Le spectacle de Marie du Berry qui s’inspire du roman Gusse de François Barberousse suivi d’une conférence de Jacques Hardy remarqué au Subdray !
Pour présenter ce grand conflit mondial dont on commémore le centenaire partout en France, Marie du Berry était invitée par la municipalité Du Subdray qui a mis les petits plats dans les grands pour fêter cette commémoration. Bel exemple de devoir de mémoire. Après deux soirées très suivies par un public assidu, la dernière était consacrée au théâtre. Accueillie chaleureusement par madame le maire, la passeuse de mémoire, Marie du Berry qui a pour habitude d’emmener les amateurs de littérature berrichonne « Dans les pas de », est passée à la scène avec succès. Elle a présenté un spectacle qu’elle a écrit, mis en scène elle-même et qu’elle joue seule pendant une heure. C’est intense et sobre à la fois, sans musique et sans effets de scène ni d’effets spéciaux S’inspirant de Gusse de l’écrivain solognot François Barberousse dont l’œuvre a été redécouverte 73 ans plus tard, grâce à Christophe Matho, le patron des éditions C.P.E, du Petit Solognot et du Petit Berrichon, elle se transforme sous les yeux des spectateurs en plusieurs personnages dont trois soldats, un manchot et une vieille mère éperdue. On suit avec elle, le fil rouge d’une histoire, celle d’un soldat qui après 40 mois de front, s’est fait tuer au front le 20 février 1918, non par des balles, ni par des éclats d’obus mais par des bribes de paroles par ceux de l’arrière et notamment par sa mère ! « Gusse n’est pas mort à la guerre mais de la guerre… la souffrance d’un soldat incompris de 1914… La voix de Marie du Berry semble sortir d’outre-tombe… et dans ses yeux éplorés qui chavirent passe toute l’horreur des tranchées : le sang, la boue, les cadavres, la folie et la faim. Et les rats, les RATS ! Oui, le regard étrangement lointain de Marie reflète l’horreur qu’ils ont vue, le cauchemar qu’ils ont vécu » souligne l’essayiste bretonne Martine Jézéquel.
Le jeu de Marie du Berry est vrai, sans faille. Les spectateurs restent sans voix. D’un seul coup, elle a fait ressurgir du passé, de vrais paysans d’avant 14, broyés par cette guerre tragique et infernale. Quant à Jacques Hardy, le président des Amis de Marie du Berry qui reprend aussitôt le flambeau après le spectacle, pour une conférence courte, incisive et décoiffante car il a l’art de rendre les choses compliquées, accessibles, il ne mâche pas ses mots et ceux de chair à canon, dévastée, pulvérisée par les obus, (1000 par jour), les marmites et la mitraille, le conduisent à évoquer un homme, en première ligne, le sous-lieutenant, Maurice Genevoix qui aux Eparges, a frôlé la mort par trois fois et qui, grâce à une blessure très grave au bras, sera sauvé de cette « farce démente ». Son récit retranscrit dans des carnets sous le titre de Ceux de 14, censuré en 1916, le feront naître écrivain. « Cette guerre au début à l’est comme à l’ouest, offensive, provoquant un véritable massacre à cause de l’artillerie, deviendra surtout défensive à partir de la fin de 1914, la majorité des combattants ne chargeront plus debout mais seront condamnés à l’immobilité, ils feront la guerre, à genoux, couchés, enterrés dans des tranchées qui courent de la mer du Nord à la Suisse. » Terrible constat de cette guerre que l’on aurait pu éviter conclut le conférencier.