Cachez ces voiles que l’on ne saurait voir…


L’élu régional RN, Julien Odoul, membre du bureau national du parti d’extrême droite, avait-il raison de montrer du doigt avec virulence une accompagnatrice de sortie scolaire, porteuse d’un voile – attention, pas un niqab ou une burqa- présente dans l’enceinte du conseil régional ?
Début de polémique sur le fait que la sortie scolaire ait eu lieu au cœur des institutions plutôt que dans un quelconque zoo. Feu vite éteint tant la vision de ces animaux si spéciaux que sont des politiciens aux comportements parfois particuliers peut s’apparenter à celle de leurs congénères de ménagerie. Quant au sujet principal, les uns ont dit oui. D’autres ont dit non, et 90 personnalités ont appuyé leur négation par une lettre envoyée au président de la République. Pour ces derniers, on était là dans une forme d’islamophobie conventionnelle. L’apostrophe du représentant de l’ex-FN qui entrait essentiellement dans le domaine de l’irrationnel et de la volonté politique de « bouffer » du musulman plutôt que d’une quelconque défense de la laïcité proprement dite corroborait parfaitement ce jugement!
Au début du siècle dernier, tandis que sonnaient les cloches des églises, le voile islamique n’était pas en question. Brandissant le sabre et le goupillon, au nom des vertus de la République, les RN veulent rejouer la séparation de l’église et de l’état version mosquée plus de cent ans plus tard. Étonnant quand on connaît la qualité de lecture des fondamentaux de la démocratie au sein du parti de Marine Le Stylo.
Même s’il faut mettre de côté l’aspect bourgeois et lutte de classe du célèbre dicton philosophique de Karl Marx, « La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit de conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple », on ne peut que consentir une vision assez éclairée du sujet. La religion est toujours consentie mais n’en constitue pas moins une forme d’aliénation morale. De là à l’imposer au sus et vu de tout le monde, il est un pas que le christianisme a effectué pendant de nombreux cycles historiques. L’Islam, encore plus politique, a dès ses origines emboîté le pas. Par contre, si la croix a été évincée du spectacle de la rue depuis le milieu du XXe siècle, le croissant s’y retrouve de plus en plus présent. Et, quoique l’on en dise, ce n’est en rien islamophobe que d’en faire le constat. Par ailleurs, ce n’est pas vraiment une bonne chose. Se cacher derrière une idéologie à priori bien-pensante n’est pas une solution d’ouverture. Au contraire, elle permet l’épanouissement de tous les sectarismes et leurs lots de communautarisme. En allant plus loin dans la démonstration, le voile peut s’avérer être aussi une forme de sexisme à l’envers… De savoir si le voile a sa place ou non dans la sphère publique, associée étymologiquement à la politique, n’est pas la vraie question ! La base du raisonnement devrait plutôt se focaliser sur la présence de la religion hors la sphère privée, associée quant à elle à la vie domestique. Voiles, kippas, croix, bannières, etc. tout ça dans le même cabas que l’on devrait laisser au coin de la porte d’entrée de tout foyer avant d’aller faire ses courses.
Petite démonstration par l’absurde où l’on s’impose un dogme pour principe de base : la drogue, ce n’est pas bon pour la santé … L’opium est une drogue. Donc l’opium est nocif. Par corrélation, la religion est forcément nocive pour la santé, non ? Pour aller jusqu’au bout de la démarche si la drogue est illégale on pourrait conclure que la religion au sens non exclusif du terme le soit ainsi toute autant. CQFD.
Ce serait cependant quelque peu excessif !!!
Cela dit, toujours au royaume de l’absurdie, si l’on considère que le tabagisme passif imposé ne doit pas exister, au point que le législateur interdit de fumer dans de nombreux espaces ouverts au public, et n’est pas bon pour la santé, on peut aussi prendre en compte que la religion – toutes les religions – n’en est pas moins incommodante dans les même lieux ! La pollution physique n’est en rien supérieure à la pollution intellectuelle. L’inverse est tout aussi vrai !
Alors, si Bouddha, Allah, Dieu, Jéhovah et consorts pouvaient traiter directement, chez eux, avec leurs clients habituels on pourrait peut-être passer à autre chose …