Centre-Val de Loire : Cosmetic Valley, un gâteau, Stéphane Bern et davantage


Le pôle de compétitivité, réunissant petites et grandes entreprises des secteurs de la parfumerie et de la cosmétique, avait choisi le château de Chambord pour souffler ses trente bougies le 20 juin. Un lieu de prestige, ainsi qu’un célèbre maître de cérémonie.
Quoique l’on ait inscrit à son agenda, une invitation de la Cosmetic Valley à Chambord ne peut pas se refuser. Cette soirée, indéplaçable et immanquable, s’est tenue le 20 juin dans ce Domaine national d’État. Peu ou pas d’élus de notoriété, des députés et des ministres par exemple, comme initialement escompté, au regard de l’actualité politique et des élections législatives inopinées après la dissolution impromptue de l’Assemblée Nationale le 9 juin par le Président Macron. Marc Gricourt, le maire PS de Blois et premier vice-président de la région Centre-Val de Loire ; la députée sortante MoDem de Blois Mathilde Desjonquères; Jacques Lemare, conseiller départemental d’Eure-et-Loire; Didier Garnier, vice-président de Chartres Métropole; Thibault Coulon, vice-président de Tours Métropole; ou encore Alexandra Dublanche, vice-présidente LR de la région Ile-de-France, ont tout de même été subrepticement aperçus sur place au début des allocutions officielles ou lors des discours de grands témoins. Si quelqu’un n’avait pas été entravé par contre pour venir cette fois (Cf. l’encadré par ailleurs, ndlr), c’était bien Stéphane Bern, d’autant plus que ce “Monsieur patrimoine” était le maître de cérémonie de ce moment d’exception qui aura su mixer tables rondes, images vidéos, cocktail et dîner haut de gamme autour de l’escalier à double révolution du château de François Ier et de Léonard de Vinci, “photo booth” (en français, photomaton / borne photo) utilisant l’intelligence artificielle, soirée dansante jusqu’au bout de la nuit ; sans oublier la présence remarquée des mascottes géantes du Cosmetic Experience Tour, le vert-orange Blushy, à l’aspect entre faciès de Télétubbies et de bête étrange à dents et deux cornes, entouré de sa conjointe à l’apparence de souris verte mignonne, Vanille, qui auront amusé l’auditoire de 500 convives de marques dans toutes les acceptions du terme (L’Oréal France, Guerlain, Japan Cosmetic Center, Polo Della Cosmesi, Canadian Cosmetic Cluster et bien d’autres représentants de filières cosmétiques européennes et internationales; également, université d’Orléans et établissements d’enseignement, etc.) et motivé des selfies, ne manquant pas de rappeler de manière ludique l’attractivité de cette filière cosmétique.

Industrie d’avenir, fer de lance du made in France
Derrière les paillettes, effectivement, pour autant, pas d’esbroufe. L’essentiel était ailleurs : l’idée de ce gâteau d’anniversaire était de mettre en avant le succès de cette entité baptisée, pour mieux communiquer à l’international, Cosmetic Valley France (vallée cosmétique française en traduisant), premier réseau de parfumerie-cosmétique et association de PME travaillant ensemble, imaginée en 1994 depuis l’Eure-et-Loir et plus précisément, Chartres, par le “nez”, Jean-Pierre Guerlain et son comparse, l’entrepreneur Jean-Paul Ansel. Un modèle de cluster, à en croire l’actuel président, Marc-Antoine Jamet, visionnaire, qui a aidé par la suite à la création d’associations d’industriels cosmétiques sur les 5 continents, et qui vient d’atteindre “trente ans, son âge d’accomplissement”. La vocation et vertu de cet écosystème “solidaire et collectif” est aujourd’hui comme hier de rechercher l’excellence de la beauté made in France, en s’appuyant encore et toujours sur quatre axes majeurs, à savoir accompagner des entreprises dans les transformations digitales et écologiques; être moteur dans le développement économique des territoires; légitimer le secteur auprès des pouvoirs publics; aider les entreprises à s’internationaliser. En somme, une réussite industrielle à la française à saluer, à l’heure où la concurrence de production internationale est rude (celle de la Chine principalement…) et que certains autres préfèrent délocaliser les savoir-faire. En 2010 déjà, par exemple, cette union cosmétique avait fait émerger le concept de « Cosmétopée », soit un engagement pour la préservation de la biodiversité et des traditions d’usage de la cosmétique. Le monument Chambord n’avait d’ailleurs pas été retenu par hasard pour ces festivités : en écho de similitude à la Cosmetic Valley, ce patrimoine historique, vieux de plus de 500 ans, a lui aussi su imprimer en son temps dans son ADN l’innovation, architecturale particulièrement. “Comme vous, nous rayonnons internationalement, nous portons la marque France,” a d’ailleurs insisté le directeur du Domaine national, Pierre Dubreuil. Et le vent en poupe de la Cosmetic Valley ne semble pas prêt de s’arrêter de souffler, porté par ses 6 300 établissements, ses 226 000 emplois, les 100% de sa chaîne de valeur sise en France, et son assise locale pérenne dans la région Centre-Val de Loire. Pour preuve, une Maison internationale de la cosmétique, selon la description donnée qui sera “au service des entreprises et territoires de la filière, propice à l’échange d’idées, de compétences et de métiers,” immergeant le public “dans l’excellence du made in France et les nouvelles tendances”, va sortir de terre d’ici 2028 à Chartres (28) ; une fresque de l’artiste chartrain Vincent Pascal, mélangeant coloris bleu et orange, fleurs, cercles, schéma d’acide désoxyribonucléique, arbre et colombe, a été dévoilée le 20 juin dans le Loir-et-Cher. Même si, après la parenthèse festive, des défis de taille attendent ces professionnels, au XXIe siècle, notamment en matière de technologies et d’IA, d’écologie, d’énergie verte et de liens avec le monde agricole. À l’image du pouvoir des fragrances, en attendant, la Cosmetic Valley est bien partie pour continuer à booster sa confiance en elle et de facto, à s’inscrire durablement dans les mémoires industrielles et sensorielles.

Émilie Rencien

 

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“Le blanc, cela ne pardonne pas…”
Impossible d’être à l’intérieur d’un tel évènement à Chambord avec Stéphane Bern, sans ne pas oser poser la question qui fâche à l’intéressé. Qui est un peu fâché, c’est vrai : il devait porter la flamme olympique le 8 juillet à Chambord, l’annonce avait été réalisée et finalement, son patronyme a été rayé. Ce ne sera pas lui en définitive. Pourquoi, fichtre ? Simplement parce que la règle pour être porteurs(ses) est la même pour tous et toutes : il ne faut pas être élu. Sauf que M. Bern est conseiller musical en Eure-et-Loire, dans le village de Thiron-Gardais où il réside. Ouch. Pas de chance. “Évidemment que je suis déçu de ne pas le faire !”, nous a-t-il répondu, après notre interrogation. “Je ne songe pourtant pas à être maire, c’est un peu ridicule.” Ajoutant, pour tenter de chasser sa tristesse. “De toute façon, vous connaissez la couleur des tenues ? Vous les avez vues sur certaines personnalités qui ont porté ? C’est blanc, ce n’est pas seyant. Le blanc, cela ne pardonne pas…” Nous-même étant fan de fringues et de mode, nous comprenons : parfois, pour gouverner en beauté, il faut savoir souffrir, choisir… et renoncer !
É.R.