La chasse est à nouveau ouverte ! Rassurez-vous, ici, il ne s’agit que d’une vue de l’esprit pour marquer la reprise des conseils municipaux, d’interco, d’agglo, et de facto, des affaires politiques locales. Parce que si nous nous mettons à parler des sorcières et pire, de la saison marquant le retour des gâchettes en Sologne, cela peut crisper, entre les anti, les pro, sans oublier les défenseurs de la propriété privée, qui brandissent parfois la mise en examen pour rien, les haters de l’engrillagement, et consorts dans une véritable poudrière. Pendant que les amateurs de loisirs dits de « chasse traditionnelle » manifestaient dans les rues de France et de Navarre le 18 septembre (chacun son plaisir mais bon), la proposition de loi sur la maltraitance animale dix jours plus tard semblait de manière regrettable bien mal armée – après son passage au Sénat cet automne, avant d’être soumis à nouveau à l’Assemblée nationale -, à lire un des tweets du député LREM des Alpes-Maritimes, le vétérinaire Loïc Dombreval, rapporteur général de la loi contre la maltraitance animale et président du groupe parlementaire « condition animale ». Il écrit en ligne : « Les sénateurs, à contre-courant de l’opinion publique, réautorisent les delphinariums, la faune sauvage dans les cirques, la vente d’animaux de compagnie en animalerie et j’en passe. Ils seront les seuls responsables si la loi contre la maltraitance animale n’aboutit pas. » Tandis qu’un revirement a été par ailleurs opéré dans ce texte concernant la régulation des chats errants, le porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot, Christophe Marie, a accusé « un Sénat rétrograde, incapable de percevoir l’attente sociétale ». En effet, êtres sensibles s’abstenir. Un vaste sujet sur lequel enfin, il faut pourtant crever l’abcès, les lignes doivent bouger vers ce bien-être pour nos amis les bêtes ! Passons, néanmoins sans œillères. À la place, en attendant, évoquons un bestiaire qui fait moins grincer : des drôles d’animaux … politisés de Loir-et-Cher. Douce litote évidemment puisqu’ici aussi, le thème est loin de créer unité et unanimité. Par contre, cela peut constituer de formidables historiettes à poser sur sa table de chevet ! Malgré nous et grâce à eux (le genre politique est souvent masculin), c’est récurrent, nous mirons régulièrement une poignée de fables de La Fontaine, que nous vous invitons à compulser, à l’occasion, pour saisir l’essence de ce qui suit. Cet automne 2021, entre deux cueillettes de champignons, dans la forêt loir-et-chérienne, un matin, un lapin a tué… puis ont surgi une colombe et une fourmi, éloignant le croquant. Le coup est parti : « j’accuse… Blois exclue de l’exécutif du SDIS 41 ! » C’était sans compter sur la Ligue des rats urbains à la Cour du Lion de Sologne, et ainsi, c’est le socialiste de Blois, Marc Gricourt, qui est sorti du bois. Quel(s) pilote(s) dans l’avion, au-dessus du nid de coucous ? Le maire de Blois raconte avec moult détails que «Yann Bourseguin, élu vice-président il y a un an, dans un accord avec Pascal Bioulac, alors président du SDIS 41 (Service d’Incendie et de Secours de Loir-et-Cher) pour renouveler son exécutif et son bureau, suite aux élections départementales de juin dernier, a été écarté au profit d’un élu de Romorantin. Après une vice-présidence offerte à une nouvelle conseillère départementale de Romorantin au sein du Conseil départemental, ce nouveau calcul malsain devait faire partie du package global de la trahison des anciens élus de gauche de Romorantin ! Quelle est l’autorité du nouveau président de l’assemblée départementale ? Quel est son souhait d’un travail en commun ? Je m’interroge… » C’est à ce moment que l’aigle plane et le hibou se met la plume dans l’œil : « N’en accuse que toi ou plutôt la commune loi, qui veut qu’on trouve son semblable beau, bien fait, et sur tous aimable. » D’autant plus lorsque les histoires datent de fort fort longtemps. Dans une machine à remonter le temps, flashback : nous sommes aux sénatoriales de 2017, au second tour, Jean-Marie Janssens (UDI), à l’époque maire de Montrichard, remporte le Saint-Graal. Une fois cette bise venue de l’Oural, l’édile Lorgeoux de Romorantin, sans étiquette, battu, promet la potence à Marc Gricourt car il a « observé dans l’histoire que les exécuteurs finissaient toujours sur l’échafaud.» En résumé, même au sens figuré, si le temps d’exécuter les rancunes liées à de vieux dossiers a sonné, ça risque de saigner sous le chêne marqué… Pendant ce temps, éloigné de ces turpitudes locales, une grenouille tente de se faire plus grosse que le bœuf. « Vive Blois, la République, la France ! » Depuis le Loir-et-Cher, Gildas Vieira, ancien adjoint au maire PS de Blois précité, sans étiquette, entend créer sa révolution citoyenne, en devenant candidat en 2022 à la présidence de la République. Si son affiche présidentielle est affûtée, il faudra toutefois à l’intéressé recueillir 500 signatures d’élus pour être candidat ; c’est la règle perdurant, même pour un citoyen. Et en lisant certains passages sur son compte Facebook, il affirme par exemple, le fusil d’idées prêt à tirer, qu’il sera «le seul à prôner une vision globale de notre démocratie avec une VIe République et plus de parole aux citoyens.» Pourtant, sur ce point, d’autres partis comme LFI le proposent aussi. « Avec mon équipe, nous verrons dans 2 ou 3 mois si la dynamique pour qu’une vraie candidature citoyenne existe en France a enfin pris, » d’après le futur candidat Vieira qui après un voyage au Congo, prévoit de partir au Mali et en Guinée. La morale narre ainsi : « Ne soyez à la cour, si vous voulez y plaire, ni fade adulateur, ni parleur trop sincère. Et tâchez quelquefois de répondre en Normand. » En résumé, encore une belle fin d’année qui promet d’être animée par ces oiseaux communs en Loir-et-Cher, et ce n’est ici qu’un court raccourci. De nouvelles épopées à n’en pas douter devraient survenir dans cette futaie d’espèces malicieuses qui savent pour certaines très bien rabattre le gibier…
Émilie Rencien