Depuis le 16 octobre et jusqu’au 5 mars, la France et l’Inde s’exposent dans les murs du château de François Ier. En écho, les vies de châteaux de Chambord et d’Udaipur offrent une plongée historique en images. L’occasion de feuilleter des albums de souvenirs.
Les visiteurs du château de Chambord sont sans aucun doute davantage habitués aux expositions d’oeuvres en son sein, qu’il s’agisse de sculptures ou de tableaux. Nous nous souviendrons toutefois des photographies de la forêt aux quatre saisons, parfois dans des grands formats donnant l’impression d’y être, visibles en septembre 2015 et ce, pendant neuf mois, signées par le coréen renommé Bae Bien-U. La pandémie aura beaucoup retardé certains projets, et justement, l’exposition « Vie(s) de château(x) » devait donner à voir en 2020 mais comme chacun le sait… Alors, avec de la patience, c’est enfin cet automne 2022, et pour cinq mois, que Chambord renoue avec son attrait pour la présentation et mise en valeur au sein de son deuxième étage de talents photographiques. La manifestation, qui est accessible depuis le 16 octobre au public, permet à travers 150 regards et clichés datés de 1860 jusqu’en 1970, de connaître l’histoire de Chambord autrement. Et puis, peut-être que certains l’ignorent mais ce château est jumelé depuis 2015 avec le City Palace d’Udaipur, en Inde, construit pour sa part aussi au XVIe siècle. Alors, cette exposition établit un dialogue, en images, entre divers moments passés dans ces deux lieux royaux emblématiques, déroulés grâce à cinq thèmes. Ici, côté histoires et mémoires, une photo de John Fitzgerald Kennedy (1937) à Chambord, et là, celle la Reine Elizabeth II du Royaume-Uni (1961) ou encore de l’acteur Roger Moore (1982) à Udaipur !
Cinq ambiances, deux pays, plus une famille
Des analogies sont parfois mises à jour à travers ces révélations photographiques. Les férus d’architectures pourront s’amuser à comparer les styles en parallèle, tandis que les fans de photographies pourront observer à cette occasion les toutes premières photographies du monument Chambord (1840-1850) via l’oeil des maîtres primitifs du genre, William Fox Talbot, Gustave Le Gray et Albert Stapfer, et selon les techniques de l’époque (talbotype et daguerréotype). Il y a de plus une partie consacrée aux chasses, que certains apprécieront, avec des archives où est aperçu Valéry Giscard d’Estaing; que d’autres trouveront sans doute un peu moins poétique. « Nous avons senti des réticences mais ces chasses, de tigre par exemple, identifié comme un animal dangereux, sont désormais interdites en Inde, tout comme les chasses présidentielles n’existent plus à Chambord, hormis quelques battues de régulation. C’est tout de même un lien entre les deux sites, un rappel historique,» a commenté Yannick Mercoyrol, directeur de la programmation culturelle, aux côtés des explications nourries de Virginie Berdal, chargée de recherches au service de la conservation. Il y a également cette photo d’antan toute mignonne d’une enfant aux chiens, qui répond à celle d’un homme aux zèbres ! N’oublions pas enfin des objets, vieux appareils, négatifs, plaques de verres, tirages d’albums (et même un journal), qui témoignent de tranches de vies au village. Ces objets sont issus de la collection de la famille Dreux qui, dans cette Histoire de France et d’Inde, raconte la sienne, marquée par trois générations attachées à Chambord : Georges Dreux, ancien concierge et guide du château ; son fils Gonzague, brillant photographe-reporter de l’agence de presse Keystone ; et son petit-fils Philippe, photo-reporter). Et bien plus encore à découvrir, en se rendant sur place pour visiter soi-même cette exposition d’anthologies.
É. Rencien
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Également,“Chambord dans les tours”, et une collecte toujours en cours
Que des premières fois : depuis quelques mois, fait rare, d’importants travaux de restauration sont en cours sur les six lanternons du château de Chambord échafaudés afin de sécuriser les charpentes menacées par une mauvaise étanchéité. Dans ce cadre, le Domaine national de Chambord a lancé son premier grand concours photographique. Depuis le 5 novembre 2022, et jusqu’au 5 mars 2023, une exposition montre le résultat en images de cette compétition à la fois historique et inédite. “Ces photos sont témoignages, la mémoire pour les générations futures,” a souligné Yannick Mercoyrol, lors du vernissage du 4 novembre, en présence des 49 primés (dont un polonais et Valérie Dreux dont la famille est précitée dans l’exposition de palais) sur 800 clichés professionnels comme amateurs reçus, avec de vrais prix, dans un monument du Loir-et-Cher royal autant que la montée des marches de Cannes. “Lorsque les échafaudages disparaîtront au printemps 2023, ce sera l’occasion de faire de nouvelles prises de vues et ça nous oblige presque à proposer un nouveau concours! ». Cet automne-hiver 2022 s’avère en tout cas photographique à Chambord. D’ailleurs,un autre évènement est toujours en cours et Chambord maintient son appel : le Domaine national a débuté en juin, en partenariat avec la Communauté de communes du Grand Chambord et la commune de Muides-sur-Loire, une grande collecte populaire de photographies et de témoignages au sein des dix-sept villages du territoire (Bauzy, Bracieux, Chambord, Crouy-sur-Cosson, Fontaines-en-Sologne, Huisseau-sur-Cosson, La Ferté-Saint-Cyr, Maslives, Montlivault, Mont-près-Chambord, Neuvy, Saint-Claude-de-Diray, Saint-Dyé-sur-Loire, Saint-Laurent-Nouan, Thoury, Tour-en-Sologne, Muides-sur-Loire. ») L’objectif est de réunir une base d’images amateurs qui serviront de sources pour de futures études scientifiques et de ressources pour des projets culturels l’an prochain. Pour les retardataires, il reste encore trois permanences de collecte à venir : le 15 novembre à Muides-sur-Loire, le 22 novembre à Saint-Laurent-Nouan et le 29 novembre à Chambord. Plus sur https://www.chambord.org/fr/lagrandecollecte/
É.R.