Le mois de mars est le mois de mobilisation nationale contre le cancer colorectal. Un cancer trop souvent tabou qui est le deuxième le plus meurtrier en France alors qu’il existe un test de dépistage très simple et entièrement pris en charge.
La lutte contre le cancer du côlon est un enjeu majeur de santé publique. Il peut être guérit dans neuf cas sur dix s’il est détecté assez tôt. Pour cela, un seul moyen : le test de dépistage. Chaque année, le centre hospitalier Simone Veil de Blois (CHB) participe à la campagne baptisée « Mars bleu », mois de mobilisation nationale contre le cancer colorectal. Un stand de sensibilisation avec un côlon géant est notamment installé dans le hall d’accueil de l’hôpital pour présenter aux visiteurs cet organe souvent méconnu. Pour réduire la mortalité prématurée, c’est-à-dire un décès avant 65 ans, le CHB mise sur la prévention. « Mieux vaut prévenir que guérir et je dis que prévenir c’est déjà guérir », souligne Olivier Servaire-Lorenzet, directeur du CHB. En effet, même si le cancer du côlon se soigne aujourd’hui très bien, il doit être détecté le plus tôt possible et le seul moyen est d’effectuer un test de dépistage. Dans le Loir-et-Cher, c’est l’Action de dépistage organisée des cancers (Adoc 41) qui gère le dépistage organisé du cancer du sein et du cancer colorectal. « Nous invitons les hommes et femmes entre 50 et 74 ans à réaliser le dépistage tous les deux ans. Même si le côlon reste tabou, c’est un organe comme les autres », explique le docteur Sylvain Teillet, médecin à l’Adoc 41.
Un test simple et indolore
Le test de dépistage du cancer du côlon est très simple, indolore, à réaliser chez soi et totalement pris en charge. « Les personnes concernées reçoivent un courrier pour les inciter à aller voir leur médecin traitant qui juge de leur éligibilité au dépistage, selon leurs antécédents. Ensuite, on leur remet un kit très facile à utiliser et il suffit d’envoyer son prélèvement grâce à une enveloppe préaffranchie », précise le docteur Sylvain Teillet. Si le résultat est positif, des examens plus poussés sont réalisés par un gastroentérologue. « Nous avons toutes les compétences associées sur le territoire pour permettre une égalité d’accès aux soins », ajoute Olivier Servaire-Lorenzet. En effet, le CHB dispose de six gastroentérologues, de quatre chirurgiens spécialisés dans le digestif viscéral, mais aussi d’une équipe dédiée aux soins de support et qui coordonne les acteurs de l’après hospitalisation. Et il y a une collaboration étroite avec les gastroentérologues des autres établissements (polyclinique de Blois, clinique du Saint Cœur de Vendôme, centre hospitalier de Romorantin et centre hospitalier d’Amboise). Cependant, seulement 4 % des patients qui font le test obtiennent un résultat positif nécessitant une coloscopie. « C’est un examen simple qui dure une vingtaine de minutes sous anesthésie générale, sans douleur, pendant lequel on recherche des polypes qui sont des lésions du côlon sur lesquelles un cancer peut se développer », précise le docteur Philippe Assor, gastroentérologue au CHB. Ces polypes sont ensuite retirés et analysés à l’hôpital, puis le patient est informé du résultat.
« L’opération n’est pas systématique »
Si un cancer est détecté, le dossier est discuté avec une équipe pluridisciplinaire pour décider de la prise en charge la plus adaptée. « L’opération n’est pas systématique et l’objectif est d’éviter la chirurgie », souligne le docteur Kévin Kraft, chef du service de chirurgie digestive. En cas d’opération, un suivi est assuré et c’est le centre de coordination en cancérologie (3C) qui prend le relais. Il réunit le CHB, le centre hospitalier de Romorantin et le centre de radiothérapie de Blois. Une équipe accompagne les annonces de cancers, aide à la coordination des parcours des patients et au recours à des soins supports, pour lutter, par exemple, contre la fatigue, les problèmes nutritionnels, mais aussi la souffrance psychique. « C’est un travail d’équipe au sein de l’hôpital, mais aussi du groupement hospitalier de territoire et avec les associations », souligne le directeur du CHB. Il y a d’ailleurs aussi une forte collaboration avec les médecins généralistes pour les former régulièrement au dépistage. Car sans dépistage, les personnes atteintes d’un cancer colorectal peuvent ne rien ressentir pendant des années, jusqu’à ce qu’elles arrivent aux urgences à cause, par exemple, d’une occlusion intestinale ou d’une péritonite. « Effectuer le test tous les deux ans est primordial », conclut le docteur Sylvain Teillet.
Chloé Cartier-Santino
En chiffres
A partir de 50 ans, hommes et femmes doivent réaliser le dépistage du cancer colorectal tous les deux ans.
42 % de la population du Loir-et-Cher a effectué le test de dépistage du cancer colorectal en 2016.
La région Centre Val-de-Loire est la 2e région de France en termes de participation au dépistage et le Loir-et-Cher se place en 3e position des départements français.
516 coloscopies de dépistage ont été réalisées en 2016 au centre hospitalier de Blois et un cancer a été diagnostiqué dans seulement 8 à 10 % des cas.