C’est la tradition pour patienter jusqu’à la fameuse arrivée du Père Noël depuis la Laponie, les enfants (et les grands ayant gardé cette âme, également souvent) ouvrent des cases de 1 à 24, pour compter les dodos avant le passage du bonhomme au manteau rouge. Même nos chiens et chats possèdent le leur, truffé de friandises irrésistibles. Derrière la société de consommation, l’Avent, né au XIXe siècle, dans les familles protestantes allemandes, symbolise l’attente. Depuis la fin 2019, celle-ci se veut davantage longuette que d’ordinaire. Les rennes sont masqués et le traîneau se présente un brin affaissé. Non pas du poids de la neige et des cadeaux venus d’en haut (pas des parents, fake news les loupiots). Plutôt de la charge Covid-19 qui continue cette année 2021 encore de froisser les lutins et les nœuds d’ordinaire joyeux. Depuis bientôt deux ans, cet avènement tarde. Et puis, s’il n’y avait que ce virus malin, ça irait peut-être finalement bien ! Cette drôle d’époque, pas fun du tout, nous envoie en un même temps un lot de joyeusetés sociales, sociétales, politiques, humaines, climatiques, pécuniaires, licencieuses, dans un monde de collusions et d’excès où il n’est plus possible de se bécoter sans FFP2 ni de draguer en liberté ; où les réseaux sociaux et la parole permise peuvent parfois aider à dénoncer l’indicible et le condamnable, mais aussi parfois à attiser le vil plaisir de démolir en quelques clics. Alors, les cases à ouvrir seront en 2021 fort particulières. Ouvrons-les ensemble. 1er décembre : un chocolat à l’huile de palme. 2 décembre : une clémentine aux pesticides. 3 décembre : un guide du Routard anti-engrillagement solognot. 4 décembre : un #Balancetonmonchéri. 5 décembre : un père Noël sexy. 6 décembre : une dinde vegan. 7 décembre : un masque “J’ai riz”. 8 décembre : un test PCR. 9 décembre : un kit gestes barrières non respecté par Jean Castex. 10 décembre : une dose d’AstraZeneca. 11 décembre : un chat luttant pour la biodiversité des souris. 12 décembre : un gel hydro-alcoolique. 13 décembre : le dictionnaire de Nicolas Perruchot, édition limitée “80% de cons”. 14 décembre : un selfie avec Milo Peltier. 15 décembre : un gilet jaune. 16 décembre : une dose de Moderna. 17 décembre : un livre de Stephen King. 18 décembre : un billet aller pour Cannes. 19 décembre : une pilule de Paxlovid. 20 décembre : une licorne aux sabots d’or. 21 décembre : une dose de Pfizer. 22 décembre : un karaoké “Somos nada” avec Christina Aguilera. 23 décembre : un zeste de Zemmour… oups d’humour. 24 décembre : la fusée de Thomas Pesquet ! Le père Noël, une ordure ? Chut… Vous avez tout de même le droit à trois voeux pour 2022, si vous n’avez encore rédigé votre missive au gars barbu ho, ho, ho, qui descend du ciel. Car la période d’auparavant ne reviendra pas d’emblée (peut-être jamais), et la phase actuelle de l’après bien plus laid qu’imaginé risque de nous tailler un ixième short pandémique. Eh oui, aussi, la marmotte ne met pas le chocolat dans le papier d’alu tout comme le père Noël n’existe guère ! Même si assurément, “il est grand temps de rallumer les étoiles” (Guillaume Apollinaire). Un électricien dans la salle ? Cela non plus n’est pas gagné, au regard du manque criant de personnels. Heureusement, pour nous consoler, il nous restera toujours à entonner la chanson tube de 1994 à l’incroyable longévité, et qui reste en tête. Que nous soyons consentantes ou non, déjà de retour dans le top 200 d’Itunes aux États-Unis, répertoriée dans l’édition 2020 du célèbre Guinness Book des records : la ritournelle de “Xmas” de Mariah Carey ! Une femme Noël, voilà sans doute où réside l’avenir de l’homme. En Avent toutes…
Émilie Rencien