À l’occasion des 40 ans du centre Pompidou, l’ancien chef de l’État s’invite dans la demeure de François Ier. Mais pas vraiment comme on pourrait l’imaginer.
En lisant le thème de la nouvelle exposition de Chambord, « Georges Pompidou », on pense alors immédiatement à une présentation historique et peut-être aussi aux chasses présidentielles de Chambord. Que nenni. Il convient de lire l’intitulé jusqu’au bout : « Georges Pompidou, une aventure du regard et l’art ». Le Président de la République est ici narré sous un autre angle, celui de ses collections et de sa passion pour les artistes modernes. «Des rencontres ont compté, celle avec
Malraux par exemple. Avec ce dernier, le Président est allé en 1957 choisir une toile de Soulanges au musée d’art moderne, » a relaté Yannick Mercoyrol, commissaire de l’exposition visible depuis le 18 juin au deuxième étage du monument historique. «Introduire l’art à l’Élysée et à Matignon, à l’époque, au début d’une politique culturelle française, c’était une manière pour Georges Pompidou de contrebalancer le pouvoir américain, de mettre la modernité de la France sur le devant de la scène et de redonner à Paris sa place sur la scène internationale de l’art contemporain.» Le décor étant ainsi planté, que verra donc le visiteur en se déplaçant au château de Chambord ? Beaucoup de couleurs, un bleu hypnotique et intense d’Yves Klein déposé sur un buste de femme ou encore un jaune flamboyant enveloppant un tableau démesuré au visage féminin et aux lettres formant un message haché. Des œuvres sculptées aussi (parmi lesquelles, le visage de Georges Pompidou), des abstractions, des cinétiques, des figurations, des nouveaux réalistes…. Et enfin, des noms connus : Soulanges, Buffet, Takis, De Staël, Kandinsky, Arp… Sans oublier un mobilier signé par le designer français Paulin et le graveur-sculpteur François-Xavier Lalanne ; poufs à l’aspect moelleux et grands oiseaux blancs perchés sur de fines pattes noires trônent en ce moment au milieu des pierres et cheminées du château de Chambord. En conclusion, qu’on aime ou pas cette figure présidentielle pompidiesque (qui au passage fut banquier de Rotschild, toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé…), les pièces aux esthétiques variées ainsi réunies valent le coup d’œil et permettent sans aucun doute d’avoir un autre regard sur cet homme d’État d’autrefois qui vivait avec son temps, amoureux de l’expression artistique sous toutes ses formes comme il l’a si bien écrit : « l’oeuvre d’art, c’est l’épée de l’Archange et il faut qu’elle nous transperce.»
É.R.
Exposition visible jusqu’au 19 novembre
Des conférences autour de l’exposition 27 juin et 31 août, à 18h30 : conférence sur Georges Pompidou et l’art animée par Yannick Mercoyrol.
17 novembre : Alain Pompidou et César Armand donneront une conférence à Chambord sur les rapports du couple Pompidou avec l’art.
Informations et réservation : 02.54.50.50.40 ou reservation@chambord.org