beaucoup d’ouvrières : Julie, l’ancienne vendeuse qui a abandonné sans regret son magasin pour la soudure. « Le rythme de l’entreprise, c’est meilleur pour la vie de famille. Et puis ce que l’on crée ici, c’est beau. » Christiane encore, la patineuse, au coup de pinceau inimitable.
Elle a aussi beaucoup écouté Tristan, lui parler des conditions dans lesquelles s’était effectuée cette reprise. « Il faut que le chef d’entreprise prépare cette transmission au bon moment, aux alentours de cinquante-cinq ans. Après l’entreprise risque de décliner. Ici, ça s’est merveilleusement bien passé. J’avais vu et conseillé pas mal de monde en tant qu’investisseur, mais le passage à l’acte c’est difficile. Ici j’ai trouvé une équipe motivée, de beaux produits, le corps d’une lanterne Pradier est garanti vingt-cinq ans grâce à nos traitements anti corrosion. Notre défi, c’est de faire passer nos exportations de 20 à 50 % de notre production en prenant pied sur le marché américain. Nous serons le mois prochain au salon de Chicago et nous créerons une filiale aux Etats-Unis, avec des partenaires américains pour pouvoir passer la barrière des normes. »
Un jeune chef d’entreprise qui embauche, produit du haut de gamme et parie sur l’export au moment où le souci de l’économie française est de rééquilibrer sa balance des paiements, voilà qui devrait désormais aider Delphine Genty-Stephann à situer Châteauroux sur la carte de France.
Pierre Belsoeur