En cette période de disette et d’agressions économiques en tous genres, une phrase de François Mitterrand nous vient à l’esprit : “L’économie c’est simple. C’est deux colonnes : une colonne dépenses et une colonne recettes. N’importe quelle ménagère vous le dirait.” Surfant sur ce postulat, le dernier Argus des communes 2023, outil en ligne (https://arguscommunes.touscontribuables.org/commune/), accessible à tout un chacun (il suffit de renseigner une adresse courriel et un patronyme pour y avoir accès), proposé depuis 2012 par l’association parisienne Contribuables associés (laquelle comme son nom l’indique, réunit des censitaires), évalue les 34 952 communes françaises selon son niveau de dépenses de fonctionnement et sa santé financière, en comparaison avec les municipalités de même taille. « Votre maire est-il économe des deniers publics? », titre l’instrument qui s’appuie pour répondre à l’interrogation sur, selon son indication comme à l’école, une note de dépenses de la commune. ainsi qu’une note de santé. Cela peut faire songer à un système de mouchardage, mais l’association,qui affirme avoir participé à la rédaction de plus de 65 propositions de loi et organisé une soixantaine de réunions de travail avec les députés, justifie l’intérêt de sa démarche : « pour juger et contrôler l’action des élus (…), réduire autant que possible les dépenses publiques, (car) les dépenses d’aujourd’hui sont les impôts de demain et la dette d’après-demain ». Explicitant que « chaque euro dépensé par un maire est un euro payé par un contribuable. (…) Vous pouvez désormais surveiller les dépenses de votre municipalité et solliciter votre élu pour qu’il réajuste le budget de votre ville.” Dans cette liste, entre “Big Brother is watching you”, bons élèves et mauvais pères de familles, tout le monde n’y figure pas. Si l’on prend la seule région Centre-Val de Loire, concernant le Loir-et-Cher, certaines villes sont pointées d’un clic, en fonction de l’analyse par ces contribuables singuliers de données correspondant aux dernières publications (2021) de la Direction générale des collectivités locales et du Ministère de l’économie et des finances. Youpi ou bien aïe, aïe, aïe; pêle-mêle, les derniers résultats lus : « Blois : très mauvais; Salbris : très mauvais; Romorantin-Lanthenay : très mauvais; Selles-sur-Cher : très mauvais; Vendôme : passable ; Lamotte-Beuvron : très mauvais; Vineuil : passable ; Saint-Laurent-Nouan : médiocre; Mer : mauvais ; La Chaussée-Saint-Victor : médiocre. » D’après les items, si nous déroulons par exemple, le détail de la mauvaise appréciation pour Blois, il est indiqué une note de 5,6 sur 20 s’agissant de ses dépenses de fonctionnement chiffrées à 1 366, 80 euros par habitant (somme des dépenses engagées pour produire tous les services courants (écoles, crèches, déchets, voirie, etc.)), contre 1 160,40 € par habitant, suivant la médiane des communes de même taille ; 5,8 sur 20 quant à sa santé financière (ratios de pression fiscale, d’auto-financement, d’endettement et de coûts fixes). Idem pour le Loiret, le Cher et l’Indre, etc. Toujours en consultant cet Argus, dans ses tops et flops, figurent Olivet (45; 16,8 sur 20) et Saint-Avertin (37; 15/20) parmi les communes les plus économes et vigoureuses, tandis qu’Issoudun (36) est juste qualifiée de vigoureuse (18/20). A contrario, Vierzon (18) est identifiée dans les communes les plus fragiles (5,7/20),pendant que Saran (45) est jugée dépensière (2/20). Etc. Les cas d’espèces peuvent se multiplier ainsi à l’infini. Et après ? Cela fait une belle jambe citoyenne. Cette notation rappelle de fait, si on l’avait oublié, que ce qui vaut pour la ménagère vaut également pour les maires qui sont eux aussi de simples mortels. Les esprits chafouins s’écrieront alors : “comparez avant d’aller voter”. Mais il faut attendre 2026 pour ce scrutin… Et autant de grains à moudre pour surtout alimenter le moulin des oppositions d’ici l’échéance, lors de prochains conseils municipaux !
Émilie Rencien