Le japonais Susumu Shingu s’invite au château avec ses oeuvres « Wind caravan », littéralement caravane du vent. Poésie planante grâce à des sculptures surprenantes, à recommander sans hésiter.
Si vous ne retenez pas son patronyme, votre rétine se souviendra elle longtemps des créations de l’artiste Susumu Shingu. Il n’y a pas de mots sur l’instant pour décrire exactement le ressenti lorsque nous sommes face à ces éoliennes artistiques, colorées, désarticulées, prenant forme dans les courants d’air. Vous vous contentez de contempler le spectacle étonnant, élégant, apaisant, qui se déroule devant vos yeux. Vous vous sentez hypnotisés, et aussi hors du temps. Stress et tracas quotidiens s’envolent à l’instar des mobiles japonais colorés en fibre carbone et acier, qui voyagent au gré des vents, dans le monde entier (Brésil, Mongolie, Finlande, etc.),non sans rappeler les croquis et machines volantes de Léonard de Vinci. La teinte de la toile en polyester change à chaque périple; à Chambord, c’est le jaune qui a été retenu. «Parce que cela s’adapte à ce paysage, parce que je trouvais cela parfait !» a explicité Susumu Shingu, en compagnie de son épouse, formé à la peinture pendant six années à Rome. « J’espère transmettre au plus grand nombre l’attraction qu’exerce la nature précieuse de notre planète Terre. » L’ingénieur mécanique, sculpteur, en sus homme de théâtre et auteur de livres (notamment des “pop-up”), semble peu loquace mais de toute façon, même les bouches les plus bavardes se taisent devant la beauté aérienne. Moments suspendus de grâce presque irréelle…
À voir jusqu’au 15 mars 2020
Pour résumer, l’utopie une nouvelle fois à l’action à Chambord, 500 ans après celle de François Ier et Léonard de Vinci. Loin d’être toutefois une pure chimère dans le cas présent car dans l’exposition réalisée avec le soutien de la galerie parisienne Jeanne Bucher Jaeger, une maquette à l’échelle 1/20e de l’ « Atelier Terre » (Atelier Earth, avec musée, café, atelier, théâtre, entrepôt et même sauterelle géante comme moyen de locomotion!) signée par l’artiste japonais, se trouve exposée et le projet rêvé sur maquette – un « lieu où prendre plaisir à réfléchir au futur mode de vie humain, sans détruire davantage la nature », sorte de cité idéale qui là encore fait songer au génie de Vinci – pourrait devenir réalité et sortir de terre au Japon d’ici 2022-2023. À Sanda, près d’Osaka, Susumu Shinghu a déjà créé le « Musée du Vent », un espace naturel dans lequel ses imposantes sculptures dansent avec le vent, révélant la présence invisible de l’air environnant. Les équipes du château de Chambord savent décidément toujours surprendre le visiteur et ce n’est pas le premier artiste asiatique qui sait créer une telle émotion dans les murs du Domaine national. Nous nous remémorons notamment la forêt photographiée aux 4 saisons par le coréen Bae Bien-U, en 2016. Le voyage tout comme le dépaysement sont indéniables, nous avons du mal à quitter les lieux face à tant de poésie bienvenue face aux turpitudes du monde ! Mais nous vous laissons la place : à votre tour, une exposition à voir depuis le 6 octobre 2019 et jusqu’au 15 mars 2020, au deuxième étage du château, également depuis les terrasses, dans les jardins à la française et sur l’esplanade du Fer à Cheval.
É. Rencien