Chambord : Julien des Monstiers met les sens du public à l’envers


L’an dernier, le parisien Lionel Sabatté avait surpris les visiteurs du château de François Ier avec ses oeuvres de moutons de poussières et pollens clandestins. Douze mois ont passé et c’est un nouvel artiste singulier, représenté par la galerie Christophe Gaillard. qui habille depuis le 26 mai le deuxième étage du monument historique de sa palette protéiforme de couleurs et motifs.

On accroche, ou pas du tout. C’est ainsi, l’art contemporain peut attirer ou repousser, peut être subjectif en fonction de la sensibilité de chacun(e). Il pique et attise toujours la curiosité dans tous les cas, peu importe le ressenti-sentiment. D’ailleurs, le peintre Julien des Monstiers, qui a affûté ses armes aux Beaux-Arts et possède aujourd’hui un atelier niché en Indre-et-Loire, est conscient du fait que le public ne viendra pas forcément au château de Chambord pour voir ses oeuvres, mais a aussi compris qu’il pouvait attraper les rêves des foules de passage en nombre dans ce lieu historique d’exception. Jamais à court d’idées, il a par conséquent mis de l’ardeur à son ouvrage en imaginant plus d’une trentaine d’œuvres spécialement créées pour la demeure du roi François. À quarante ans, l’artiste, qui manie aussi bien le pinceau et la peinture à l’huile que l’IA, intrigue par sa technique, son “protocole” qui mixe des jeux d’images d’Épinal déjà existantes et des dessins originaux nés sur des plaques de Plexiglass, plus des histoires de reports de peinture fraîche sur du papier cristal transparent. Et autant de transferts de motifs et couleurs générés par ces biais par la suite créative à l’infini. Du réel et du fantasmagorique qui donnent vie sur ses toiles abstraites et monumentales au sein du deuxième étage du château de Chambord, à des scènes tout bonnement oniriques, cohérentes et unies, donnant à voir des biches, cerfs, et des dalles de linoléum, des licornes et des centrales nucléaires, ou encore des dragons dans la pénombre, plus de 40 mètres de tapis sur un mur, et même, un matelas détourné de son usage initial. Un univers où tout s’agglomère, et également très enjoué : ses tableaux accordent une part belle aux bleus et oranges, ses coloris de prédilection “sans qu’il ne sache expliquer vraiment pourquoi”, confie-t-il en explicitant sa peinture qu’il définit comme “intuitive”. Tout en citant Paul Valéry : “le plus important chez l’homme, c’est la peau.” Et justement, chez Des Monstiers, cette peau est profonde, c’est un épiderme à plusieurs couches, avec plusieurs lectures. Pour découvrir toutes ces facettes, en parallèle de ses expressions “Dehors Dedans” dans le Loir-et-Cher, donc à décrypter et découvrir à Chambord jusqu’au 3 novembre, le quadra expose également dans un autre endroit de notoriété, dans les Alpes-Maritimes, à Cannes, dans le quartier des artistes du Suquet, jusqu’au 22 septembre, pour un “Dessus Dessous” ! Et autant d’opportunités de découvrir le fascinant travail artistique de Julien des Monstiers qui bouscule les codes dans tous les sens que l’on veut, et qui ne peut laisser au final quiconque indifférent. On en sort la tête à l’envers, mais le coeur bat, lui, bien en place.
Émilie Rencien
Informations, billetterie, etc. sur www.chambord.org