Blois – Rendez-vous de l’histoire


Des conférences, des images puissantes… et aussi, des auteurs

EVENEMENT Plantu va croquer Blois ! Le fameux dessinateur de presse présidera les Rendez-vous de l’histoire de Blois du 10 au 14 octobre. Un coup de crayon affûté au service de la puissance des images, thème retenu pour cette 21e édition. Il y aura aussi des livres à lire. Pourquoi pas celui de Pascal Chabaud, paru aux éditions de Borée ? L’intéressé sera à Blois le 14 octobre. Interview.


Votre roman, « Mort d’un sénateur », se déroule en juillet 1940. Pourquoi cette période ?
L’été 1940 est celui du chaos. Attaque surprise de l’armée allemande, défaite de l’armée française, invasion du territoire, exode massif des civils, fuite du gouvernement… Situation incontrôlable, terrifiante, où tout est possible.
Êtes-vous historien ou romancier ?
J’enseigne l’histoire depuis plus de trente ans, et Mort d’un sénateur est mon premier roman… Et j’ai voulu faire de l’Histoire autrement -: montrer que les contraintes imposées par la situation déterminent le quotidien des hommes et des femmes de ce temps.
Au-delà du polar, vous décrivez une ambiance, bien différente en Auvergne et à Paris.
Le roman policier historique est un prétexte à montrer cette ambiance : alors que les Allemands sont restés une semaine à Clermont, ils bouleversent les repères géographiques et sociaux des Parisiens par leur présence continuelle : les panneaux indicateurs donnent des informations illisibles aux Français et Montmartre est envahi de touristes en uniforme.

Un des « personnages » est un véhicule révolutionnaire…
J’ai découvert le projet TPV en cherchant comment lier Michelin à mon récit. L’ancêtre de la 2 CV est mis au point dès 1938 par les ingénieurs de Citroën – alors sous contrôle du manufacturier – qui dissimulent les prototypes dans une grange de Normandie. Prototypes retrouvés par hasard en 1968 !


AGENDA ▶
Les auteurs Marivole et de Borée à découvrir à Blois
Sur le stand de la librairie Labbé, il ne faudra pas manquer :
• Michèle Dassas, vendredi 12 octobre, 10h-19h30.
• René Bruneau, vendredi 12 octobre et samedi 13 octobre, 10h-19h30; dimanche 14 octobre, 10h-18h30.
• Patrick Cavenair, samedi 13 octobre, 10h-18h30.
• Pascal Chabaud, dimanche 14 octobre, 10h-18h30.


PORTRAIT ▶ Plantu à Blois !
Avec l’avènement de la télévision puis d’internet, l’image est devenue un vecteur de communication d’importance. Plus forte que les mots ? Non sans travers. A l’heure de la manipulation et des « fake news », ce n’est donc pas un hasard si les Rendez-vous de l’histoire de Blois ont choisi de converser et débattre cet automne 2018 autour d’une thématique en résonance avec les turpitudes du monde actuel, à savoir la puissance des images. une nouvelle fois, des moments riches de sens s’annoncent à Blois du 10 au 14 octobre, dans différents lieux de la ville (Halle aux grains, château royal, Jeu de Paume, Lobis, etc.). Avec, au menu, des conférences, un salon du livre, des cartes blanches (dont une à ne pas manquer, « La photographie, un outil de la fabrique patrimoniale », samedi 13 octobre à la bibliothèque Abbé-Grégoire, modérée par la photographe du patrimoine, Vanessa Lamorlette-Pingard), des cycles cinéma… Egalement, du beau monde est attendu comme à l’accoutumée, lors de cette grande université populaire : Erik Orsenna, Michel Pastoureau, Nancy Huston, Alain Mabanckou, Pierre Schoeller, Christiana Taubira, Pierre Kroll, Michel Kichka… Sans oublier un président de renom. Plantu. Est-il nécessaire de présenter celui qui laisse libre court à sa créativité, d’un coup de mine de crayon avisé (d’un mouvement de doigt sur une tablette désormais), dans les pages du Monde depuis 1972, fondateur de l’association de dessinateurs de presse engagés, « Cartooning for Peace » ? « Je suis un fidèle des Rendez-vous de l’histoire, je m’y déplace régulièrement, alors évidemment, je suis content de venir dans votre région, » confie l’artiste. « Vous savez, j’étais un piètre élève au lycée Henri IV à Paris. J’adorais mes profs mais ils n’adoraient pas mes copies ! Je n’adorais que la petite histoire dans l’Histoire. Quand je voyais l’enlèvement des Sabines, je ne savais pas pourquoi elles avaient été enlevées, je ne voyais que celle qui figurait à poil au premier rang et j’aimais bien sa poitrine… (Rires) J’avais toujours 6 ou 8 sur 20, et je ne rêvais que grâce aux images. Mais pour autant, sans les mots, le dessinateur n’est pas grand-chose. Quelle chance de partager des émotions ou une conviction ! Je me nourris de ce que disent les journalistes, de mes nombreux déplacements, de mes interventions dans les écoles. Nous viendrons dans les écoles à Blois d’ailleurs. L’autre jour, des jeunes de 12 ans m’ont interpellé avec ces phrases : « tes copains sont morts, c’est bien fait » ou encore « pourquoi tu dessines des barbus ? Fais-nous des papillons ! ». Et je leur réponds : « et la liberté d’expression ? » Le boulot du dessinateur est de traduire. Je martèle aux jeunes d’écouter leurs profs, de comprendre notre histoire passée; sinon, on ne peut pas saisir l’histoire actuelle. C’est la jeunesse qui va prochainement être aux manettes de la démocratie et cette démocratie ne doit pas s’endormir. Il faut un peu la secouer. Nous sommes dans une époque d’interdits, alors il faut débattre plus que jamais…»
E. Rencien
www.rdv-histoire.com