La chasse est à nouveau autorisée depuis fin novembre 2020, mais toujours avec des limitations liées à la Covid-19. Explications et réactions.
Depuis le 15 décembre, la pratique de la chasse est possible de 6 h à 20 h, dans le respect des réglementations en vigueur. Cette possibilité concerne autant le petit que le grand gibier. De fait, la taille des rassemblements est limité, la tenue d’un registre est imposé et les gestes barrières demeurent à respecter (distanciation sociale, port du masque, interdiction de prendre des repas ensemble). La préfecture de Loir-et-Cher rappelle aussi que “pour le petit gibier à plumes, l’ensemble du territoire national est classé en niveau de risque élevé pour l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP). La réglementation concernée devra ainsi être respectée, que ce soit pour l’utilisation des appelants et le transport du gibier à plumes (hors appelants) qui sont soumis à dérogation, ou pour les lâchers qui doivent respecter les mesures de biosécurité.” Face à ces nouvelles annonces d’allégement du confinement, il n’y a pas que des heureux. “La France rurale existe, aussi !” déplore Éric Doumas, le président du Mouvement de la Ruralité du Loir et Cher, en constatant amèrement. “Ces nouvelles décisions présidentielles et gouvernementales sont, encore et toujours, mal calibrées pour nos territoires. Une randonnée en vélo, à cheval, à pied… Une journée de chasse… Une partie de pêche… Autant de bons moments limités voire interdits sans aucun fondement lié à la Covid-19. Les petits restaurants de village auraient pu gérer une jauge acceptable pour rester ouverts avec un protocole strict. On autorise une manifestation à 40 000 personnes en plein Paris mais on interdit une matinée de chasse au lièvre à 7 personnes en pleine campagne. Certains disent « bienvenue en Absurdistan ». Nous préférons demeurer en Ruralistan!” Même anxiété chez Alain Philippe, chasseur et auteur reconnu en la matière. Il confie. “La chasse en Sologne en péril ! En France et ailleurs, la réputation cynégétique de la Sologne est un fait établi et incontesté depuis des lustres. Aujourd’hui, même si beaucoup d’éléments ont été bouleversés depuis une cinquantaine d’années, elle perdure à juste titre, envers et contre tous. Sur ses 480 000 hectares, la belle Sologne autorise la pratique de la plupart des modes de chasse. La principale activité de la Sologne, c’est la chasse ! Elle permet à ses commerçants, comme armuriers, restaurateurs, hôteliers, éleveurs de gibier, responsables de chasses commerciales, agents immobiliers, artisans, métiers de la bouche et garagistes, de vivre sereinement de leur métier. C’est l’auréole et l’attrait de la chasse qui fait « flamber» les prix de certains territoires, étangs, propriétés et résidences secondaires. Parallèlement, elle génère de nombreux emplois en CDI ou en partiel. Il se dit que chaque week-end de chasse en Loir-et-Cher injecte dans l’économie locale près de neuf millions d’euros. Il est incontestable que la chasse contribue grandement à l’équilibre financier de la Sologne. L’arrêt un temps de la chasse au petit gibier va obligatoirement mettre en grand péril tous les commerçants qui vivent de cette activité. À savoir que beaucoup n’ont aucune possibilité d’être aidés financièrement par l’État. Certains ne survivront pas !”
É.R.